mercredi 30 novembre 2011

Dynamique émergente sous-régionale : l’atout d’un premier ministre du Nord (1ère Partie)

 Ce dossier spécial "Qui sont les vrais amis d'Ali Bongo" nous a été offert par la direction de la publication de l'hebdomadaire gabonais "Le Mbandja".    

Émergence. La plupart des pays de l’Afrique centrale, notamment ceux de la CEMAC (Communauté Économique et Monétaire d’Afrique Centrale), se sont engagés dans une dynamique politique qualifiée d’émergence par chacun de leur chef d’Etat.  Ali Bongo Ondimba, fut le premier en Afrique Centrale à accéder à la tête de son pays sur ce programme de société au Gabon, le 30 août 2009. Puis, ce fut le tour du chef d’Etat équato-guinéen, TéodoroObiangNguemaMbasogo, nouvel émir pétrolier d’Afrique centrale, lors de l’élection du 29 novembre 2009. Ensuite, vint Idriss DébyItno, réélu le 21 avril 2010, président du Tchad, nouveau pays pétrolier. Et enfin, le sphinx d’Afrique centrale, l’insondable Paul Biya bi Mvondo, dont l’élection contestée du 09 octobre 2011 vient à l’issue d’une campagne battue sous le sceau de l’émergence.

Pour une rare fois, - et il faut s’en féliciter -, nos chefs d’Etat semblent parler à l’unisson. Chacun individuellement prône l’émergence de son pays. Mais une émergence circonscrite aux seules frontières de ces Etats garantit-elle l’émergence collective de la sous-région ? Rien n’est moins sûr. En effet, cette vision politique, présentée et expliquée aux populations lors des joutes électorales présidentielles, s’inscrit exclusivement dans le cadre de chaque Etat. Après la Tunisie, les îles Maurice et dans une moindre mesure le royaume chérifien, certains pays de la CEMAC veulent faire leur entrée dans le club select et restreint, bien qu’ouvert à tous, des pays émergents d’Afrique.

Le discours politique, quelque soit le pays par ailleurs, est toujours le même : se doter d’un substratum indispensable à tout décollage économique. Sur le plan politique, il faut garantir et renforcer l’Etat de droit en affermissant les institutions constitutionnelles, gages de démocratie; développer un cadre législatif et réglementaire suffisamment attractif pour susciter l’intérêt des investisseurs étrangers et des bailleurs de fonds. Sur le plan économique, il importe de réaliser des infrastructures de base pour rattraper le retard abyssal qui, naturellement, maintient nos pays africains dans la catégorie des PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) ou des PRI (Pays à Revenus Intermédiaires). Ainsi, routes, écoles, hôpitaux, structures de production d’énergie et télécommunications sont devenus des préalables incontournables à réaliser pour bâtir le socle, la fondation de toute politique nationale qui a pour objectif l’Emergence.

On le voit aisément, si le corpus émergence semble commun aux rhétoriques politiques du Cameroun, du Gabon, de la Guinée-équatoriale et du Tchad, il reste que des différences de forme subsistent car inhérentes au contexte national de chaque pays. Ali veut faire du Gabon, un pays émergent à l’horizon 2030. Pour Téodoro, l’année 2025 convient parfaitement. Si pour Paul 2035 est l’année idéale, pour Idriss, l’année 2020 est la bonne échéance. Ces différentes dates-butoir tiennent dans un mouchoir de poche. Sont-elles réalistes ? Nul ne le sait, à l’exception de ceux qui les avancent avec force arguments. 

Devant cette noble ambition politique, chaque citoyen centro-africain est partagé entre le sentiment de croire une fois de plus aux belles paroles politiques et d’engager son énergie à la réalisation de cet objectif, ou d’opter pour un scepticisme inhibiteur à toute action qui aurait pu contribuer à la satisfaction de cet idéal. Mais, pour notre mère l’Afrique, soyons donc optimistes et projetons-nous dans une perspective volontariste de prendre le destin de nos Etats en apportant nos contributions significatives à la politique d’émergence clamée par nos différents chefs d’Etat de l’Afrique centrale. Parce que nous voulons également être pragmatiques et constructifs, deux pays à vision émergente, méritent toute notre attention : le Cameroun et la Guinée-équatoriale.

Les relations entre le Gabon et le Cameroun n’ont jamais atteint le niveau de qualité satisfaisant que l’on est en droit d’attendre de la part de deux pays frontaliers. Cette insuffisance relationnelle est tributaire des rapports qu’entretenaient Omar Bongo Ondimba et Paul Biya bi Mvondo. Ce dernier, devenu chef de l’Etat du Cameroun le 06 novembre 1982, après avoir été le dauphin docile du président Ahmadou Ahidjo qui démissionna le 04 novembre de la même année, ne s’est jamais remis de la tentative de coup d’Etat du 06 avril 1984 perpétrée par Ahidjo, réfugié en France,  avec la complicité discrète mais avérée du maître de Libreville de l’époque.Pendant près d’une semaine des combats opposèrent l’armée, restée fidèle, à la garde présidentielle, composée d’hommes du Nord proches d’Ahidjo. Les mutins de la garde présidentielle, qui essayèrent de prendre le pouvoir à Yaoundé, furenttous exécutés. 

