jeudi 19 mai 2011

Pourquoi Paul Biyoghe Mba ne réussit pas ?


Le premier ministre du Gabon, Paul Biyoghe Mba peine de plus en plus à sortir notre pays du gouffre dans lequel il semble être prisonnier et ce, malgré les quelques efforts qui sont engagés par ci et par là.

Bien évidemment, pour comprendre le cas « Biyoghe Mba », il faut comprendre la pensée de Louis Gaston Mayila qui dit : « les gabonais en général, avant d’analyser les causes d’une situation ou d’un problème pour mieux les résoudre, aiment se jeter corps et âmes sur les conséquences ».

Aussi, il serait intéressant de rechercher les causes premières de l’échec du premier ministre du Gabon. En effet, Paul Biyoghe Mba a été l’objet d’un choix politique. Autrement dit, il n’a pas été sélectionné parmi les potentiels candidats à la primature pour ses compétences d’abord ou pour ses capacités à conduire les projets de notre pays. Sa nomination fait suite au départ condamnable de Jean Eyeghe Ndong et sa reconduite répondait aux mêmes exigences que son entrée à la primature.

C’est dire que l’actuel premier ministre a servi de moyen pour canaliser ou limiter que le vote fang soit trop important en défaveur de notre majorité. Et son influence dans la province de l’Estuaire a joué un rôle majeur car elle n’était pas négligeable. De ce fait, il s’est plus attelé à courtiser les hommes qu’à rechercher une amélioration des conditions de vie des populations de tout le pays. Or, l’inverse lui aurait garanti une popularité incontestable.

Pour confirmer l’état d’esprit qui justifie la présence de Paul Biyoghe Mba à la primature, il suffit de savoir combien de voyages à caractère professionnels ce dernier aurait effectué à destination de l’intérieur du Gabon depuis sa présence à la tête du gouvernement ? Pourtant nous ne trahisons pas un secret si nous disons que Bikele, son fief natal, est bondé de monde tous les week end.

Sa mission étant quasiment accomplie après l’élection présidentielle, il allait de soi qu’il soit récompensé à la hauteur du travail réalisé d’autant plus que Mba Obame André a raflé la mise chez les hommes d’Engong. Il était risqué pour le Chef de l’exécutif de mettre quelqu’un d’autre à la place de Paul Biyoghe Mba en ces temps troubles, malgré ses incapacités à répondre aux attentes des populations. Le maintien des équilibres étant devenu une véritable urgence, le prince de Bikele pouvait désormais dormir en paix, son fauteuil n’était pas menacé pour le moment.

Cependant, il faut quand même préciser que l’incapacité du premier ministre à répondre aux questions politiques va être une des raisons qui justifiera son échec mais surtout son départ à la retraite.
De manière subtile, nous tombons pieds joints dans les différents pièges qui nous sont tendus par l’opposition version Union nationale. Mba Obame André et Zacharie Myboto ont compris que pour bousculer les équilibres établis en terme d’électorat, c’est à la capitale, la terre de prédilection de Paul Biyoghe Mba, qu’il faut mettre en exergue toutes les théories qu’ils ont savamment pensé.

L’idée de se transformer en victime voire en martyr fait partie des étapes programmées par nos compatriotes de l’Union Nationale. D’où l’insistance de Mba Obame André sur le fait de « l’acte politique » posé. La finalité de cette histoire auprès de l’électorat de l’Estuaire ne sera certainement pas de dire, Ali Bongo a arrêté Mba Obame André ou que c’est Guy Nzouba Ndama qui a fait perdre au député de Medouneu son immunité mais que c’est Paul Biyoghe Mba, le premier ministre qui a engagé la demande et ainsi a fait reculer la démocratie en ramenant les emprisonnements politiques. Il n’y a qu’à revoir méticuleusement l’intervention du président de l’assemblée nationale lorsqu’il recadrait Paul Biyoghe Mba sur la perte de l’immunité parlementaire de Mba Obame André.

