vendredi 17 juin 2011

Le successeur de Paul Biyoghe Mba commence à émerger


Dire que Paul Biyoghe Mba de Bikélé est en disgrâce avec le palais du bord de mer, se serait faire un abus de langage voire même une contre vérité. Cependant, il faut tout simplement constater que depuis qu’il est à la tête du gouvernement, le premier ministre peine à laisser son empreinte, sa marque de fabrique, celle qui permettra de se souvenir de son passage à la primature de notre pays à la grande insatisfaction sinon déception des tenants du pouvoir gabonais.

Après avoir été désavoué publiquement par la présidence de la République avec le scandale des déguerpis de Libreville, puis recadré violemment par le Président de l’assemblée nationale sur l’affaire Mba Obame André, ensuite interpellé par le parti démocratique gabonais suite aux lenteurs observées dans la réalisation du projet de société l’avenir en confiance, enfin désapprouvé par la Cour Constitutionnelle dans le dossier de la biométrie, et critiqué par la classe politique et les quelques citoyens gabonais le connaissant, le prince de Bikélé sait que désormais ses mois voire ses jours à la tête du gouvernement sont comptés.

Nous lui conseillons de quitter la fête avant qu’elle ne le quitte. Il peut encore rebondir pour négocier la présidence de l’Assemblée nationale en se mettant à la disposition de l’organisation des élections législatives au Gabon

Il est de plus en plus évident qu’en voulant se rendre indispensable au sein du pouvoir, afin de constituer une épine dans le pied d’Ali Bongo Ondimba si celui-ci prenait la sage décision de l’appeler à d’autres fonctions autre que la primature, le premier ministre a grillé presque toutes ses cartes. En un clin d’œil, Paul Biyoghe Mba de Bikélé a réussi à mettre toute la classe politique contre le chef de l’Etat. Et voici que l’esprit de contestation qui prévalait juste après l’élection présidentielle semble refaire surface.

Tous les partis de l’opposition se sont retrouvés comme jadis pour tenter de faire barrage aux décisions de la majorité. Or, nous savons tous qu’une majorité parvient à stabiliser son pouvoir lorsque ses adversaires sont dispersés ou divisés, mais le premier ministre a décidé de les rassembler pour des raisons stratégiques personnelles. En fin connaisseur de la politique, nous doutons que le prince de Bikélé ne le savait pas ou l’avait oublié.

Avec tout ce qui se passe dans le monde et particulièrement en Afrique, s’amuser avec la question des élections comme semble le faire le gouvernement de Paul Biyoghe Mba de Bikélé, il faut dire que c’est plus que tendancieux sinon suicidaire. Sur quoi compte-il en agissant ainsi, surtout quand on sait que de nombreux pays africains, l’Union africaine condamnent vivement les choix du Gabon sur la question de la Côte d’Ivoire et de la Libye ? Un embrassement de notre pays suite à des contestations post électorales serait le moyen de faire appliquer sur le Gabon la résolution qu’il a signé et mis à jour pour d’autres pays.

Qui trinquera ?

Certainement pas Michel Ongoundou Loundah, ou le Professeur John Nambo ou encore Franck Ndjimbi même si nous savons que le futur premier ministre pourrait sortir des rangs de l’Union nationale. Car, non seulement le personnage rempli à nouveau toutes les conditions pour accéder à nouveau à la primature, mais aussi toutes les conditions semblent être remplies pour que ce connaisseur des dossiers de l’Etat et surtout ceux du Gabon accède à cette noble fonction.

Jadis sous Omar Bongo Ondimba, il avait été dépêché de son poste quasiment dans les mêmes conditions : situations de crises politique, économique et maintenant sociale.
Son profil présente les tentacules géopolitiques nécessaires pour un apaisement politique immédiat dans notre pays. L’homme est reconnu pour sa rigueur dans la gestion financière et administrative. Son carnet d’adresse non négligeable ferait le plus grand bien pour booster les ambitions légitimes et raisonnables du président de la République qui évidemment devrait écouter attentivement les conseils avant gardistes  de son homologue américain.

