vendredi 6 mai 2011

Maintenant que nous y sommes : à quand le début des hostilités ?


Dans le prélude de la déclinaison de notre projet de société, l’Avenir en confiance qui devrait toujours rester le référentiel en matière de gouvernance pour ceux qui y ont cru, le candidat président, Ali Bongo Ondimba rappelait l’importance de la stabilité en ces termes : « Très jeune, j’ai été imprégné des grands idéaux qui nous rassemblent au-delà de nos différences (…) j’ai également appris combien il était essentiel de préserver la paix et la cohésion sociale, sans lesquelles il est illusoire de réussir toute œuvre de développement national ».

Puis, le Chef de l’Etat renchérissait ces considérations nécessaires à la gestion de notre pays dans son discours du cinquantenaire de l’indépendance en disant : « Le Président Omar Bongo Ondimba, deuxième président de notre République, a bâti la paix, consolidé l’unité nationale et construit l’Etat sur des bases solides, nous léguant ainsi un grand et lourd héritage à protéger et à conserver ».   

C’est dire qu’à travers ces déclarations, Ali Bongo Ondimba laisse comprendre au peuple gabonais et à ceux du monde entier qu’il a pris la mesure de tous les fondamentaux précités. Et, croyant profondément en l’évolution l’Homme, il nous a été difficile de ne pas y apporter une attention toute particulière même si le bilan négatif de la mandature précédente à laquelle il a appartenu n’a pas été des plus séduisants. D’où la nécessité du bénéfice du doute et l’attente des actions concrètes.

Hélas, nous constatons avec regret et une profonde inquiétude la direction que prennent l’actualité et l’activité politique  qui sévit dans notre pays. La guerre n’arrive pas qu’aux autres. C’est un champ libre qui ne possède aucun propriétaire et tout le monde peut bénéficier de son usage à volonté. Il suffira tout simplement pour les volontaires de réunir toutes les conditions pour y parvenir. Et le contexte politico social actuel de notre pays semble avoir réuni toutes les conditions donnant un avis favorable en vue d’un éclatement.

Or, dans son discours du cinquantenaire, Ali Bongo Ondimba disait : « Il nous est certes arrivé de nous quereller, de nous disputer, mais nous sommes toujours parvenus, malgré tout, à rester unis (…) c’est le fait d’un certain discours politique et d’une certaine pratique du pouvoir, mettant l’accent sur ce qui unit plutôt que sur ce qui divise. Il faut aussi y voir le résultat d’une éducation à la tolérance reçue en héritage… ».

Les dernières déclarations publiques et dangereuses de Mba Obame André, toujours non démenties par la classe politique de la majorité, nous invitent à interpeller les autorités dirigeantes à un ressaisissement immédiat si ces révélations faites s’avèrent vraies. C’est pourquoi, en même temps que le Président de la République devrait tirer des conclusions claires sur les nombreuses fuites devenues courantes dans la majorité malgré les changements opérés dans les services de renseignements, nous avons le devoir de justifier les multiples raisons qui motivent notre alerte sur l’éventuelle explosion qui impose de moins en moins de doutes.

Tout d’abord, nous déplorons le schéma d’attaque grave énoncé et dénoncé par Mba Obame André. En effet, à la veille de l’arrivée d’une délégation de l’Organisation des Nations Unies au Gabon, cet acte semble enterrer définitivement l’image que renvoyait notre pays dans le monde entier : Gabon, pays de paix et de stabilité. L’opposant Mba Obame André n’est pas invincible bien qu’il soit une bête politique indélicate et perturbante. Pour faire face à son géni politique, il serait d’urgence que le Chef de l’Etat s’entoure de personnes plus aguerries dans la pratique de la chose politique et publique. C’est la seule et unique condition pour créer la tourmente chez le député de Medouneu.

Nombreux sont les collaborateurs du Président de la République qui préfèrent la voie de la difficulté pour résoudre des problèmes pourtant simples. Mettre fin à la vie d’un opposant n’est point la solution, mais bien au contraire, cela aggraverait la situation. Au stade où nous sommes, Mba Obame André comme certaines personnalités politiques du Gabon sont plus dangereuses mortes que vivantes. Et pour cela, il est préférable que leur vie soit soigneusement protégée par les autorités au risque de verser dans un embrassement difficilement inestimable.

