vendredi 11 novembre 2011

Quel avenir politique pour le Gabon sans Pierre Mamboundou Mamboundou? (3 ème Partie)

Parmi les solutions envisageables, le chef de l’Etat peut déjà remettre en place les piliers qui avaient permis à Omar Bongo Ondimba d’assurer la stabilité dans notre pays et la pérennité de son pouvoir. Le défunt président avait misé sur sa famille, son clan, sa province, ses amis dans tout le Gabon et ses réseaux internationaux qui ne souffraient d’aucune faille. Or actuellement, ces différents éléments qui avaient fortement contribué à accompagner son successeur à la magistrature suprême sont complètement en lambeau.

C’est dire qu’il n’est pas garanti que la majorité soit accordée automatiquement au pouvoir en place malgré les nombreuses réalisations qui foisonnent un peu partout dans notre pays. En plus, il faut dire que nous n’aurons pas droit, comme en 2009, à un vote ethnique car les différents candidats aux législatives appartiennent le plus souvent à la même région voire au même village. Autrement dit, notre majorité ne peut pas avoir saccagé ce qui faisait sa force en espérant « imposer » une traversée du désert de sept ans à des hommes qui n’ont connu que les ores de la République sous Omar Bongo Ondimba.

Face à cette situation, un clash politique semble de moins en moins inévitable. Et il n’est pas moins sûr que la fameuse jurisprudence Moubarak ou Ben Ali, qui furent pourtant « élus » par leurs peuples, ne puisse faire école au Gabon. Et le fameux « repli identitaire ou nationaliste» qui pouvait nous servir de barrière de sécurité face à une quelconque impressionnante turbulence politique semble également impuissant du fait de la prédominance « des gabonais issus de l’immigration » à des postes les plus juteux de la République au grand mécontentement de nombreux nationaux de souche.

De ce constat établi, Pierre Mamboundou demeurait le véritable tampon politique de notre pays. Non seulement il diluait les ardeurs virulentes voire violentes de l’opposition « dure » en brandissant ses 25,64% de la présidentielle de 2009 en même temps qu’il misait sur sa quasi virginité politique, lui qui ne traînait pas de véritables casseroles en dehors des inventions non vérifiées pondues par ses adversaires pour le discréditer.

Sa disparition laisse augurer des lendemains assez troubles sauf si le chef de l’Etat prend le courage de scier la branche politique sur laquelle André Mba Obame semble paisiblement assis avec la bénédiction de Paul Biyoghe Mba qui entend mettre en place son propre programme : l’éternité à la primature.

En effet, dans les différentes configurations politiques qu’il fallait éviter, il ne fallut pas que plus de trois villes importantes de notre pays soient totalement acquises à l’opposition « dure » ou « molle ». Or, Pierre Mamboundou temporisait la Ngounié et l’Ogooué Maritime. N’étant plus là et sans laisser véritablement de successeur, il faut dire que les brebis  se retrouvent sans maître et au grand bénéfice d’un potentiel désordre.

Puis, en se basant sur les résultats de la présidentielle d’août 2009, le Woleu-Ntem semble avoir penché pour André Mba Obame. Ajoutons que les manœuvres démasquées de Paul Biyoghe Mba, de toujours marginaliser le Nord, contribuent à enraciner l’adversaire d’Ali Bongo Ondimba dans cette région du Gabon quand on sait que bien qu’étant déjà premier ministre, il a été incapable de faire gagner le candidat président dans sa petite localité de Bikélé qui compte à peine deux cents personnes.

Enfin, il y a la province du Haut Ogooué qui demeure la grande perdante des nouveaux choix opérés par les nouveaux tenants du pouvoir. Les différents et nombreux cadres de cette province avaient fortement misé sur le candidat du PDG en espérant jouir des faveurs toujours obtenues, quelques fois injustement, sous l’ère d’Omar Bongo Ondimba. Aussi, les chamboulements de ces manières de faire font que leur mobilisation n’est plus totalement évidente ou acquise.

Et la province de l’Estuaire qui représente le mélange de toutes les régions du Gabon n’est pas véritablement acquise à la majorité. Bien au contraire, si on additionne tous les pourcentages de l’opposition, notre majorité se retrouve en forte minorité. C’est dire que la politique de toujours avoir les premiers ministres issus de l’Estuaire a failli. D’ailleurs aujourd’hui, deux d’entre eux font partie de la branche la plus dure de l’opposition. Ce qui anéantit les faibles influences de l’actuel premier ministre dans l’Estuaire.

De ces équations présentées, nous pouvons dire que la disparition de Pierre Mamboundou qui ne pesait pourtant plus qu’un lopin d’électeurs invite néanmoins le danger aux portes de la majorité. Et ce mauvais vent qui arrive à la vitesse « grand V » s’est nourri des fameuses erreurs de casting jadis dénoncées par le chef de l’Etat lui-même, ainsi que des mauvaises stratégies de communication et d’agilité politique.

Avec la communauté internationale qui a les yeux rivés sur le Gabon, les leaders des puissances mondiales inquiétés par leur réélection, les réseaux bien aiguisés de la société civile gabonaise, les nombreuses alertes stratégiques orchestrées par l’opposition gabonaise, les innombrables théories de politique politicienne de Paul Biyoghe Mba, le cas de crise en Côte d’Ivoire et le printemps arabe, les positions claires du pouvoir français, mais surtout la disparition de Pierre Mamboundou, notre pays a réellement de quoi s’inquiéter si les élections législatives venaient à mal se passer.

Par Télesphore OBAME NGOMO

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