dimanche 15 mai 2011

L’état de grâce du Président de la République tend à sa fin


Selon de nombreux spécialistes en politiques, principalement ceux retrouvés dans le domaine du journalisme, l’état de grâce est d’abord une expression religieuse, avant de désigner le moment de la vie politique pendant lequel l’opinion publique d’un pays est majoritairement favorable aux nouveaux dirigeants qui viennent d’accéder au pouvoir suite à une élection. Ils parlent aussi et de plus en plus des « 100 premiers jours ».

Dans le cadre du Gabon, du fait d’un mandat qui dure sept (7) ans, l’état de grâce d’Ali Bongo Ondimba et de ses collaborateurs a été estimé à deux (2) ans, les « 100 premiers jours » n’étant ni suffisants, ni convaincants pour tirer des conclusions même si de nombreux compatriotes ont pu se faire une opinion de la suite des évènements.

En effet, le plus important ne réside pas tant dans les mécanismes qui nous ont amené à porter notre choix sur deux années mais beaucoup  plus sur l’état d’esprit dans lequel se trouvent les populations gabonaises et leurs dirigeants à l’issue de ces deux premières années d’exercice d’Ali Bongo Ondimba comme Président de la République.

S’il avait été difficile d’estimer l’état de grâce du Président Omar Bongo Ondimba du fait de sa longévité au pouvoir, il faut quand même dire que le personnage a réussi dans son ambition politique qui s’appuyait sur le triptyque : dialogue- tolérance- paix. Et, tout au long de ses mandatures, le défunt président avait scrupuleusement respecté ce projet politique où il avait réussi à surfer sur des mécanismes les plus inimaginables. Mais comme il est bien dit : « la fin justifie les moyens ». Le dialogue, la tolérance et la paix étaient toujours au menu de sa gestion de notre pays.

Par ailleurs, en ce  qui concerne le cas du Président de la République, Ali Bongo Ondimba, qui a basé son projet politique sur le triptyque : paix- développement- partage, le peuple gabonais peine à voir ne serait ce que les signaux annonciateurs de lendemains meilleurs.
En matière de paix, malgré les gymnastiques politiques tape à l’oeil vraiment inutiles le climat politique se dégrade davantage. Les décisions politiques prises par notre majorité semblent se confondre dans un genre stalinien et sarkozien : radicalisme, précipitation, diversion, enfantillage,…

Sur le plan du développement économique, le candidat président Ali Bongo Ondimba qui a longtemps sillonné dans les sphères du pouvoir, avait su prendre, à travers le constat rendu public, la mesure de l’échec d’Omar Bongo Ondimba dans le domaine économique mais aussi l’urgence d’y apporter des solutions concrètes. C’est d’ailleurs cette raison qui semble la plus  crédible pour justifier les nombreux voyages d’affaires qu’il entreprit durant sa première année d’exercice.

Etant moins habile que son prédécesseur dans le domaine politique, le constat qui s’impose est celui qui nous permet d’affirmer que le Président de la République a assisté passivement à la dégradation du climat politique sans pour autant tenir un discours ferme de recadrage. Et ce malgré les quelques sorties de recentrage entreprises par les différents porte paroles de la présidence de la République, Guy Bertrand Mapangou puis Clémence Mezui. Ces interventions successives nous ont conduit à soutenir que le gouvernement prend assez souvent des décisions sans que le Chef de l’exécutif n’y soit associé conformément à l’article 8 de la Constitution. N’est ce pas une forme d’usurpation de rôle qui ne dit pas son nom puisque le terme « coup d’état » semble faire peur à la République?
Ce constat permet déjà de désigner un des premiers responsables de la défiance du peuple à l’égard de la politique d’Ali Bongo Ondimba. Et cette situation donnant plus qu’un goût d’échec s’est accentuée avec les nombreux effets d’annonces du gouvernement de Paul Biyoghe Mba conduisant de plus en plus à des annonces sans effets. Bien évidemment, le grain de sel indésirable, inutile et provocateur de l’opposition version Ex Union Nationale n’est pas toujours venu arranger les choses. Au point où les partisans de cet ancien parti dissout maladroitement par le ministre de l’intérieur de Paul Biyoghe Mba s’amusent nuit et jour à psalmodier le concept « d’amateurisme » pour désigner l’action du gouvernement.

Au-delà des provocations incessantes de l’opposition conduite par Zacharie Myboto et Mba Obame André, alimentées par leurs sbires dont le plus zélé reste un dénommé Jean Pierre Rougou  qui outrepasse sans état d’âme et de plus en plus le rôle qui leurs est attribué en versant systématiquement dans la parodie et la moquerie des actions menées par le Chef de l’Etat, nous pouvons souligner en guise d’exemple la question problématique des cinq mille (5000) logements par an promis par Ali Bongo Ondimba. 

Comment parler de développement économique dans ce domaine phare de la politique du Chef de l’Etat quand on voit qu’il y règne un flou artistique ? Il n’y a aucune lisibilité perceptible dans ce dossier.

L’ancien ministre de l’habitat et actuel ministre de la défense avait justifié l’incapacité ou l’impossibilité (c’est selon) de construire les premiers 5000 logements en 2010 du fait des préalables à mettre en place notamment la viabilisation des parcelles en promettant ainsi 10.000 logements en 2011 pour rattraper le retard accusé. Cette excuse paraissant être justifiée, le bénéfice du doute fut accordé au ministre de Paul Biyoghe Mba.

