vendredi 20 mai 2011

Ali Bongo et André Mba Obame en passe de subir la foudre de leurs vieux ennemis


A regarder scrupuleusement le feuilleton « André Mba Obame » et les réactions de notre majorité, nous ne nous faisons plus aucun doute, c’est Ali Bongo qui est finalement visé.

Comme bien des fois, nos analyses ne sont pas encore parvenues à souffrir du syndrome de la tromperie, c’est alors que nous affirmons sans le moindre doute que dans l’affaire « André Mba Obame », c’est le Président de la République qui risque de trinquer, et peut être au prix fort : à ce stade de la crise, toutes les hypothèses sont maintenant à mettre sur la table. La stratégie relève d’une grande subtilité et il suffit de bien agencer méticuleusement les différents éléments du dispositif pour comprendre que derrière le scénario mis en place pour en découdre avec André Mba Obame, c’est Ali Bongo qui y laissera certainement plus de plumes.

Au départ, nous lisions l’affaire d’André Mba Obame comme une simple agitation politique, où l’opposition à l’africaine joue parfaitement son rôle : la distraction, l’ingouvernabilité, etc. Et donc, le film qu’on peut intituler à juste titre « AMO, l’épine d’ABO » n’était qu’une simple affaire politique où André Mba Obame, connaissant parfaitement ses anciens amis, a misé sur les méthodes post électorales d’apaisement jadis utilisées avec Omar Bongo Ondimba pour tenter de s’offrir une parcelle de pouvoir avec ses nouveaux amis regroupés aujourd’hui au sein de l’Union Nationale.

Malheureusement, AMO a certainement oublié que c’est Omar Bongo Ondimba qui conseillait ses conseillers. Et que même ceux qui étaient susceptibles de pouvoir reproduire  les schémas d’aguichage des opposants politiques ne voient plus la porte du palais du bord de mer. Donc, tous les plans et mécanismes de dialogue et de tolérance, Omar Bongo semble les avoir emporté avec lui à l’Orient éternel. Il ne fallait pas alors compter sur les anciens collaborateurs du défunt président restés au côté du nouveau pour que les mêmes méthodes d’apaisement soient appliquées en cas de crise au Gabon. Autrement dit, pour comprendre le sens d’un acte politique d’une telle résonance.

En plus, AMO semble également avoir oublié qu’Ali Bongo et lui ont toujours exaspéré la classe politique gabonaise avec leur courant des rénovateurs. Et que, s’ils avaient toujours eu la vie sauve, c’était grâce au bouclier que représentait leur père, Omar Bongo Ondimba. Ce qui nous amène à nous rappeler de la phrase symbolique d’un homme politique français qui disait : « tu commences à comprendre la vie que lorsque tu perds ton père ou ta mère ». Omar Bongo Ondimba n’étant plus, tous les coups sont désormais permis et nos deux compères vont maintenant en prendre pour leur compte.

Pour le premier, Ali Bongo Ondimba, dont notre inquiétude se fait grandissante au fil des actes posés par notre majorité dans ce feuilleton, il est quand même bien étrange que par un coup de baguette magique, il soit subitement devenu le chouchou de ceux là même qui crachaient sur lui  à longueur d’occasion. Est-ce Omar Bongo Ondimba, son père qui demandait au sein de ne pas l’aimer ? Sommes nous finalement tentés de nous demander. Le même constat est d’ailleurs transposable dans le cadre de l’opposition avec André Mba Obame. Le couple Eyeghe Ndong –Myboto- André Mba Obame n’a-t-il pas fait sourire plus d’un ? N’est ce pas là une preuve de pur cynisme politique à la gabonaise? Bref…

Comme toute division, la mésentente entre les deux frères, qui ont toujours eu les mêmes ennemis, a entraîné une fragilité perceptible de l’un comme de l’autre. Il va s’en dire que nos deux anciens amis devront apprendre à se battre chacun de son côté. Ali Bongo encore plus, car c’est lui qui tient les commandes du Gabon et qu’il est obligé de coopérer avec ses anciens détracteurs. De ce fait, il est plus facile de croire qu’André Mba Obame et Ali Bongo soient devenus des ennemis que de penser qu’Ali Bongo est véritablement et sincèrement apprécié par ses anciens pourfendeurs. D’ailleurs, c’est ce passé conflictuel entre lui et ses « soit disant » nouveaux amis qui tente de justifier sa proximité et sa préférence pour les gabonais d’origine étrangère. André Mba Obame ayant fait le choix d’un autre chemin.