Casimir Oyé Mba, qui est le plus modéré parmi les responsables de l’Union nationale, n’a certainement pas l’étoffe politique requise pour affronter Zacharie Myboto, qui est de plus en plus perçu comme un sage du Gabon, et Mba Obame André qui a su se dévêtir en un temps record de son habit sale de ministre de l’intérieur tortionnaire pour le refiler à Jean François Ndongou qui fut pourtant l’un des ministres préférés des gouvernements successifs d’Omar Bongo Ondimba, pourra apporter l’équilibre tant recherché dans notre pays.

Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder ses dernières acrobaties sur l’arène politique. D’abord, jusqu’à présent, bien que Casimir Oyé Mba n’ait toujours pas donné des raisons crédibles ou convaincantes pour justifier son arrêt brutal à la course pour la présidentielle, laissant ainsi de nombreux cadres dynamiques et compétents sur le carreau, il garde l’image d’un homme compétent et très rigoureux. Autrement dit, malgré ce geste politique extrêmement maladroit, CAM la classe garde quelques partisans inconditionnels très compétents pour la plupart. Jean Pierre Rougou en symbolise l’exemple.

En plus, CAM la classe a vraiment fait preuve de beaucoup de classe en acceptant la main tendue du président de la République et en appelant ouvertement au dialogue comme nous le faisons chaque fois que le besoin se fait sentir. L’estime que le chef de l’Etat porte à ce grand homme d’Etat ne souffre d’aucun doute et ce n’est également pas un secret de polichinelle. Il parait être cette passerelle nécessaire qui pourra réconcilier les deux camps politiques adversaires en invitant toutes les parties à mettre de l’eau dans son vin comme il le fait depuis le décès d’Omar Bongo Ondimba.

De plus, ses derniers rapprochements avec les locataires du bord de mer nous imposent de penser qu’il part favori dans cette course vers la primature quand tout nous faisait penser à un sprint entre Emmanuel Nze Bekale, Adrien Nkoghe Essigone et Julien Nkoghe Bekale, le dernier des ducs de la principauté de Bikélé resté au gouvernement. Ses compères ducs étant mis hors état de nuire. Bref.

Casimir Oyé Mba, dont le profil politique n’est pas suffisamment séduisant pour les jongleurs en la matière, pourrait désormais être en mission commandée. Reste à savoir s’il va réussir à convaincre plus d’un dans les rangs de l’Union nationale. Il n’y aura plus qu’à regarder ses mouvements au sein de ce parti. Par ailleurs, il faudra aussi prendre en compte le point de vue des membres du PDG. Ne verront ils pas ce choix comme étant un coup d’épée dans le dos après la sortie fracassante de ce notable de Ntoum du parti majoritaire ?

En d’autres mots, si CAM ne parvient pas à séduire un nombre conséquents des cadres de l’Union Nationale, il peut être certain que sa retraite politique sera similaire à celle de Mamboundou Mamboundou Pierre, dont la tentative de rapprochement avec le pouvoir a tout simplement échoué. En effet, cette union incestueuse partait sur de très mauvaises bases. En plus clair, c’était une alliance modelée pour détruire ou déstabiliser Mba Obame André et ses amis, faire barrage à l’ascension de l’Union nationale, créer un front SUD-SUD pour réduire l’impact du Grand Nord dans le Gabon et non pour penser d’abord au développement du pays. Par conséquent, il fallait être abonné à la « cancritude » pour ne pas s’en apercevoir.

Du choix pertinent et sage répondant au nom de Casimir Oyé Mba qui pourrait émaner des réflexions du président de la République, nous verrons quels sont les leaders politiques qui mettent leurs intérêts personnels ou partisans avant ceux de la Nation.

D’ailleurs, la meilleure manière de construire une Nation, semble t-il, serait de rassembler tous les fils et toutes les filles du Gabon. Si les membres de l’UPG semblaient bien justifier les rapprochements de leur champion avec le pouvoir, nous espérons qu’ils ne seront pas trop déçu que le futur premier ministre sorte des rangs de l’Union nationale, son principal challenger. Encore une fois de plus, nous verrons ceux qui priorisent l’intérêt général au détriment de l’intérêt particulier.

Et étant donné que le sujet qui semble fâché toutes les parties soit celui de la biométrie, une nomination imminente et stratégique de Casimir Oyé Mba à la tête du gouvernement avant les élections législatives est non seulement à encourager mais également à solliciter. Au quel cas, attendons nous à une accentuation de la crise politique dans notre pays. Qui vivra verra.

Par Télesphore OBAME NGOMO








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