Ce dramatique épisode de la vie politique camerounaise explique, peut-être, le refus obstiné de Biya de voir les restes d’Ahidjo, décédé le 30 novembre 1989 au Sénégal et enterré à Dakar, reposer en terre camerounaise, de même qu’il traduit l’état d’esprit de l’actuel maître de Yaoundé à l’endroit d’Omar Bongo Ondimba de son vivant. Cette méfiance permanente, mouillée de rancœur voire de rancune à l’égard du fils de Basile Ondimba, ne s’est jamais estompée dans l’esprit de Paul Biya. Elle inspirera souvent son attitude vis-à-vis du président gabonais qui conspira secrètement contre lui. Car, malgré la forte communauté camerounaise présente au Gabon, Paul Biya mettra très rarement les pieds dans ce pays, préférant déléguer à loisir le Président du Conseil Economique et Social pour le représenter lors de cérémonies ou manifestations internationales qui se tiennent en terre gabonaise.

En outre, relevons que l’activisme diplomatique bongomarien qui recherchait à l’évidence un leadership politique dans la sous-région a toujours eu le chic d’agacer l’homme fort de Yaoundé qui était bien conscient du poids considérable de son pays qui fournit, à lui tout seul, près de 40% du PIB (Produit Intérieur Brut) de la sous-région. Cette puissance économique incontestable justifiait, peut-être aux yeux du sphinx de Yaoundé, de ne pas trop en faire diplomatiquement au risque de frustrer ses pairs en mal de reconnaissance internationale. Sa nature discrète et renfermée aidant, Paul Biya créa une distance stratégique entre lui et Omar Bongo Ondimba. Cette distance se répercuta incidemment sur les relations camerouno-gabonaises.

Aujourd’hui, à l’heure où les deux pays s’engagent résolument dans la voie de l’émergence et où les rapports se sont quelque peu réchauffés – surtout vers la fin du règne d’Omar Bongo-, il apparaît capital de reconsidérer les rapports camerouno-gabonais en développant un axe fort Libreville-Yaoundé dans l’intérêt supérieur des deux nations. Des signes politiques forts le laissent supposer : la présence du président Paul Biya à l’impressionnant défilé militaire du 17 août 2010 (7.000 hommes et 700 véhicules) à l’occasion du cinquantenaire organisé par Ali Bongo Ondimba. La même présence, un an plus tôt lors du décès du chef de l’Etat gabonais, Omar Bongo Ondimba. La première visite que le président Ali Bongo Ondimba effectuera, après le scrutin du 30 août 2009 et avant l’investiture du 16 octobre 2009, sera réservée au Sphinx de Yaoundé, au Cameroun, comme pour témoigner de la nature des nouveaux rapports plus étroits qui doivent maintenant avoir cours entre les deux chefs d’Etat.

Ce réchauffement diplomatique doit être maintenu et renforcé pour l’intérêt des deux pays. Basée sur des codes extrêmement rigoureux, la relation diplomatique entre Etats souverains se nourrit des intérêts réciproques, et surtout … des affinités personnelles ! Souvenons-nous, à cet effet, qu’au plus fort de l’axe Libreville-Brazzaville, il existait une complicité quasi-fusionnelle entre Denis Sassou-Nguesso du Congo et Omar Bongo du Gabon.  Le socle de cette complicité fut Edith-Lucie, fille du président congolais et épouse du président gabonais. Cet axe Libreville-Brazzaville fut hautement stratégique dans la chute du régime démocratique du professeur-président Pascal Lissouba, le 15 octobre 1997, et où la femme du président gabonais joua un rôle déterminant dans le retour au pouvoir de son père.

Bien entendu, il ne s’agit pas ici de proposer la ravissante fille, Anastasie Brenda Biya Eyenga, du maître de Yaoundé, en mariage au chef de l’Etat gabonais, ce qui par-dessus tout ne serait pas du goût de Sylvia Bongo Ondimba, convertie irréductiblement à la monogamie, mais plutôt de mettre en exergue le capital affinité personnelle dans la balance des relations diplomatiques entre deux pays. Vue sous cet angle, la nomination d’un premier ministre issu de la province du nord du Gabon présente un atout indéniable à faire valoir dans la balance.   Atout en capital humain qui participera à rendre plus fluides et confiants les rapports entre les deux chefs d’Etat. 

S’il est vrai que géographiquement la province du Woleu-Ntem est un passage obligé pour qui veut joindre par la route les deux capitales Libreville et Yaoundé, il est tout aussi vrai qu’il existe une proximité historico-socio-culturelle entre la province nord du Gabon et la région sud du Cameroun d’où est issu Paul Biya. Nous affirmons qu’en dehors des éléments rationnels et objectifs qui sous-tendent toute diplomatie nationale, et doivent justifier la nouvelle collaboration bilatérale émergente entre les deux pays, il est judicieux de prendre en considération les éléments subjectifs pertinents portés par la personne du premier ministre issu du septentrion qui jouera un rôle charnière fondamental en maintenant un climat de confiance et de compréhension mutuelle entre les deux hommes d’Etat. 

La langue vernaculaire, la culture et l’histoire qu’il a en partage avec l’homme fort de Yaoundé demeurent des critères qui ont tout leur sens dans une stratégie diplomatique offensive. Au-delà même de la fonction, la personne et la personnalité du premier ministre seront déterminantes dans la synergie des politiques camerounaise et gabonaise à mettre en œuvre une dynamique émergente sous-régionale.

A suivre... 

1 commentaire:

  1. Bonne réflexion, mais un peu de precision sur les douloureuses relations qu'entre tenaient OBO et BYA. T as decide d'en parler, dit la verite.
    Sinon continue ta réflexion pouvant aboutir a un premier ministre nordiste.

    Il y a de nombreuses hypothèses

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