lundi 28 novembre 2011

Dossier Spécial: Faut-il avoir peur des Fang du Nord? (2ème Partie)

Ce dossier spécial "Qui sont les vrais amis d'Ali Bongo" nous a été offert par la direction de la publication de l'hebdomadaire gabonais "Le Mbandja".  Fin du chapitre 5 


1956 : La loi n° 56-619 du 23 juin 1956, dite loi-cadre Defferre créait d’une part les Conseils de gouvernement élus au suffrage universel pour une plus grande autonomie de l’exécutif local, et d’autre part le collège unique. Lors de cette même année, Jean-Hilaire Aubame Eyeghe, premier  député pour le compte du Gabon à l’Assemblée nationale française, fut réélu tandis que Léon Mba Minko accèda l’année suivante en 1957 au poste de vice-président du Conseil de gouvernement.

1958 : Le général Charles de Gaulle organisa le 28 septembre 1958 pour l’Afrique francophone le référendum devant consacrer « la communauté française ». L’histoire retiendra que Léon Mba Minko battit campagne pour le « oui » qui l’emporta.

1959 : Le poste de premier ministre fut créé pour la première fois au Gabon, et Léon Mba Minko fut le premier nommé à ce poste.

1960 : Alors qu’il était premier ministre, Léon Mba Minko, lors de son discours solennel de proclamation,  décréta l’indépendance du Gabon, le 17 août 1960.

1961 : Le 21 février 1961, Léon Mba Minko fut élu par ses pairs de l’Assemblée nationale, premier président de la République du Gabon.

1964 : Le coup d’Etat dans la nuit du 17 au 18 février 1964 renversa le président Léon Mba Minko dont l’autoritarisme devenait manifeste. Les Lieutenants Ndo, Essone et Mombo proposèrent à Jean-Hilaire Aubame Eyeghe, qui accepta, de prendre les rênes du pouvoir.

1968 : Le monopartisme fut instauré le 12 mars 1968 à Koulamoutou, dans l’Ogooué-Lolo et le PDG (Parti Démocratique Gabonais) devint le parti-état. Zacharie Myboto et Albert Bernard Bongo en furent les fondateurs, ils n’étaient pas de l’ethnie fang.

1971 : Germain Mba Nguema, ancien secrétaire général adjoint de l’UAM (Union Africaine et Malgache) de 1962 à 1964, membre de l’éphémère gouvernement d’Aubame Eyeghe au portefeuille de l’Intérieur (1964),  ancien ambassadeur en Allemagne et au Japon (1969), fut assassiné le 17 septembre 1971 par le mercenaire Bob Denard à la solde de la Françafrique. Ce fut le premier assassinat politique au Gabon.

1981 : Le MORENA (Mouvement de Redressement National) créé clandestinement par Simon Oyono Aba’a investit la rue le 01 décembre 1981 à la faveur de l’espoir mitterrandien. La tentative multipartiste étouffée dans l’œuf par une répression violente fut suivie de l’emprisonnement des leaders appréhendés.

1985 : Le 11 août 1985, un fils du Haut-Ogooué, le capitaine Alexandre Mandza Ngokouta fut exécuté pour tentative de coup d’Etat.

1990 : Neuf ans après les évènements de la gare routière, la conférence nationale se tint du 27 mars au 21 avril 1990. Elle fut présidée par Monseigneur Basile Mvé Engone. Et ce fut le technocrate Casimir Oye Mba, à l’instar de Nicéphore Solo au Benin, André Milongo au Congo Brazzaville et Alassane Dramane Ouattara en Côte d’Ivoire, qui fut nommé premier ministre du Gabon, le 03 mai 1990.

1993 : A l’issue de l’élection présidentielle du 05 décembre 1993, le régime du président Bongo fut sérieusement ébranlé par Mba Abessole, alors leader charismatique du MORENA des BUCHERONS. Les accords de Paris, signés en novembre 1994, scellèrent la paix des braves réclamée par Agondjo Okawe, leader du PGP (Parti Gabonais du Progrès).

1998 : Bongo Omar (66,55%) fut réélu au cours de l’élection présidentielle du 06 décembre 1998, Mamboundou Mamboundou Pierre (16,54%) vint en 2ème position, suivi de Mba Abessole Paul (13,41%).
2005 : Bongo Omar fut réélu au cours de la dernière élection présidentielle du 27 novembre 2005 à laquelle il prit part. Mamboundou Mamboundou Pierre vint à nouveau en 2ème position. Aucun candidat fang ne prit part à cette élection.

2009 : A la mort d’Omar Bongo Ondimba à Barcelone, en Espagne le 08 juin 2009, des élections présidentielles anticipées furent organisées le 30 août 2009 par la présidente de la République gabonaise qui assurait la transition, Rose Francine Rogombé. Ces élections furent marquées par un phénomène politico-social qualifié de repli identitaire et par l’actuel affrontement fratricide entre deux anciens amis : Ali Bongo Ondimba et André Mba Obame.

Les faits, disait Vladimir Ilitch Oulianov, plus connu sous le nom de Lénine, sont têtus. Faut-il encore le rappeler ici, sous la présidence fang de Léon Mba Minko, il n’y eut aucun génocide anti-belop perpétré par les Fang qui alors avaient le pouvoir suprême. Il n’y eut pas non plus une salle souterraine à la présidence de la République connue des seuls initiés Fang pour l’organisation d’agapes bacchanales anthropophages où la communauté fang se délecterait en secret de meilleurs morceaux de chair humaine de Belop tombés sous les coups des sauvages fang. Enfin, Il n’y eut pas de dictature oppressante.