Mais dans cette lutte, l’avantage qu’André Mba Obame a sur son ancien ami est que dans l’opposition, il n’y a rien à partager sinon les beaux discours théoriques. Bien évidemment, il garde toujours ses mêmes ennemis surtout qu’il n’est plus aux affaires. C’est pourquoi, il a moins d’adversaires qu’Ali Bongo Ondimba dans son nouveau camp de bataille politique. Mais, comme  il faut quand même leur faire la peau pour tous les coups bas perpétrés du temps d’Omar, ni l’un ni l’autre n’y échappera. Ainsi, émerge l’idée du chapitre « une pierre, deux coups ».

Comment faire pour le réaliser? C’est la grande question que se posaient à longueur de réflexion les hommes assoiffés de revanche sur nos deux tourtereaux.

Eurêka, s’exaltèrent les grands conspirateurs politiques du Gabon. Ils ne pouvaient mieux espérer comme manne politique que « l’affaire André Mba Obame ». En mettant André Mba Obame au trou avec toutes les conséquences imaginables car nous sortons de la fiction, il entraînera son vieil ami. Voici bientôt deux ans qu’ils ne se sont plus parlés, ils auront certainement des choses à se dire. Mais où : mystères et boules de gomme. Les conclusions du plan serait alors de dire : c’est Ali Bongo qui a fait ceci ou cela à André Mba Obame. Inutile de chercher le coupable. Gabonais, gabonais, votre revanche sur l’histoire peut commencer.

Or, personne n’ignore que les ficelles de cette manigance sont tirées ailleurs par des individus dont le passé en terme de machiavélisme ne surprendrait plus personne. Comme par enchantement, le Gabon ne serait il plus un miroir de verre ? Semblent l’avoir oublié nos bons comploteurs, qui savourent déjà leur victoire car dans cette affaire, ils ont réussi à avoir les deux pour le prix d’un. Pourquoi alors hésiter sur l’application de la basse besogne.

L’objectif est qu’il faille pousser Ali Bongo à commettre la faute, et non plus l’erreur : arrêter André Mba Obame, le faire juger et le faire condamner. Ainsi, le tour sera joué. Mais est ce que les choses vont se passer aussi simplement que le simulacre de procès du général Ntumpa Lebani? L’avenir nous le dira même si nous pouvons déjà prédire que le Gabon, notre pays de paix, pourrait connaître les pires heures de son histoire politique. Les évènements passés doivent nous servir de boussole. Que s’est il passé lors de la mort de Redjambé Joseph en 1990? Quel genre de vote avons-nous eu à la dernière élection présidentielle au Gabon? Quelle est la situation politique en Afrique et en France en ce moment ?

Autant d’indicateurs qui nous invitent à plus de prudence ou de délicatesse dans la gestion de ce dossier même si le dernier communiqué de la Présidence de la République semble ne pas avoir pris en compte ces différents aspects précités. André Mba Obame ceci… les gabonais ne l’ont pas suivi, André Mba Obame cela … les gabonais l’ont ignoré. Encore une de plus, qui vivra verra.

Avec de telles déclarations, il est clair que le Chef de l’Etat ne peut pas voir le coup venir et c’est bien dommage. Ses ennemis d’hier ne peuvent pas soudainement devenir ses amis : voulant le défendre, le protéger, le dorloter alors qu’il y a encore deux ans seulement, les faits étaient tout autre. Difficile à croire, mais bon…paraîtrait il que l’Homme, surtout le citoyen gabonais politisé, a une capacité de changer profondément le temps d’un clignement des yeux.

Ce qui reste une des hypothèses les plus évidentes voire cohérentes est que l’affaire d’André Mba Obame est l’occasion idoine pour beaucoup de se venger des forfaitures deux frères. Surtout que, pour le cas Ali Bongo Ondimba, malgré le fait que certains aient mouillé le maillot pour lui durant la campagne présidentielle, ils ne voient pas les retombées de leur « investissement ». A quoi bon le garder dans ses privilèges, ses honneurs et ses avantages quand nous, nous avons tout perdu. Il est hors de question qu’il garde les siens et pas nous. Dans ce cas, soit tous nous perdons soit il dégage. Il n’est pas question pour lui de continuer sur cette lancée.  Donc, nous devons corriger au plus vite cette grosse erreur de casting. Le moment politique est plus que favorable.

D’ailleurs les arguments sont les suivants :

  1. Ce ne sera certainement pas la France, trop occupée avec ses différents problèmes internes et ses dernières histoires en Afrique qui  pourrait lui venir en aide. Elle n’a ni le temps, ni les moyens, ni l’énergie, ni les arguments pour justifier une énième intervention.

