dimanche 27 novembre 2011

Dossier Spécial: Faut-il avoir peur des Fang du Nord?

Ce dossier spécial "Qui sont les vrais amis d'Ali Bongo" nous a été offert par la direction de la publication de l'hebdomadaire gabonais "Le Mbandja". 5ème Chapitre sur 8 
Un brillant penseur gabonais du 20ème siècle écrivit un livre au titre aussi évocateur que celui du présent article. Cette question-titre posée relève d’un fantasme imprimé historiquement dans l’inconscient collectif des citoyens gabonais non fang, affublés du terme Belop par les Fang eux-mêmes.

Mais d’où vient donc le fait qu’il faille avoir peur des Fang, et particulièrement ceux du Nord ? 

Cela viendrait-il de leur histoire et invasions guerrières ? Mais les Fang ne furent pourtant pas les seuls guerriers de l’histoire du Gabon et de l’Afrique centrale. Les Akele étaient de terribles guerriers. Et la ville de Fougamou (qui vient de fougouminane qui signifie envahir en gisir), dans la Ngounié, tient ce nom des invasions Akele. Le sous-groupe Bungome des Akele s’y était installé, puis a occupé les terres de Mbigou, Lebamba, Mimongo et Sindara, repoussant toujours plus loin les Eshira (Gisir) et les autres peuples autochtones. 

Un autre sous-groupe des Akele, Metombolo évolua quant à lui vers la zone de Lambaréné, dans le Moyen-Ogooué, et dans les lacs Ezanga, Onangue et Anengue. Le peuple Galwa, maître des lieux subit cette invasion des Akele et perdit des pans considérables de son territoire. Le quartier Nombakele à Libreville, dans l’Estuaire, veut dire « la montagne des Akele ». Ce qui prouve à suffisance qu’originaires de Mimongo dans la région montagneuse du sud du Gabon, les Akele, par les guerres d’invasion, se sont imposés aux autres peuples du Gabon et ont occupé leurs terres. Mais, au Gabon, a-t-on peur des Akele ?

Ce sont les mêmes Akele qui, arrivés dans la province de l’Estuaire, ont pratiqué des razzias et vendaient les prisonniers d’autres ethnies vaincues aux Mpongwè qui ensuite les revendaient à bon prix aux négriers européens installés sur les côtes de l’Estuaire.  Akele et Mpongwè ont participé consciemment à ce que l’on peut qualifier de pire ignominie de l’histoire de l’humanité : la traite négrière.  
Mais, au Gabon, a-t-on peur des Akele et des Mpongwè ?

Mais d’où vient donc qu’il faille avoir peur des Fang, et particulièrement ceux du Woleu-Ntem ? 

Serait-ce le fait qu’ils soient cannibales car de brillants ethnologues, tels Paul Belloni Du Chaillu, le rapportèrent dans leurs traités d’ethnologie sur le peuple fang ? Pourtant, Gunter Tessmann, illustre ethnologue allemand, dont on reconnait la rigueur, qui passa plus de temps avec les Fang, surtout ceux du Nord, ne fit jamais mention de cette information douteuse dans ses travaux scientifiques. Il faut dire, à ce propos, qu’il existe une école française de l’ethnologie du peuple fang où les chantres à l’instar de Victor, marquis de Compiègne, Marie-Théophile Griffon du Bellay, Pierre Alexandre, Jacques Binet, le révérend père Trilles, etc. ont, à quelques nuances près, laissé fortement supposer l’anthropophagie du peuple fang. 

Or, à la lecture des différents traités, il semble évident que les écrits de Du Chaillu, - premier à avoir écrit sur les Fang (1861) -, aient été repris par les tenants de l’école française.   Par ailleurs, il n’est pas inutile de préciser que cette école était aux ordres de l’empire colonial français qui apportait son soutien financier aux différentes expéditions équatoriales de ces explorateurs, missionnaires et ethnologues.  Il importait à l’empire colonial de connaître les us et traditions des peuples indigènes, surtout les plus rebelles à la domination coloniale. Dès lors, quel crédit scientifique peut-on raisonnablement accorder à certains traités d’ethnologie distillant savamment et perfidement des informations spécieuses quand les réels mobiles ont à l’évidence un caractère politique et économique ?