La boucle étant bouclée, Mba Obame André ayant atteint son but : devenir un martyr vivant, Paul Biyoghe Mba pourra être certain d’être accusé par les tireurs de ficelles dans l’ombre et par le peuple en quête des valeurs démocratiques. De ce désaveu populaire, il n’aura plus qu’à mettre les mains sur la tête puis faire ses valises pour Bikele. La politique au Gabon est un terrain où le vice s’est érigé en valeur première. Si Paul Biyoghe Mba ne l’a pas vu, il est plus que certain qu’il ne verra plus jamais rien.

Son échec dans la gestion de la question politique de Mba Obame André peut et risque de lui être fatale au moment où on parle de plus en plus d’élection législative et de véritables méthodes démocratiques. Qu’il relise profondément la fable de la Fontaine intitulé « le voleur et l’âne » pour mieux comprendre le sort qui lui est réservé et le vice de ce stratagème.

En deux ans, nous avons laissé Mba Obame André changer l’image que le peuple avait de lui avant le décès d’Omar Bongo. De plus en plus, on le dissocie de son passé fraternel avec le président de la République où Ali Bongo est fait passé pour le méchant quand André Mba Obame passe pour le bon voire le saint. Cette étape réussie, désormais, il mise sur les échecs des différents projets annoncés pour s’enquérir le soutien des autres couleurs ethniques du Gabon.

En effet, il faut dire que tous les gabonais des quartiers pauvres vivent les mêmes galères. C’est pourquoi, ses amis et lui martèlent à longueur d’occasion sur les effets d’annonce ou les annonces sans effets et l’amateurisme. Ce qui donne plus de poids à leurs déclarations intempestives. Par conséquent, les actes que nos adversaires posent de manière méthodique et calculé leurs permettent de gagner à chaque fois un bout de confiance du peuple, toutes ethnies confondues.

Le troisième élément qui nous fait dire que Paul Biyoghe Mba court vers l’échec est le fait de son entourage, ses collaborateurs. Malgré les nombreux échanges indésirables entre la maison mère et la primature, le premier ministre n’a pas compris que la correction de son casting dans son cabinet s’impose. En matière de communication et de stratégie du cabinet du premier ministre, on ne peut plus nul. Si le palais du Bord de mer vient à recadrer voire désavouer publiquement la primature, il faut un moment donné laisser ses valises à Bikele et s’interroger. C’est le B.A BA de ce qu’un collaborateur consciencieux aurait pu lui dire s’il voulait de son bien ou de son maintien à cette place.

A nouveau, il ne sera pas de trop de lui rappeler que les courtisans sont comme les mouches à merde, ils adorent se poser sur la nouvelle crotte. Si Paul de Bikele ne l’a pas également compris, on peut être sûr que désormais, il comprendra très peu de chose.

Sur la question du feuilleton politique  de Mba Obame André, les Ponce Pilate seront nombreux après coup. Certains hommes politiques au Gabon, de moins en moins crédibles du fait de leur bon vouloir, ne pourront espérer meilleure sortie politique que la primature. Donc, malgré nos désaccords avec la politique de Biyoghe Mba, un seul mot peut lui être donné en guise de conseil : vigilance.

Nous ne cesserons de dire que Paul Biyoghe Mba n’a pas été le meilleur choix pour la primature face à notre volonté de changement. L’absence d’actes concrets en vue du développement de notre pays confirme cette idée. Mais ce n’est pas une raison pour laisser un compatriote être jeté dans la gueule du lion par ceux là même qui ne feront certainement pas mieux que lui et qui sont les chantres de la coalition qui va à l’encontre des axes de notre projet de société.

Avec l’électorat de l’Estuaire en crise ou en mouvement, Paul Biyoghe Mba devra comprendre que les raisons politiques qui ont conduit à son choix pour la primature ne se justifieront plus. Sa principale défaillance qui explique ses échecs est son incapacité à prévoir ou à anticiper. Et le fait qu’il ne parvienne pas à gérer pacifiquement et courageusement la crise politique qui sévit dans l’Estuaire pour le moment, risquera de lui coûter une fin méprisable. Et que même le soutien inconditionnel que nous aurons pu lui apporter pour la Présidence de l’assemblée nationale où certainement, il s’épanouirait mieux, il ne pourra même plus l’espérer.

Ne dit on pas que la fin d’un homme n’est que le reflet de sa vie. 

Par Télesphore OBAME NGOMO

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