Cependant, la réalité qui ne veut garder le peuple gabonais prisonnier plus longtemps, nous amène à constater que l’actuel ministre de l’habitant, Blaise Louembet dispose d’un budget largement inférieur (28 milliards de francs CFA) que celui possédé par son prédécesseur (58 milliards de francs CFA). Comment fera t-il pour construire les fameux 10.000 logements annoncés par le ministre Rufin Pacôme Ondzounga quand à nouveau il est remis sur le tapis la question de la viabilisation des parcelles à hauteur de 7 milliards de francs CFA par l’actuel ministre de l’habitat ? Qu’a-t-on fait comme réalisation avec le budget de l’année 2010 pour préparer la construction des 10.000 logements promis en 2011 ?

Voici un élément simple et clair qui fait perdre du crédit au Président de la République pour la suite de son mandat et surtout quand on sait que ces annonces ont été faites devant les chaînes étrangères lors des festivités du cinquantenaire de notre indépendance.
Dans ce genre de réalités, lorsque des citoyens gabonais convaincus qu’un changement quelconque était possible se retrouvent confrontés à de telles inepties, il va s’en dire que le malaise séduit le peuple gabonais dans sa grande majorité et le découragement  ne lui lâche point les basquets.

En plus il faut dire que dans la question des 10.000 logements attendus cette année comme annoncée en 2010 par Rufin Pacôme Ondzounga, l’effet boule de neige est vite arrivé. Le citoyen lambda n’ayant pas eu la possibilité ou le privilège de fréquenter à l’université de Kougouleu se dira tout simplement si nous n’avions pas eu les 5000 logements en 2010, puis les 10.000 logements en 2011, ce ne sont pas les 15.000 logements que nous allons avoir en 2012. D’où l’émergence de la disgrâce pour notre majorité.

Ensuite, après avoir décortiqué les deux premiers éléments du triptyque présidentiel dont les conclusions semblent insatisfaisantes, regardons ce qu’il en est du « partage ».

C’est dans l’axe 9 du projet de société « l’Avenir en confiance » que le candidat président Ali Bongo Ondimba a le plus développé sa conception du partage. En effet, il promettait à travers ce point de son projet de lutter contre les inégalités, la pauvreté et l’exclusion. Sans vouloir attendre un rapport objectif des services sociaux de l’administration gérée par Paul Biyoghe Mba, qui risqueront d’être juge et partie à la fois, nous nous limiterons à ce que nos yeux nous montrent au quotidien.

Le constat est sans appel : la pauvreté et la fatalité semblent prendre des proportions démesurées au cœur de nos populations.

Les faits qui accablent le gouvernement sont : le retrait désorganisé et inexpliqué des bourses aux étudiants gabonais, les problèmes d’eau et d’électricité dans le pays, la cherté de la vie au Gabon, le fonctionnement lapidaire de nos hôpitaux, les résultats catastrophiques aux examens, etc. Autant d’indicateurs qui ne nous conduiront pas à demeurer dans un avenir en confiance malgré la volonté affichée par le Chef de l’Etat et les dons faits par la première dame, Sylvia Bongo Ondimba. Hélas, c’est le lieu de rappeler qu’à ce stade des choses, la réalité nous démontre que la simple volonté d’un seul semble avoir atteint le paroxysme de ses limites.

Et puis, on peut encore ajouter à l’échec de l’idée de « partage » souhaitée par Ali Bongo Ondimba, les scandales financiers impunis comme celui des 7 milliards 920 millions de francs CFA de l’assemblée nationale, la mauvaise gestion des ressources financières liée à la CAN 2012, le coût exorbitant des dépenses lié au cinquantenaire de l’indépendance où l’éphémère a pris le pas sur des réalisations durables. On peut alors se demander que faut il retenir des festivités du cinquantenaire sinon celui des feux d’artifices qui symbolisent parfaitement la conception que l’on peut garder de cet évènement : le cinquantenaire, un véritable artifice de feu pour le Gabon.

De ces observations, l’état de grâce de notre majorité, défini précédemment, nous laissera davantage sur une note pessimiste quant à la suite des évènements si le Président Ali Bongo Ondimba ne prend pas rapidement trois décisions capitales :

1. Une recherche urgente et permanente de l’apaisement politique au Gabon : En nous appuyant sur des stratégies de développement qui ont fait leurs preuves ailleurs, souvenons nous que pour le général De Gaulle, il était impossible d’élever la France au rang de grande puissance économique si dans les anciennes colonies il n’y régnait pas la stabilité politique.

2. Une véritable correction des erreurs de casting basée sur des choix objectifs: c’est sans crainte aucune que nous affirmons que les collaborateurs du Chef de l’Etat ont failli à plusieurs de leurs missions et à plusieurs niveaux de responsabilité. Ils nous ont offert un foisonnement d’incohérences et d’erreurs qui nous amenèrent à penser que nombreux sont ceux qui séjournent aux côtés d’Ali Bongo Ondimba qui sont également à l’origine de la mise en place d’une stratégie en vue du refus de changement du système de gouvernance qui empeste nos quotidiens. Les nombreux actes posés par certains membres du gouvernement et certains collaborateurs du Président de la République parlent plus fort que leurs discours de courtisans.

3. Une prise en compte systématique des revendications du peuple : c’est le moyen le plus sûr pour garantir un service de qualité et bien adapté. Ainsi Ali Bongo Ondimba pourra se construire une légitimité, déstabiliser l’opposition version Ex Union nationale, réduire les ambitions démesurées et injustifiées de Pierre Mamboundou Mamboundou et garantir une sérénité dont le pays à fortement besoin aujourd’hui.

Si le Chef de l’Etat parvient à épouser ces trois points, il aurait fait en quelques jours ce que notre majorité à laquelle il appartient n’aurait pas su faire en presque deux ans voire quarante quatre ans.

Par Télesphore OBAME NGOMO
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