  1.  Dans sa propre famille, il est fort probable qu’il n’obtienne aucun soutien. Ils sont dans la même situation que nous. Cela va bientôt faire deux ans qu’il les a écarté du pouvoir.

  1. Pour de nombreux cadres du Haut Ogooué, sa province natale, se sera l’occasion de tenter de reconquérir le pouvoir et de se venger des multiples humiliations mal acceptées par sa nouvelle garde. Du temps d’Omar, on était plus choyé que ca.

  1.  Au parti, très peu y sont par convictions, et ce ne sont certainement pas les membres du PDG qui ont perdu tous leurs privilèges qui ne vont pas se battre pour les retrouver.

  1. Dans les rangs des amis d’Omar Bongo, il lui sera très difficile d’espérer un quelconque soutien, la plupart sont des caciques et ont quasiment été tous mis au rebu aussi par Ali que par André. Leur sort devra être scellé.

  1. Pour ce qui est de l’armée, l’affaire Ntumpa Lebani et les derniers changements dans les services de renseignements semblent ne pas avoir été digérée. En plus du fait que les cas de l’armée en Tunisie et en Egypte peuvent faire école. C’est pourquoi nous citons jadis et sans cesse le film « Gladiator ». Au moment où Comode sollicitait une arme pour en finir avec Maximus, c’est son chef d’état major qui ordonna de ne pas intervenir. La suite du film est bien connue.

  1. En matière de politique étrangère, il ne faudra pas non plus compter sur les pays limitrophes. Avec Obiang Nguema et Sassou Nguesso, les rapports demeurent sans commentaires. Et ce n’est pas le voisin Paul Biya qui viendra apprendra, avec le cas du Gabon, à se mêler des affaires d’autres pays.

  1. Pour ce qui est de l’Union africaine, elle semble ne pas avoir avalé la signature du Gabon à la résolution du conseil de sécurité qui a servi à pilonner la Côte d’Ivoire et la Libye. Nul n’ignore que c’est le pays de Kadhafi qui finance à près de 40% cette institution. Et, il ne sera pas de trop de rappeler que c’est également Obiang Nguema qui tient encore les commandes de ladite institution.

  1. L’ONU, alerté par la situation tendue qui prévaut au Gabon fera inévitablement la politique de l’autruche. Elle observera que certains engagements pour éviter l’embrassement latent n’auraient pas été respectés. Elle laissera la situation pourrir.

Ainsi, les différents barrières pouvant et devant protéger le chef de l’Etat à terre, il ne les restera plus qu’à passer à l’assaut. Alors, les ennemis des deux frères auraient facilement réussi leur complot en les sacrifiant tous les deux et au même moment. Ils auraient alors assouvi mille et une fois leur soif de vengeance.

Cependant, il restera une grosse énigme à résoudre : qui va assurera la succession une fois la basse besogne accomplie ? Nous retombons dans la fable de la Fontaine intitulé « le voleur et l’âne ». Dans cette histoire, qui se cache derrière le personnage du troisième larron et raflera toute la mise une fois les deux frères écartés? L’histoire nous le dira très bientôt.

Enfin, souvenons nous qu’en réponse à un article rédigé par les défenseurs de la majorité intitulé « Qui sera la première dame du PNUD à Libreville, Gloria Nzila Mika ou Aïcha Sidy », on pouvait lire en conclusion de cette réplique ayant pour titre « Philippique à tous les dégénérés du PDG » : toutes les fois où vous vous en prendrez à André Mba Obame, c’est Ali Bongo Ondimba que vous trouverez. Cette dernière phrase qui se justifie par tout ce qui se passe actuellement dans notre pays ne pouvait nous laisser insensible car nous savons qu’il a toujours été difficile de dissocier les deux hommes. Cela fait plusieurs décennies qu’ils ont toujours eu les mêmes amis et les mêmes ennemis. Le fond de la vérité est là.

Comme dans le film "Gladiator", tous les deux connurent le trépas. L'un gouverna un temps, et l'autre marqua de sa présence (cf déclaration de Barcelone, discours du 25 janvier 2011 et discours aux parlementaires).

Ali Bongo, pourtant capable d'affronter les évènements, va-t-il malgré tout tomber dans ce piège, gros comme une montagne, et pour lequel les conclusions sont plus que prévisibles? 

Par Télesphore OBAME NGOMO










 

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