mercredi 29 juin 2011

Ali Bongo Ondimba a-t-il fait les bons choix ?


L’interrogation qui s’impose à notre étude n’est aucunement chargée de vices mais bien au contraire. Elle a le mérite d’être claire en plus d’opérer une rétrospective obligatoire sur les choix humains et décisionnels du président de la République, Ali Bongo Ondimba, à la veille d’une élection aussi fondamentale que celle des législatives.

Tout d’abord, nous continuons de nous demander qui aurait conseillé au chef de l’Etat la stratégie de la tension pour régler la crise dans notre pays?

En effet, l’adulation de ce choix de gouvernance tel qu’il se constate au Gabon a su garantir à Ali Bongo Ondimba, l’élévation ou le rodage par les populations gabonaises des moyens conduisant inévitablement à l’embrasement politique ou à la crise. C’est dire qu’au moindre petit désaccord durant ce prochain évènement politique majeur, qui devrait nous garantir la réalisation de notre projet de société l’Avenir en confiance par une majorité confortable à l’Assemblée nationale en même temps qu’il assurerait un « avenir » politico social à de nombreux membres de l’opposition,  le président de la République serait appelé à mettre en place très rapidement ce que nous lui proposons depuis le début de son magister : l’apaisement et le dialogue.

Et sur ce coup, le temps ne joue point en sa faveur. Il faut un temps assez conséquent pour désamorcer la complexité de cet état d’esprit qui a lentement infesté les habitudes de nos compatriotes. C’est pourquoi nous pouvons déjà prédire des jours sombres sur le devenir du Gabon en cas d’un éventuel échec organisationnel des législatives 2011. La stratégie du prince de Bikele, Biyoghe Mba prénommé Paul, a bien réussi. Le président de la République se retrouvera très bientôt coincé face à la situation qui se posera brutalement à lui.

Il était inconcevable et incompréhensible que toutes les décisions prises par le chef du gouvernement pour « sortir » notre pays de la crise politique fussent validées alors qu’aucune d’elles ne portait les germes d’une finalité honorable. Nous y arrivons.

Aussi, pour joindre l’utile à l’agréable, il serait indispensable que le chef de l’Etat puisse s’approprier le discours de Nicolas Sarkozy en Côte d’Ivoire lors de l’investiture d’Alassane Ouattara, ainsi que celui d’Hillary Clinton à l’Union Africaine sans omettre de citer les conseils prodigués par Barack Obama durant son dernier séjour aux Etats-Unis d’Amériques. En des termes plus simples, nous pouvons confirmer que le contexte politique international actuel n’exprimera aucune complaisance envers les politiques qui oppressent ou violentent leurs peuples revendiquant légitimement plus d’égalité, de liberté et de respect de ses droits.

D’où notre profonde inquiétude sur les capacités du pouvoir actuel à se constituer une majorité forte à l’assemblée nationale sans écueils quand on sait que Paul Biyoghe Mba et quelques alliés ont fortement et parfaitement misé sur le pourrissement du climat politico social pour émerger ?

Puis, le second élément qui risquera de justifier la sanction du peuple à l’égard de la politique du chef de l’Etat est le démantèlement de la stratégie de Biyoghe Mba de Bikele. Autrement dit, pour être fin, le premier ministre l’avait été et sa stratégie bien huilée, des retards utiles et de la décapitation malsaine de l’administration, trouve un écho favorable dans cette volonté accrue de nuire aux ambitions d’Ali Bongo Ondimba. Dès sa confirmation au poste de premier ministre, Paul Biyoghe Mba n’avait pas eu meilleure aubaine pour détruire politiquement le président de la République. Sous l’argument trompeur du changement et de la soit disante protection du nouveau président de la République, le prince de Bikele trancha la tête de toute l’administration gabonaise avec l’aval non mal intentionnée du chef de l’Etat. Or les conséquences de ces mauvais choix se perçoivent de mieux en mieux avec le temps.

D’abord, Paul Biyoghe Mba, en bon roublard de la politique,  savait qu’en agissant ainsi, il tuerait Ali bongo Ondimba à la racine car, il détruisait « hic et nunc » les fondements de ce qui avait permis qu’il puisse réunir toutes les conditions pour être à la tête de l’Etat gabonais, créant ainsi des aigreurs inqualifiables : c’est l’émergence de la première vague des aigris, des frustrés et des humiliés. Puis, se rendant compte de la supercherie mais un peu trop tard, le 16 octobre 2010, le chef de l’Etat parla à ses compatriotes, telle une lamentation publique, d’erreurs de casting. Hélas, le cheval de Bikele avait pris trop d’avance. Un quelconque bouleversement profond de cette stratégie raffinée, conçue par le seul présidentiable de Bikele, constituerait la formation de la deuxième vague d’aigris, de frustrés et des humiliés du pouvoir. A nouveau, Ali Bongo se retrouve bien tourmenté par ce jeu de dupe dont il n’avait cure.

