lundi 22 octobre 2012

Quand l’effet placebo du fétichisme conduit à la chute d'un régime


Au regard de la situation politique du pays extrêmement tendue, nul individu sérieux et responsable ne peut défendre de manière convaincante, avec réelle sincérité et cohérence indiscutable le bilan des trois années de présidence d’Ali Bongo Ondimba.

En effet, comme le disait Maxime Gremetz, ancien député charismatique et dynamique de l’Assemblée nationale française : « les hommes politiques offrent des bibles aux électeurs durant les périodes électorales. Et c’est sur la base de leurs déclarations ou de leurs propositions qu’ils méritent d’être jugées ».

Autrement dit, Ali Bongo Ondimba a présenté un projet de société aux populations gabonaises et, nombreux sont les engagements ou les promesses y figurant qui n’ont pas été tenus.

Aussi, il convient, en tant que démocrate, de respecter le slogan récurrent du pouvoir en place disant « laissez nous avancer ». Cependant, en tant que citoyens gabonais, membres à part entière de ce pays, il est de notre droit le plus absolu d’exiger que les chantres de ce slogan nous disent au moins où ils entendent conduire le destin du pays que nous avons en commun. Car, les politiques publiques qui sont mises en place ne correspondent en rien aux critères exigés lorsqu’on prétend avoir l’ambition de faire entrer son pays dans le concert des pays dits émergents.

De plus, sur un plan purement rationnel, les choix opérés et les décisions engagées par le pouvoir en place ne présentent aucune visibilité et encore moins une quelconque lisibilité. D’où les interrogations justifiées, multiples et diverses, des gabonaises et des gabonais : où conduit-on notre pays ?

Par ailleurs, au regard des incohérences observables et des mesures inexplicables, on peut désormais, sans le moindre risque de se tromper, affirmer que l’irrationnel semble avoir pris une part non négligeable dans la conception et la conduite du pouvoir au Gabon.

En d’autres termes, le fétichisme improductif et à deux balles de Maixent Accrombessi semble avoir un effet placebo surprenant sur le premier locataire du palais du Bord de Mer. Car, rien sur un plan intellectuel ne peut expliquer le comportement qu’Ali Bongo Ondimba affiche depuis le début de son mandat malgré les nombreux conseils. Et cette attitude étrange semble avoir atteint son paroxysme depuis le mois de juillet 2012.

D’aucuns définissent l’effet placebo comme étant un effet subjectif, mais réel, souvent produit sur une personne par un médicament n’ayant pas d’efficacité démontrée. Aussi, il convient de se souvenir de la triste phrase de Maixent Accrombessi après que la Cour Constitutionnelle ait proclamé les résultats de l’élection présidentielle anticipée. Ce dernier hurla étrangement pour ne pas dire vulgairement devant un parterre de citoyens gabonais réunis pour la circonstance: « à nous les milliards, je le tiens, il est là dans ma main, je le tiens ».

Ce que tend à confirmer les révélations accablantes de la « très » informée « Lettre du Continent » au numéro 644 du 11 octobre 2012 qui présente Maixent Accrombessi comme étant un mystificateur transformé en gourou d’Ali Bongo Ondimba. Ce qui est aussi bien humiliant qu’agaçant.

La Lettre du continent dit précisément : « Au-delà de ses prérogatives, Maixent Accrombessi, qui s’appuie au palais sur son chef de cabinet Liban Suleimane, demeure surtout influent en matière de mysticisme. « Gourou » d’Ali Bongo, il emmène régulièrement et discrètement son patron se soumettre aux rites vaudous au Bénin. A chaque déplacement, le chef de l’Etat séjourne dans sa villa située dans le quartier Cadjehoun, au cœur de Cotonou. Les cérémonies s’effectuent parfois à Abomey (centre), fief natal de la famille Accrombessi ».

Cette description claire, fiable et sérieuse est le seul argument qui semble expliquer l’inexplicable comportement complètement irrationnel affiché par le président de la République qui a totalement oublié que le seul et unique fétiche qui donne le pouvoir et permet de le conserver est l’intelligence de l’homme.

Les charlatans, les guérisseurs et autres sorciers, lorsqu’ils sont sérieux et sincères avec leurs dons, souvent transmis de générations en générations, ne peuvent et ne savent qu’administrer des traitements médicaux à leurs malades car ils connaissent les plantes et leurs associations capables d’aider à soulager les douleurs.

Cependant, ceux qui affirment avoir des pouvoirs surdimensionnés incapables de leurs offrir une quelconque gloire mais les préserveraient pour le bénéfice de personnes inconnues, il faut quand même avouer que ce montage digne d’un monde des illusions inimaginables est bien trop gros et qu’il ne peut qu’attirer tous les petits esprits disposés à dépenser des milliards de francs pour s’acheter du vent

Or un proverbe nous rappelle à juste titre qu’on n’est jamais mieux servi que par soi même.

Si le film « Chaka Zulu » du réalisateur William C. Faure paru en 1986 garde un succès constant, c’est tout simplement parce que, au-delà la qualité du synopsis et des talents des acteurs choisis, il y a la représentation de nombreux symboles qui permettent d’édifier les leaders politiques sur les diverses erreurs à éviter quand on devient le chef. Et la problématique de la foi dans la magie et le monde des illusions en fait partie. Ce n’est point traumatisant si nous venons à rappeler que la fin de ceux qui croient dur comme fer  à ce monde inexistant est souvent tragique car ils sont brutalement confrontés à la dureté de la réalité qui elle restera toujours sans pitié.

Dans le cas du Gabon, nous y sommes. Les tensions galopantes aussi bien au sein du pouvoir que dans l’opposition et la société civile gabonaise laissent envisager des lendemains sans sourires pour ceux qui ont pensé que le fétichisme était la voie idoine pour exercer et conserver le pouvoir. Aussi, il faut préciser que l’abus de toutes choses a toujours été dangereux.

En d’autres termes, l’invocation abusive des génies du vaudou pourrait se charger, sur commande, d’emprisonner définitivement dans le monde des illusions ceux qui auraient cru bon de dépasser la « dose tolérable de mystification» car, avec le contexte politico-social gabonais explosif, il ne serait pas bon pour ces vendeurs d’illusions identifiables qu’ils soient démasqués et démystifiés par l’individu trompé qui finira enfin par découvrir la totale stérilité de ces innombrables envolées nocturnes en direction du Bénin qui n’étaient rien d’autre qu’une belle supercherie pour ne pas dire une grosse escroquerie.

Ne dit-on pas que la vérité est fille du temps ? Et que tout ce qui est fait dans le secret sera révélé au grand jour ?  

Par Télesphore OBAME NGOMO

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