mardi 7 juin 2011

La Cour Constitutionnelle du Gabon sur la voie du changement


Très souvent accusée de partiale, la Cour Constitutionnelle du Gabon vient de surprendre plus d’un de ses détracteurs à travers la dernière décision publique qu’elle a rendu et qui faisait référence à l’utilisation de la biométrie comme moyen technique pouvant garantir la transparence électorale dans notre pays et nous assurer des élections libres et sans troubles.

Avant de parfaire notre vision sur la décision de la Cour Constitutionnelle, il serait judicieux de rappeler que Marie Madeleine Mborantsouo n’est pas la Cour Constitutionnelle bien qu’elle en soit membre. De cette réalité, il est parfaitement injuste que son image puisse de plus en plus subir de manière acharnée les attaques injustifiées et injustifiables de certains compatriotes qui décident volontairement de séjourner entre la diffamation et l’impolitesse. Nous ne pouvons prétendre jouer le rôle d’avocats de cette compatriote mais nous soumettant à l’esprit de notre Constitution, nous prendrons nos responsabilités afin que cette citoyenne gabonaise ne soit plus marginalisée et exposée. Chacun a droit au respect dans ce pays.

Le Président de la République, conformément à ses engagements dans son projet de société « l’Avenir en confiance » avait invité  les partis politiques à une concertation afin que soit traitée la question de la mise en place de la biométrie dans notre système électoral. Mais hélas, une fois de plus, une fois de trop, le rythme impulsé par Ali Bongo Ondimba n’a pas fait échos au sein du gouvernement qui a librement fait le choix de ne produire aucun travail sérieux et fiable. C'est-à-dire que Paul Biyoghe Mba et son équipe n’ont fait aucun travail de préparation en amont pouvant permettre à la Cour Constitutionnelle de répondre favorablement à sa demande.

D’où la décision justifiée, congratulée et sans surprise de la Cour Constitutionnelle de rejeter l’introduction de la biométrie comme étant un cas de force majeur. Ce qui veut dire que les élections législatives ne seront pas reportées et qu’elles auront bien lieu conformément au calendrier électoral initial.

En effet, les principales raisons qui ont été mises en exergues exposent à nouveau l’impréparation récurrente à laquelle l’équipe dirigée par Paul Biyoghe Mba tend à s’adonner de plus en plus et à cœur joie. On peut alors se demander : Dans quel but certains hommes de la majorité veulent toujours nous exposer aux humiliations publiques à travers leurs actes inacceptables ? Ou, quel est l’intérêt pour certains d’exposer sans cesse, aux railleries et aux foudres incendiaires de l’opposition, la gouvernance souhaitée par le Chef de l’Etat ?

Offrir de telles occasions aux pesanteurs de la République est loin d’être une blague de bon goût. Comment certains compatriotes qui avaient la charge de ce dossier ont pu croire un seul instant que la Cour Constitutionnelle aurait validé ce vide sidéral? Ali Bongo Ondimba avait fait sa part en tant que Chef de l’Etat, il revenait au gouvernement de prendre efficacement le relais. Faut il rappeler à nouveau la problématique des « erreurs de casting » à la veille d’une échéance aussi capitale que la quête d’une majorité à l’Assemblée nationale?

En France, nous avons pu observer que pour des raisons stratégiques, le gouvernement avait subi quelques retouches non négligeables pour mieux affronter les dernières échéances électorales. Au Gabon, tel que les choses se présentent, bien que nous n’ayons nullement peur de l’opposition complètement en lambeau, quelques inquiétudes justifiées ne sont pas à banaliser. De ce fait, une meilleure préparation de notre majorité s’impose et celle-ci passera par une réflexion profonde sur la capacité des actions du gouvernement à susciter un engouement pour les candidatures qui représenteront notre majorité et également la question des investitures au sein du parti.

Au risque de collectionner un nombre important d’échecs en un laps de temps, il nous faut penser maintenant comment gagner les futures élections législatives. Tout en nous démarquant des méthodes de travail « impertinentes » observées dans le gouvernement, nous sollicitons l’esprit de prévention du secrétaire général du PDG car, les mêmes causes ont toujours produit les mêmes effets. En d’autres termes, si Faustin Boukoubi et son équipe prennent à bras le corps et assez tôt la mesure des enjeux à venir, il est certain que le verdict de la Cour Constitutionnelle suite à cette élection sera certainement différent de celui qui a servi de conclusion au dossier présenté par Paul Biyoghe Mba au sujet de la biométrie.

Au-delà des manquements du gouvernement dans le suivi de ce dossier, on peut relever deux choses très importantes.

En quoi l’introduction de la biométrie dans notre système électoral qui hier encore ne relevait nullement de l’urgence, le serait aujourd’hui par le simple bon vouloir de ceux là qui jadis la freinaient des quatre fers?

Et, malgré l’introduction de la biométrie dans le système électoral ivoirien, n’a-t-on pas quand même signalé des irrégularités massives au point où nous avons été contraints d’observer complètement impuissant la naissance de troubles profonds en Côte d’Ivoire ?

A partir de ces deux éléments historiques non négligeables, nous partageons et saluons la décision de la Cour Constitutionnelle qui s’est abstenue de valider un dossier mal ficelé en plus de n’avoir vu en la biométrie, comme la majorité des gabonais, un moyen efficace de transparence et de libre expression. Cette haute instance juridique de notre pays vient de donner un bel exemple de professionnalisme et d’impartialité. L’acte courageux et sage posé par la Cour Constitutionnelle vient de clore tous les chapitres des décisions discutables qu’elle avait eu à prendre jadis. C’est cet élan de rigueur et cette volonté de changement en profondeur que nous sollicitons dans toutes les sphères du pouvoir car ce n’est qu’à ce prix que le Gabon, notre pays, se développera.

Par Télesphore OBAME NGOMO

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