Mais depuis la fin de la seconde guerre mondiale en 1945 jusqu’à nos jours, de nombreux Fang se sont illustrés dans l’intérêt supérieur de l’Etat du Gabon et des Gabonais eux-mêmes : le refus de la domination coloniale, la lutte pour l’indépendance du Gabon, le combat pour la réinstauration du multipartisme, le refus de mettre le pays à feu et à sang pour conquérir coûte que coûte le pouvoir, … sont autant d’actions et de comportements que des Fang ont posés et adoptés pour le bien de leur patrie. Certains ont payé de leur vie en prenant des risques alors qu’ils avaient une carrière politique très prometteuse au regard de leur curriculum vitae, d’autres ont vu leur ambition contrariée et définitivement perdue à cause de l’exil alors qu’ils disposaient d’importants atouts pour accéder à la magistrature suprême. Beaucoup ont été emprisonnés, maltraités et brisés parce qu’ils ont refusé la compromission et ont continué à revendiquer la liberté d’opinion et d’expression politique pour tous les Gabonais. C’est bien le lieu, ici, de rendre hommage à tous ces Fang qui se sont illustrés dignement dans l’histoire de notre pays, car ayant fait le pari sur leur vie de construire un Gabon meilleur, quoiqu’il leur en coûte. Et c’est une honte scandaleuse et de la pure et abjecte ingratitude que de voir leur mémoire souillée, chaque fois que des rengaines insensées et irrationnelles stipulent qu’il faut avoir peur des Fang ! 

On jette des pierres à l’arbre qui porte des fruits. Les Fang, plus que les autres ethnies du Gabon, sont continuellement stigmatisés, mis à l’index et ostracisés au motif qu’ils sont dangereux pour la nation gabonaise. Mais il faut bien un jour que les tenants du « Tous Sauf Fang » regroupés dans le bloc anti-fang national fassent la démonstration scientifique de leurs allégations gratuites. Que la preuve historique et culturelle soit objectivement brandie que les Fang représentent véritablement une menace pour le Gabon. La part de vérité historique les concernant a été présentée dans les lignes précédentes. La remise en cause de cette part de vérité, par les pourfendeurs anti-fang qui souhaitent relever le gant, doit emprunter la même démarche intellectuelle, non seulement de valorisation pour chaque date historique de notre pays le rôle des autres ethnies – qui paraissent meilleures que les Fang – mais également de situer, dans le temps et l’espace, les actes de barbarie (violence, cannibalisme, dictature, etc.) perpétrés par les Fang, particulièrement ceux du septentrion, dans la jeune histoire du Gabon.

Il semble trivial d’avance, que si cette laborieuse entreprise intellectuelle est réalisée par les tenants du TSF, l’on risque d’aboutir non pas à la question « faut-il avoir peur des Fang ? » mais plutôt à l’interrogation « peut-on se passer des Fang ?»  A la première question, les lignes précédentes on répondu non ! A la nouvelle interrogation, la réponse est également négative. Le Gabon ne doit pas avoir peur des Fang et ne peut se passer des Fang, particulièrement ceux du Woleu-Ntem. Car s’il veut émerger, le Gabon a besoin de tous ses fils et surtout de ceux qui ont fait la démonstration de leur amour patriotique, de leur courage républicain et de leur conviction profonde d’améliorer le sort de leurs concitoyens même s’ils doivent pour cela perdre leurs privilèges, et parfois même leur propre vie.

Finissons ce propos en rappelant que dans les années de colonisation (30, 40 et 50), peu après les années d’indépendance (1960) et avant le boom pétrolier de 1973, la production agricole rapportait près de 25% des recettes au budget de la colonie puis de l’Etat du Gabon. Est-il besoin de préciser ici que la province septentrionale était le haut lieu de cette réussite agro-économique et que de riches planteurs de café et de cacao étaient très prospères, construisaient leurs villages, élevaient leurs familles et s’offraient le luxe d’envoyer leurs jeunes enfants faire des études secondaires et universitaires en Europe ? Et ce sont d’ailleurs ces derniers qui furent les premiers cadres du Gabon issus de la province du Nord.

Ceci pour dire que le dynamisme du peuple fang, particulièrement du Nord, n’est plus à démontrer dans l’essor économique du Gabon. Il faut se souvenir que les Fang du Woleu-Ntem ont pu rendre jadis leur région prospère en étant hors de l’administration coloniale, et en n’ayant aucun accès aux puissants leviers financiers du pouvoir de l’Etat. 

Politiquement et économiquement, les Fang ont prouvé à suffisance, par le passé, leur capacité inaltérable d’agir et d’interagir sur le destin de la nation gabonaise sans mettre en péril l’Etat et ses fondements. Ils ne sont pas ces mythiques barbares sanguinaires et cannibales que l’on veut bien présenter au monde entier. Bien au contraire, ils se sont toujours posés en acteurs visionnaires et pragmatiques de la modernité et du développement du Gabon.
Pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui, à l’ère de l’Emergence ? Et pourquoi si un Fang du Woleu-Ntem venait, par la seule décision souveraine et discrétionnaire du Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, à accéder à la prestigieuse fonction de premier ministre de la République gabonaise, les Fang du Nord n’apporteraient pas – comme un seul homme -  leur soutien massif à la politique d’émergence du président de la République en mettant en exergue toutes leurs qualités reconnues et en sachant pertinemment qu’ils se savent observés, scrutés, et qu’ils jouent leur honneur et leur réputation. 

La responsabilité est lourde et exaltante, mais elle est parfaitement à la mesure du génie fang, particulièrement celui du Woleu-Ntem.

Ouadji-Djet ou Kenkénès, pharaon de la première dynastie


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