L’école allemande, moins connue des Gabonais francophones, a pour icône Gunter Tessmann dont les travaux plus crédibles, car rigoureusement plus objectifs, font autorité scientifique sur le plan mondial. L’œuvre encyclopédique « PANGWE » de l’ethnologue allemand traduite en français « FANG » par Philippe Laburthe-Tolra et Christianne Falgayrettes Leveau mérite le détour pour toute personne désireuse de s’instruire sur l’histoire et la culture du peuple fang, car il est sage de s’abreuver à plus d’une source.

Mais d’où vient encore qu’il faille avoir peur des Fang, et particulièrement ceux du septentrion ?  
Est-ce leur propension à l’autoritarisme, à la violence et à la dictature ? Pourtant, un Fang a déjà été président de la République du Gabon de 1960 à 1967. Léon Mba Minko n’instaura ni le monopartisme, ni la dictature soldatesque, ni l’assassinat politique pour réduire ses adversaires. Il est toutefois vrai, qu’il voulut un régime présidentiel plus fort et qu’il se préparait à instaurer le monopartisme lorsqu’il dissout l’Assemblée nationale le 21 janvier 1964. Il est tout aussi vrai qu’un autre Fang, Jean Hilaire Aubame Eyeghe, car il s’agit de lui, plus attaché à la démocratie parlementaire parce qu’ayant été député français lors de la IVème République en France, s’est toujours opposé au présidentialisme constitutionnel voulu par le président Léon Mba Minko. 

Un Fang autoritaire face à un Fang démocratique ! Mais, pourquoi toujours dire alors que (tous) les Fang sont des dictateurs ? Rappelons pour l’histoire que le seul président que le Gabon ait eu et qui pratiqua le monopartisme et régna sans partage ne fut pas fang.  Car, de 1967 à 1990, le seul parti-état fut le PDG et son fondateur, Albert Bernard Bongo était le président de la République. Privilège « dictatorial » que n’eut pas le premier président fang de la République gabonaise. Mais, au Gabon, dit-on que les Teke sont des dictateurs ? Et cependant, face à cette absence d’expression politique et de démocratie, un homme se leva en risquant sa vie pour la réinstauration du multipartisme au Gabon. Cet homme fut Oyono Aba’a Simon. C’était un Fang.  

Qui est dictateur finalement ?

Malgré ces faits historiques, beaucoup de frères Belop, même en 2011, continuent de penser qu’il faut avoir peur des Fang, et particulièrement ceux du Nord car ils sont violents, meurtriers, barbares et qu’ils sont des dictateurs en puissance. Mais, diantre ! Sur quels fondements historiques, socioculturels et même politiques cette angoisse, cette peur persistante s’appuie t-elle ? Peut être le temps est-il venu d’un grand débat rationnel sur la question des ethnies dans la construction de l’état-nation au Gabon. Ce débat salutaire, en ce début du IIIème millénaire, ne saurait plus être occulté ou mis sous le boisseau. 

Car, construire un Gabon émergent, comme l’appelle de ses vœux le Chef de l’Etat, c’est s’appuyer sur toutes les forces vives de la nation qui doivent être tournées vers cet objectif ambitieux. Mais comment se doter d’une dynamique unitaire interethnique dans l’intérêt supérieur du Gabon si les ethnies s’observent en chien de faïence, ne se découvrent pas et gardent irrationnellement des clichés péjoratifs qui sont les construits psychologiques d’une stratégie coloniale divisionniste mise en œuvre il y a deux siècles ? 

Il ne faut guère oublier que la France, la Belgique et les autres empires coloniaux occidentaux, sur la base des travaux ethnologiques orientés, ont pratiqué la division au sein des peuples indigènes pour mieux les dominer, les asservir et ayant ligoté ainsi les maîtres des lieux, ont pu s’adonner à la raison de leur présence en terre africaine : piller et exploiter les richesses des colonies pour la grandeur de l’empire. Cette formule machiavélique, mais ô combien efficace, exigeait que l’on opposa les Fang (groupe relativement majoritaire et contestataire à l’ordre colonial) aux autres ethnies du Gabon. Cette funeste formule montra son exacerbation au Rwanda où les Belges, plus d’un siècle après, virent les conséquences de leurs manœuvres, quand du 06 avril au 04 juillet 1994, Tutsi et Hutu s’entretuèrent.

Lorsque, un an avant le génocide, notre brillant penseur gabonais produisit le livre « Faut-il avoir peur des Fang ? De la démocratisation et de l'ethnisme au Gabon », Paris, Droit et Cultures no 26, 1993, il exprimait, cela s’entend, une préoccupation psychologique qui semble tenace, irrationnelle et inspire encore aujourd’hui les frères Belop dans leurs comportements à l’endroit des Fang.