De cette énième fuite, le Chef de l’Etat devrait comprendre que le ver est dans le fruit. En d’autres mots, les faits démontrent que nombreux sont ses collaborateurs qui sont avec lui par opportunisme et non par convictions. Ce qui est d’ailleurs très dangereux pour le maintien d’un pouvoir. Et connaissant parfaitement les faiblesses de notre pouvoir, l’opposition qu’incarne la branche de l’Ex Union Nationale saura en faire davantage meilleure usage. Bien évidemment il est à prédire dans un futur proche d’éventuelles insurrections au sein des forces armées où les divisions semblent avoir atteint un paroxysme jamais égalé.

En plus des divisions palpables dans l’armée, il y a les divisions ethniques qui continuent de s’accentuer quotidiennement. Il va s’en dire que le fruit du discours stratégique basé sur le repli identitaire planté durant l’élection présidentielle anticipée suit son état de croissance, et peut être même un peu trop vite. Ainsi, les conséquences s’annoncent encore plus lourdes au fil des mois du fait qu’elles s’accompagnent d’une montée fulgurante et flagrante de la xénophobie.

Au départ, ce rejet de l’étranger était d’abord lié à un désaccord entre l’élite gabonaise de l’opposition comme de la majorité et le Président de la République. Celle-ci reprochait à Ali Bongo Ondimba sa décision politique qui visait à introduire dans les plus hautes sphères de l’Etat, des gabonais d’origine étrangère au détriment des autochtones. Il revient de ce fait la question de l’identité nationale. Or, il est à préciser que son échec en France récemment, ne laisse pas entrevoir de belles conclusions pour notre jeune nation fortement clairsemée par les replis identitaires.

 De cabales médiatiques en cabales politiques, le discours journalistique récurrent qui s’abat sur Maixent Accrombessi, Liban Soulemane, Eric Chenel et bien d’autres encore se déverse douloureusement sur les autres populations étrangères vivant au Gabon. Ces dernières, bien que silencieuses, se sentent de plus en plus stigmatisées. Ce qui n’est pas sans laisser de séquelles. Ainsi, l’étranger devient une menace et la famille Le Pen de France devient une référence dans les discours des gabonaises et des gabonais. La crise politique commence à avoir des tentacules faisant émerger des extrémismes.

Enfin, sur la liste des divisions qui constituent le garant idoine pour l’entrée dans l’ultime arène, la guerre, il y a les divisions suscitées par le zèle politique de certains. En effet, échanger ou fréquenter un compatriote ayant une conception de la chose politique différente de la nôtre est inévitablement traduit comme étant un crime de lèse majesté. A ce sujet, la dernière expression en date est le stratagème que nous a maladroitement offert le porte parole du gouvernement de Paul Biyoghe Mba suite à la rencontre entre Egide Boundono Simangoye et Mba Obame André aux alentours du stade omnisport Omar Bongo Ondimba. Lorsqu’un gouvernement se nourrissant de plus en plus de ragots arrive à tomber aussi bas dans ses prises de positions, il n’est même plus question d’erreurs de casting mais de l’émergence d’un fort désespoir que nous offre notre majorité.

Face à ces nombreux faits mis en lumière qui menacent la paix et la stabilité dans notre pays, et nous basant sur les propos tenus par le candidat président dans son projet de société qui disaient « j’ai également appris combien il était essentiel de préserver la paix et la cohésion sociale, sans lesquelles il est illusoire de réussir toute œuvre de développement national » c’est en toute légitimité que l’on peut se demander : « le changement en faveur du bien être des populations de notre pays serait il définitivement devenu une illusion  ou tout simplement à quand le début des hostilités tant recherchées de part et d’autre? »

Car, nos deux camps en présence semblent avoir compris que la meilleure des défenses, c’est l’attaque.

Par Télesphore OBAME NGOMO




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