vendredi 18 novembre 2011

Qui sont les vrais amis d'Ali Bongo?: Le temps de la vérité (1ère Partie)

Ce dossier spécial "Qui sont les vrais amis d'Ali Bongo" nous a été offert par la direction de la publication de l'hebdomadaire gabonais "Le Mbandja".

Que se soit sur le plan amical, professionnel ou politique, Ali Bongo Ondimba a toujours eu pour compagnon de route et de confiance des hommes issus du Nord du Gabon. Une manière claire de dire que la dynamique anti-fang du Nord soutenue et entretenue par certains cadres de notre pays n’a jamais été portée par le Président de la République.

On peut d’ailleurs aisément citer Jimmy Ondo Ndong avec qui, le fils d’Albert Bernard Bongo, dans un cadre musical, a fait connaître au monde entier ses talents d’artiste et sa passion pour la musique. Ce dernier étant bien originaire d’Oyem, ville situé au Nord du Gabon. Puis, dans son parcours politique, il s’était lié d’amitié avec André Claude Mba Obame, dont les frontières de la relation amicale avaient connu le bonheur de la fraternité. Celui-ci étant issu de Medouneu, ville du Nord du Gabon, comme Oyem.

Enfin, dans son périple professionnel, Ali Bongo Ondimba n’a pas hésité à placer l’homme qu’il faut, à la place qu’il faut en faisant de Gervais Oniane, un conseiller stratégique au ministère de la Défense, en nommant le général d’armée Ella Ekogha comme chef d’Etat major de l’armée à une période politique extrêmement sensible et en positionnant François Engongah Owono, secrétaire général de la présidence  de la République.

Rappelons  néanmoins que ces postes dits « juteux et stratégiques » avaient toujours été réservés aux « ethnies privilégiées » de notre pays. Un changement des manières de faire qui venait briser radicalement les formules anciennes presque établies en mode de pensées.

La sympathie affichée et la proximité préférée par le Chef de l’Etat pour certains gabonais du Woleu-Ntem trouve une forme de justification dans le rejet humiliant qu’ont toujours exprimé à son égard un grand nombre de cadres de sa province d’origine et le mépris de sa personne par un grand nombre de cadres du Gabon. D’ailleurs, ces situations ont été amplifiées et légitimées par l’image que certains membres de  la famille présidentielle lui offraient en public : un citoyen venu d’ailleurs. Il suffit de revisiter l’émission télévisée qu’eurent Ali Bongo Ondimba et sa mère pour justifier ses origines à la veille du décès d’Omar Bongo Ondimba.

Voici que l’élection présidentielle d’août 2009 vint brutalement opérer une fracture des relations établies. Et ce, à la grande joie et à l’amplification exagérée des « opportunistes » qui hier étaient les ennemis d’Ali Bongo Ondimba. Très vite André Mba Obame a été transformé par les « néo » amis du candidat président comme étant le représentant de toute la communauté fang. Ignorant ainsi le  soutien visible apporté par Jean François Ntoutoume Emane, Emmanuel Nze Bekale, François Engongah Owono, René Ndemezogo’Obiang et un grand nombre de cadres fang.

C’est dire que, pour des raisons stratégiques et opportunistes, une diabolisation des fang du Woleu-Ntem continue de faire son petit chemin au détriment de la vérité et de la nécessité d’une forte unité dans notre pays. Ceux qui jadis étaient les amis d’Ali Bongo Ondimba ont été très vite transformés en adversaires voire en menaces quand ceux qui ne cachaient pas leur antipathie pour le fils de Joséphine Dabany sont par enchantement devenus ses amis. Cependant, nul n’ignore que cette transformation étrange n’est motivée que par le besoin pour certains de préserver leurs intérêts personnels.

La fracture constatée ne cesse de prendre de l’importance car elle régit actuellement la vie politique de notre pays et partant, celle du président de la république qui n’a pas hésité à se tourner vers des citoyens gabonais venus d’ailleurs : français, béninois, somaliens, sénégalais, maliens,…

Ce choix regretté par de nombreux compatriotes, surtout les théoriciens opportunistes du « Tous Sauf les Fang », semble démontrer que le Chef de l’Etat n’a pas beaucoup confiance en ses « nouveaux » amis (ennemis d’hier) qui ont quand même brillé dans la corruption et l’incompétence dans la gestion de l’Etat. Cette mauvaise gouvernance dont Ali Bongo Ondimba détient également sa part de responsabilité. Déjà, par solidarité gouvernementale puis de par son statut familial.

L’idéologie suicidaire, « Tous Sauf les Fang », qui a prévalu durant l’élection présidentielle ne pouvait offrir une autre alternative au plus grand nombre de la communauté fang que celle de se retrancher derrière un des leurs au détriment de critères de choix objectifs basés sur la pertinence des profils politiques et des projets de société en présence.

Ainsi, le bloc anti-fang, comprenant en son sein certains leaders fang, ne se prive pas de surfer sur les « derniers résultats électoraux légitimes » selon le contexte en pays fang (Woleu-Ntem – Ogooué Ivindo et Estuaire) pour justifier la mise à l’écart des fang du Woleu-Ntem de l’exercice du pouvoir aux côtés du Président de la République espérant récolter la mise comme du temps d’Omar Bongo Ondimba.

C’est pourquoi, il n’est pas impertinent de rappeler à certains chantres du « Tous sauf les fang du Nord » engraissés grossièrement par l’actuel premier ministre, Paul Biyoghe Mba, que le candidat président Ali Bongo Ondimba a été battu à plate couture à Bikele dans son fief qui comprend pourtant un corps électoral peu nombreux donc plus facile à couvrir et à convaincre. Il est donc souhaitable de ne pas diversifier à foison les théories visant à diaboliser nos compatriotes appartenant à l’ethnie fang. Et comme aime à le dire le président de la République : « le Gabon est notre pays à tous, et chacun y a sa place ».

Cette invite à l’unité et au rassemblement démontre la volonté d’Ali Bongo Ondimba d’accroître sa légitimité dans tout le Gabon et de classer définitivement l’élection présidentielle derrière nous comme il avait su le dire  lors de son discours à Makokou.

Pour ce qui est de sa quête de légitimité, nous constatons que malgré les innombrables œuvres appréciables  réalisées par le chef de l’Etat en deux ans, chantiers et réformes divers, la mayonnaise politique ne prend pas. Pour le plus grand nombre, cet échec de notoriété semble être justifié non pas par le peu d’intérêt des populations aux actions nécessaires posées mais uniquement par l’omnipotence et l’omniprésence insolente des collaborateurs du président de la République issus de l’immigration. Ces derniers ne bénéficiant d’aucune assisse populaire et politique ne peuvent par conséquent lui garantir une popularité politique dont il a en fait réellement besoin pour présenter et vendre ses réalisations.

En d’autres mots, combien d’électeurs les gabonais issus de l’immigration peuvent apporter à Ali Bongo Ondimba? Ou quelle part de leur légitimité peuvent-ils transférer au Chef de l’Etat ?

Cette situation inquiétante nous amène à mettre en lumière le risque énorme que prend le Président de la République en se coupant de la base populaire et en éloignant d’un certain nombre de dossiers sensibles, une bonne frange de cadres compétents de la nation. Surtout s’il compte gagner la bataille des législatives de 2011 et la présidentielle de 2016.

En d’autres mots, qui doivent désormais être les collaborateurs immédiats et les « vrais amis » d’Ali Bongo Ondimba ? Puis, comment traduire positivement le bilan des actes posés ?

Olivier Kouka

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