Cependant, notre référence commune – l’histoire de notre pays – est riche d’enseignements et témoigne objectivement que les Fang ont contribué de manière significative à l’évolution du Gabon qui, de colonie française devint Etat indépendant. Et d’Etat indépendant se mua en Etat monopartite. Et d’Etat monopartite redevint Etat multipartite.  Les évènements qui sont livrés à présent, dans les lignes qui suivent, sont historiques et ont chacun un sens dans la mémoire des Gabonais.  Au cours de ces évènements, des Fang se sont illustrés pour l’intérêt de la nation. Jugez-en vous-même : (A suivre...)

Ouadji-Djet ou Kenkénès, pharaon de la première dynastie



4 commentaires:

  1. Je ne sais pas pourquoi il faut remonter plus loin à l'époque coloniale. Vous faites bien cependant de rappeler les faits. Et les faits, c'est qu'il faut d'être fiers d'être Fang. Il y a d'un côté ceux qui aiment le désordre et ceux qui s'y opposent. Il faut certes une dose de dictature pour faire avancer certains objectifs politiques mais il ne faut que cela devienne un objectif politique en soi ou système de gouvernance. Je compare aujourd'hui la Guinée-Equatoriale qui n'est pas un mode de démocratie certes mais où beaucoup de choses ont été réalisés pendant que nos Mollah du Gabon continuaient de piller le pays. A quoi a donc servi la dictature d'Omar Bongo et family. Il aurait pu profiter pour faire sauter certaines résistances. Il me semble que les fang soient les seuls à vouloir le bien du Gabon quelque soit la personne qui sera là mais à la seule condition qu'on respecte les règles de la démocratie parlementaire et la séparation des pouvoirs.Ils ne font pas une fixation sur l'ethnie d'une personne. En démocratie, c'est tout le monde qui gagne.

    Ce qui m'a le plus frappé c'est que certaines personnes qui pleurent aujourd'hui, originaires du sud, disaient qu' Ali était le moindre mal du Gabon par rapport à Mba Obame, que je ne connais même pas.Alors qu'ils voté pour PMM.

    Sur le sujet, il y a les travaux qui ont fait autorité et publiés par Catherine Vidrovitch.

    Ni les Punu ni les autres ne sont nullement responsables de cet état de choses au Gabon plus qu'ailleurs. Les raisons sont le fait que l'Etat-nation a été imposé partout en Afrique où on a mélangé les peuples aux cultures différentes. Mais je ne suis pas sur qu'un Etat Téké- Ombamba- Punu - Nzébi serait une démocratie pleine mais un chaos comme on peut le voir dans l'ex-Zaîre. Ou encore comme au Congo voisin qui a abouti à la terrible guerre entre les différentes factions rivales: Lissouba- Kolela- Sassou - Pasteur ; ou entre les Cobras, les Ninja, les Kocoi et autres bandes rivales. La seule personne qui ne s'est pas mêlé à cette fratricide est le peuple de Pointe-Noire: les vili. Un autre exemple est donné par le démembrement de l'UPG par les upgistes eux-mêmes comme si PMM n'a jamais existé. On l'accuse aussi d'avoir été dictateur quand il cherchait à maintenir la cohésion de son parti devant les corrupteurs du PDG.

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  2. Les Fangs sont
    Intelligents
    Intellectuels
    Obéissant
    Optimistes
    Progressistes
    Fraternel
    Sociables
    Droits

    Les autres ne peuvent que toujours voir ca en mal. Style Dictateur, les FANG du Nord Gabon ont construit par leurs mains leur imensens villages.

    Ils vivent mieux que tout autre peupe du Gabon,
    Personne ne pourra arreter ce peuple car ils ont une Histoire et une culture qui d'années en années se transmet de générations en générations.

    Le gabon est a tous et pour tous les gabonais
    Ceux qui critiquent les autres de part leur intelligence n'ont pas leur place.

    www.zuedebomame.over-blog.com
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    1. ce sont ces betises que vous racontez qui font que les gens vous trouvent ridicules en fait..

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  3. Le Gabon appartient à tous les gabonais. peu importe l'ethnie de chacun, peu importe sa langue, nous sommes tous Gabonais. Il n'y a aucune ethnie supérieur à l'autre, nous sommes tous au même niveau. Peu importe le nombre, nous sommes un seul peuple. Gabonais, je suis fière de l'être peu importe mon ethnie.

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