mardi 31 mai 2011

Marie Madeleine Mborantsouo : victime ou prisonnière du système ?

Il est de plus en plus rare d’entendre des citoyens gabonais dire des choses plaisantes sur Marie Madeleine Mborantsouo, la présidente de la Cour Constitutionnelle de notre pays. Est-ce par pure ignorance du personnage ou un simple retour d’ascenseur ?

En effet, les actes posés par la Présidente de la Cour constitutionnelle qui se justifiaient par une logique de maintien au pouvoir d’Omar Bongo Ondimba n’ont jamais fait l’unanimité et ont toujours été de nature à briser de nombreux espoirs au sein du peuple gabonais. C’est pourquoi dans la célèbre phrase du prédécesseur d’Ali Bongo Ondimba « Dieu ne nous a pas donné le droit… », Marie Madeleine Mborantsouo devrait prendre sa part de responsabilité. Cette invitation passera inévitablement par un véritable examen de conscience.

D’actions injustes en actions contestées, Marie Madeleine Mborantsouo ne parvient pas à enlever la grande animosité que son personnage suscite chez des milliers de gabonais malgré la construction d’un établissement scolaire de haut standing pour les populations de notre pays. Pourtant, en choisissant d’investir dans le domaine de l’éducation et la formation, nous pouvons y voir à juste titre un début de prise de conscience et une forme de mea culpa. Par cet investissement, Marie Madeleine Mborantsouo semble avoir compris que pour tenter de reconstruire le Gabon, pour instaurer les conditions nécessaires au véritable changement, il n’y avait pas mieux que la construction d’un cadre favorisant l’éveil des consciences.

Jusqu’à la dernière élection présidentielle, on pouvait comprendre sans pour autant être d’accord que l’habitude s’étant imposée comme une  seconde nature à la Cour Constitutionnelle, il aurait été très difficile d’inviter la Présidente de cette institution à se lancer dans un mécanisme autre ou différent que celui qu’elle maîtrisait le plus et qui avait toujours porté ses fruits dans le passé. Cependant, la volonté de changement souhaité par le Président de la République Ali Bongo Ondimba invite toutes les institutions à prendre la mesure des enjeux à venir.

C’est pourquoi, dans cette forme d’amnistie qui ne dit pas son nom, le peuple gabonais semble avoir excusé tous les torts qu’il a subi en provenance de certains compatriotes zélés, sous Omar Bongo Ondimba. Il va s’en dire que les évènements qui ont sévi aussi bien en Côte d’Ivoire que dans les pays arabes imposent aux responsables d’institutions gabonaises à redoubler d’efforts pour instaurer plus d’équité et de justice dans les conclusions de leurs actions. Au quel cas, il ne serait pas surprenant de voir notre pays s’embraser dans peu, toutes les conditions étant parfaitement réunies.

Au-delà du fait que Marie Madeleine Mborantsouo se soit constituée prisonnière d’un système de gouvernance par ses multiples choix partiaux, il ne faut pas omettre l’aspect de victime qu’elle caractérise. En fait, derrière tout l’habillage constitutionnel auquel le peuple gabonais assiste assez souvent impuissant, il existe un autre décor totalement invisible pour le grand public. Et c’est cette facette inconnue qui permet de mieux comprendre les nombreuses décisions engagées par la Présidente de la Cour Constitutionnelle. C’est pourquoi, avant tout jugement drastique, il serait important de déshabiller toutes les formes de pression, allant des plus simples aux plus inimaginables, que peuvent subir cette dame, pourtant de fer, qui ne dispose que du jugement de Salomon pour trancher les différents et nombreux contentieux électoraux.

Mais, face à ces situations, victime ou prisonnière, il faut dire que Marie Madeleine Mborantsouo possède la solution au problème qu’elle s’est accrochée au cou  au fil des années. Autrement dit, elle dispose de tous les ingrédients indispensables pouvant permettre son entrée triomphale dans l’esprit de changement tant souhaité par la majorité du peuple gabonais et bénéficier ainsi d’une nouvelle image publique. De ce constat établi, nous pouvons dire que le véritable test de cet élan passera par une gestion équitable et responsable des prochaines échéances électorales dont le report sollicité par le gouvernement ne se justifie par aucun cas de force majeur.

Ce ne sera qu’à cette condition et sous cette note qui se veut positive que la Présidente de la Cour constitutionnelle pourra ensuite volontairement et publiquement poser sa démission avant de se concentrer à des œuvres humanitaires pour le Gabon. Une facette de son humanisme que très peu de citoyens gabonais ont déjà pu observer. Sinon, elle aura librement fait le choix de s’emprisonner non seulement dans un système condamné par son auteur mais également choisi de mourir dans la conscience collective.

Ne dit on pas que le véritable tombeau des morts, c’est le cœur des vivants ? Que veut elle que le Gabon retienne de ses nombreuses décennies à la tête d’une aussi importante institution ?
Jean Hilaire Aubame, Paul  Gondjout, Georges Damas Aleka, etc  sont des noms qui marqueront à jamais l’histoire de notre pays. Et le sien ?

Par Télesphore OBAME NGOMO  



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