Lors
d’un passage télévisé à la chaîne « 3A
Télé SUD », Alain Claude Bilié Bi Nzé, pour remettre en cause l’acte
posé par André Mba Obame le 25 janvier 2011, s’autoproclamant
président de la République, disait clairement qu’Ali Bongo Ondimba était le
président de la République du Gabon et qu’il aurait « même » reçu
l’onction de la communauté internationale.
Si
en effet, les propos du porte parole de la présidence de la République sont
justes et vrais, en ce sens que la communauté internationale conférait à Ali
Bongo Ondimba une forme de légitimité en le considérant comme étant le
président de la République gabonaise, il convient alors de dire avec certitude
que c’est aussi par cette communauté internationale que le chef de l’Etat
pourrait perdre cette légitimité si la Conférence Nationale Souveraine
(CNS) exigée par une frange importante de la population n’était pas mise en
place dans les tout prochain jour.
Malgré
le déni, par les tenants du pouvoir et ses thuriféraires, de la crise
multiforme qui sévit dans notre pays du fait de la mauvaise gestion héritée du
pouvoir d’Omar Bongo Ondimba et accentuée par une gouvernance scabreuse maniée
par Ali Bongo Ondimba, Maixent Accrombessi et l’overdose d’étrangers étranges,
incompétents, arrogants et impopulaires, la plus grande partie du peuple
gabonais continue de réclamer à cor et à cri la tenue de cette assisse
nationale qui permettrait de sortir pacifiquement notre pays de cette situation
déplorable qui l’accable fortement.
Cet
appel au dialogue, Ali Bongo Ondimba y a répondu par la négative à travers son
discours lu devant le Parlement réuni en congrès le 12 septembre 2012. Ce qui
lui a valu, à l’unanimité, le costume sur mesure de dictateur, taillé par tous
les médias étrangers après les nombreuses révélations accablantes faites par
« Wikileaks » et le film de
Patrick Benquet « Francafrique, 50
ans sous le sceau du secret ».
Il
faut dire, ici et maintenant, que cet acte de refus de dialogue a été très mal
perçu par « la fameuse communauté internationale » dont parlait si
bien Alain Claude Bilié Bi Nzé.
Faut-il
rappeler que la communauté internationale n’entend pas coopérer ou soutenir des
pouvoirs jugés tyranniques ? Et mieux, elle entend les combattre comme
c’est actuellement le cas pour Bachard El Asaad de Syrie ?
Lors
de son interview avec la chaîne « France 24 », avant son départ pour
Dakar, François Hollande dévoilait dans un discours transparent, les nouvelles
méthodes qui seront appliquées face à tous les pouvoirs contestés. Il disait
ceci : « Le Qatar soutient
l’opposition, nous aussi. Il faut fédérer l’opposition et préparer l’après
Bachard El Asaad. Cette transition doit être une transition vers la démocratie
et non vers le chaos. L’opposition doit réunir toutes les forces de l’intérieur
et de l’extérieur qui demain voudraient une Syrie libre et démocratique ».
Devant
ces mots limpides du chef de l’Etat français, de nombreux gabonais, une grande
partie de la communauté internationale ainsi qu’un nombre considérable
d’institutions internationales, soucieux du dialogue politique au Gabon et de
l’amélioration des conditions de vie de ses populations, ne cessent de saluer
l’action entreprise par Richard Moulomba qui fut l’un des initiateurs des
assisses de Mouila où l’opposition gabonaise avait enfin décidé de s’unir.
En
même temps, ces nombreuses voix nationales et internationales ne saisissent pas
la nécessité et la pertinence du choix du sieur Moulomba qui, après avoir entrepris
une telle œuvre d’unité tant appréciée, décida de « se corrompre » en
s’acoquinant avec le diviseur et équilibriste national, Louis Gaston Mayila,
dont les gesticulations bancales et l’incohérence politique ne cessent d’agacer
la communauté internationale qui entend se battre pour plus de démocratie au
Gabon.
Et
François Hollande de renchérir en disant : « Pour le cas de la Syrie, c’est nous qui
avons demandé que l’opposition puisse se réunir… »
Cette
nouvelle manière de s’exprimer et d’agir montre bien la cohérence de François
Hollande qui dans son discours du Bourget annonçait clairement les couleurs à
tous les chefs d’Etat qui souhaitaient continuer leur coopération avec la
France.
C’est
alors qu’il déclara de nouveau : « Je n’ai pas plusieurs langages. Je n’ai pas plusieurs manières de
parler selon mes interlocuteurs. Les temps ont changé. La France est désireuse
de respecter ses interlocuteurs mais en même temps de leurs dire la vérité.
J’ai souhaité avoir un entretien avec le principal opposant. Je ne veux pas
m’ingérer ou être l’arbitre».