Cette finesse politique affichée par le premier ministre sur qui nous avions pourtant pointé nos plumes depuis belle lurette s’avère être un véritable succès. Et pour couronner le tout, Paul Biyoghe Mba, unique prince de Bikele, sabota publiquement la question de la biométrie qu’il nous sera d’ailleurs impossible techniquement de mettre en place d’ici décembre 2011. Or Barack Obama comme Nicolas Sarkozy n’auront ni le temps ni l’envie de se pencher à longueur de mois sur le cas du Gabon. Ali Bongo Ondimba semble à nouveau s’être fait devancer. C’est pourquoi, les plus avertis se demandent bien comment le chef de l’Etat va-t-il manœuvrer pour s’en sortir.

En plus de ce qui précède nous pouvons soutenir que la politique c’est aussi l’art d’anticiper sur les éventuels coups portés par ses adversaires. Néanmoins il faut reconnaître qu’ils sont difficilement prévisibles lorsqu’ils proviennent de ses propres collaborateurs. Ce n’est pas Casimir Oyé Mba, souffrant de cette réalité lors de son passage à la primature qui pourrait dire le contraire. Cependant cette excuse ne pourra trouver un point de chute ou une quelconque crédibilité car depuis des mois nous éveillons la conscience collective sur les stratégies inavouées mais démasquées de Paul Biyoghe Mba. Dans la même foulée nous ne pouvons épargner certains collaborateurs du président de la République paisiblement assis au palais présidentiel. Ils ont également leur part de responsabilité dans cette situation déplorable car c’est sans abus de langage que nous risquerons de constater qu’Ali Bongo en prendra pour son grade.

C’est le moins que l’on puisse dire quand on sait qu’en plus des centaines de cadres virés par Biyoghe Mba de Bikele dans le but de perfectionner sa stratégie, les caciques du parti, les proches du président de la République et les cadres de la majorité attendent Ali Bongo de pied ferme lors des élections législatives.

Nombreuses sont les personnes des groupes précités qui ont été non seulement déçues par les inacceptables choix validés par le chef de l’Etat, malgré leurs lourds investissements durant la  rude campagne de 2009 qui aurait pu conduire le Gabon dans le précipice de l’Histoire, en plus de l’arrogance et l’incompétence affichées par certains nouveaux tenants du pouvoir.

Autrement dit, ces cadres gabonais humiliés n’entendent pas « mouiller à nouveau le maillot » à la place de ceux qui profitent abusivement des largesses du pouvoir dans ce combat politique qui s’annonce plus que difficile pour notre majorité. Ils promettent observer ce challenge très important les armes rangées dans leur carquois en espérant que les « nouveaux amis » du président de la République iront à Bitam, à Mouila, à Nkembo, à Akiéni ou à Iboundji battre campagne en langue vernaculaire pour assurer au chef de l’Etat une victoire conséquente à l’Assemblée nationale s’il souhaite véritablement faire du Gabon un pays émergent.

Face à ces constats regrettables, nous pouvons clairement dire qu’Ali Bongo Ondimba a été conduit à opérer des choix qui le conduiront inévitablement vers une cohabitation. Le contraire inviterait à croire à la sainteté de Guy Nzouba Ndama qui refuse toujours de nous expliquer clairement la disparition « non mystérieuse » des 7 milliards 920 millions de francs CFA qui avaient été alloués pour construire l’annexe de l’assemblée nationale.

Toutes les décisions et tous les choix  pris y concourent aisément. Ce qui fait que l’étau se resserre de plus en plus sur le chef de l’Etat qui n’a pas d’autres choix que de verser vers un apaisement véritable avec comme moyen, un dialogue reconstruit et redéfini avec ses compatriotes.

La victoire de Biyoghe Mba de Bikele est de mieux en mieux visible : Ali Bongo Ondimba n’aura pas d’autres choix que de composer avec lui durant tout son premier mandat, une forme de cohabitation qui ne dit pas son nom ou celui de lui céder sa place. De même la revanche des « frustrés » et des « humiliés » de notre pays se fera sentir dans les mois à venir. L’arrogance et l’entêtement n’ont jamais conduit les hommes à des fins enviables.

Finalement le temps réhabilitera à leur juste valeur tous les compatriotes gabonais de la majorité qui ont dû vivre des humiliations orchestrées par quelques contremaîtres irrévérencieux.

Par Télesphore OBAME NGOMO

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