En
fait, selon certaines indiscrétions, l’allusion faite « à la manière de
parler selon les interlocuteurs » était un message envoyé personnellement
à Ali Bongo Ondimba car son porte parole s’était maladroitement et
indélicatement autorisé de s’adresser aux autorités françaises en déclarant,
lors d’un débat avec Petit Lambert Ovono, que le communiqué rendu public par
l’Elysée n’était pas conforme aux échanges du 05 juillet 2012 entre Ali
Bongo Ondimba et François Hollande.
De
plus, en rencontrant Etienne Tshisekedi, François Hollande veut renforcer
l’esprit de la nouvelle ère française en Afrique qu’il entend incarner.
D’ailleurs il le dit très clairement : « La rencontre avec Etienne Tshisekedi est un message envoyé à tous les
chefs d’Etat africains. Je les considère. Je suis conscient quand ils ont été
élus par un processus démocratique, qu’ils représentent pleinement leur pays.
Mais, quand ils ne l’ont pas été par des procédures démocratiques, je fais tout
pour avoir de bonnes relations d’Etat à Etat. Je reconnais aussi les opposants
dès lors qu’ils s’inscrivent dans la démocratie, qu’ils veulent concourir sans
violence à ce que ce soit les urnes qui parlent en Afrique comme partout
ailleurs ».
Ce
langage fluide et transparent de François Hollande tend à bien justifier les codes
de communication qui avaient marqué la rencontre du 05 juillet 2012 avec Ali
Bongo Ondimba. Autrement dit, le président de la République française continue
de rester cohérent. Il fait ce qu’il dit et il dit ce qu’il fait. On peut en
effet se souvenir que le 12 avril 2012, lors de la présidentielle française, le
candidat François Hollande déclarait à Médiapart qu’Ali Bongo Ondimba n’avait
pas été élu par des méthodes démocratiques. Et ce ne serait que pour cette
raison qu’il n’entend pas lui accorder les mêmes considérations qui sont offertes
à Macky Sall, le président de la République du Sénégal dont l’élection fut
transparente et démocratique.
C’est
pourquoi, lors de cette interview avec « Africa 24 », François
Hollande précisa : « Je ne veux
pas de passe doits. C’est fini le temps des émissaires, des intermédiaires, de
ce que nous pouvons amener dans nos
bagages… Je reçois les chefs d’Etat de tous les pays du monde, ceux qui en font
la demande… Il n’y a pas toujours que des démocrates. Je le regrette mais j’ai
des relations d’Etat à Etat. Néanmoins, chaque fois que je reçois des chefs
d’Etat, ils peuvent être africain ou d’une autre origine, je leurs parle de la
situation dans leur pays, non pas pour m’ingérer mais parce que je leurs dois
cette franchise. Lorsqu’il y a un opposant qui est détenu, une liberté qui est
entravée, lorsqu’il y a un certain nombre de manifestations qui sont interdites
ou qui sont réprimées, je le leurs dis ».
Avec
les tensions qui ne cessent de pleuvoir au Gabon suite au refus d’Ali Bongo
Ondimba d’organiser une Conférence Nationale Souveraine (CNS), il est sans
conteste que, la France sous François Hollande, dénonçant le manque de
franchise et de respect de Nicolas Sarkozy envers les populations gabonaises
sur les élections anticipées de 2009, n’entend pas poursuivre cette politique tant
critiquée et souhaite par conséquent écrire une nouvelle page avec l’Afrique en
général, et le Gabon en particulier.
C’est
la raison pour laquelle, aussitôt les violences exploseront au Gabon, à
l’instar du modèle de la République Démocratique du Congo, François Hollande pourrait
accueillir très rapidement à l’Elysée, le principal opposant André Mba Obame
ainsi qu’une délégation de l’Union des Forces du Changement (UFC) afin d’étudier,
comme pour le cas de la Syrie, la possibilité d’une transition au Gabon où
aucun compromis ne serait engagé avec Ali Bongo Ondimba dont le départ du
pouvoir sera désormais une exigence formelle.
Cet
acte fort ne serait que la suite logique de la rencontre de Paris entre le
Mouvement Des Entreprises de France (MEDEF) et les leaders de l’Union Nationale
(Zacharie Myboto, Jean Eyeghe Ndong, André Mba Obame et le Pr Zomo Eyebe) qui
avait été facilitée par les nouveaux tenants du pouvoir français en même temps
qu’elle aurait été refusée à Ali Bongo Ondimba, bien qu’étant président de la
République du Gabon.
Ce
qui veut dire que le changement a réellement frappé les relations entre la
France et le Gabon.
Aussi,
on peut déjà s’attendre à ce que, comme avec Hosni Moubarak, de nombreux changements
en profondeur soient opérés au sein du gouvernement et du cabinet présidentiel
dans les semaines à venir. Ceux-ci, malheureusement précipités par le cours des
évènements, ne pourront nullement sauver la présence d’Ali Bongo Ondimba à la
tête de l’Etat car cette étape agitée est le plus souvent traduit comme étant la
mise en bière d’un régime devenu définitivement froid.
Qui
vivra verra…
Par
Télesphore OBAME NGOMO
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