mardi 20 décembre 2011

Quel sens donné au taux d’abstention élevé des dernières législatives au Gabon?

Désaveu au gouvernement de Paul Biyoghe Mba ou plébiscite du peuple à André Mba Obame?
 
Bien que la Cour Constitutionnelle ne se soit pas encore prononcée sur les conclusions définitives du scrutin du 17 décembre dernier, nous pouvons néanmoins reconnaître que le taux de participation n’est pas des plus satisfaisants si on venait à le comparer à celui qui fut enregistré en 2009 durant la dernière élection présidentielle en terre gabonaise.

En effet, plusieurs raisons peuvent nous amener à justifier ce taux d’abstention assez élevé.

Parmi ces raisons, on peut évidemment citer le cuisant désaveu public et sans commune mesure à la politique du gouvernement actuel dont Paul Biyoghe Mba est le premier responsable. De nombreux gabonais ne se sentant ni concernés et encore moins impliqués dans tout ce qui se fait actuellement sous la conduite du premier ministre et de son équipe gouvernementale ont décidé d’opter pour un « boycott serré et volontaire ».

Autrement dit, pour manifester leur mécontentement à la théorie « des retards utiles » du chef du gouvernement, les gabonais qui estiment que le Gabon a perdu trop de temps pour s’octroyer encore le luxe des retards utiles du prince de Bikele ont tout simplement choisi pour la plupart de ne pas se rendre aux urnes pour se choisir des représentants jugés peu ou pas crédibles, donc incapables de défendre leurs intérêts à l’assemblée nationale.

De ce fait, il va inévitablement se poser la question de la légitimité des nouveaux députés élus avec des scores semblables à ceux du Morena de Luc Bengone Nsi durant les différentes joutes électorales au Gabon. Des scores non représentatifs donc très insignifiants.

Le « boycott serré et volontaire » du peuple gabonais durant cette élection législative fut également en grande partie la conséquence logique et prévisible des actes de barbaries orchestrés à l’endroit des populations de Libreville par les ministres Léon Nzouba, pourtant médecin de formation donc doté d’un minimum d’humanisme ou de philanthropie, et Jean François Ndongou, en principe ministre en charge d’assurer la sécurité des populations gabonaises mais ayant décidé unilatéralement d’œuvrer pour la violation publique et flagrante de leurs droits.

Cette attitude indécente des deux ministres originaires de la Ngounié envers le peuple gabonais et le projet de société du chef de l’Etat n’a pas aidé les candidats du parti démocratique gabonais (PDG) de Libreville voire ceux d’ailleurs à véhiculer les potentialités des ambitions d’Ali Bongo Ondimba pour notre pays. Or, en tant que ministre de l’intérieur, Jean François Ndongou n’ignorait nullement que la plus grande partie du corps électoral du Gabon se trouve à Libreville et qu’en de telles circonstances, la capitale gabonaise se voit très souvent dépouillée de ses potentiels électeurs qui préfèrent se rendre en province afin d’élire le candidat de leur contrée.

Ce vide suscité par les déplacements des populations de Libreville pour l’intérieur a renforcé l’idée d’un taux d’abstention supra élevé. Alors que ce n’est pas vraiment le cas. Devant ce spectacle qui donne plus de force au mot d’ordre de « l’opposition archaïque » et « l’opposition civile », il faut encore remettre en cause la responsabilité du ministre de l’intérieur, certainement trop préoccupé par sa propre situation de candidat, et celle du directeur générale de l’agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences, également en charge de veiller à la crédibilité de la liste électorale. L’absence de vigilance face à des opposants en quête de légitimité fait qu’aujourd’hui les faits se confondent malheureusement avec leurs mots.    

Dans le même état d’incompréhension de la négligence observée dans  le soutien de la politique d’Ali Bongo Ondimba, il est plus que surprenant que Léon Nzouba qui serait, selon certaines langues autorisées, un proche du président de la République ait pu mépriser les enjeux fondamentaux de cette élection et mis à mal la crédibilité du président du Gabon. On n’avait pas besoin d’être sorti de sciences Po ou d’être un fin stratège pour comprendre que les casses brutales, inhumaines et irresponsables entreprises juste avant cette élection déjà bien tendue soient tout simplement suicidaires non seulement pour ses camarades candidats de Libreville que pour l’image du chef de l’Etat.

C’est pourquoi, ayant malheureusement appris sa victoire, le peuple gabonais ne considère pas qu’il ait gagné une quelconque élection à Mouila mais que ce serait tout simplement Maganga Moussavou qui aurait subi une claque politique bien méritée du fait de son inconstance et de son opportunisme frisant la prostitution politique. Aussi, on peut dire que les populations de Mouila n’ont pas eu beaucoup de chances, elles étaient invitées à choisir entre la peste et le choléra. Et de ce qui s’en dégage, il semblerait qu’elles aient opté pour le plus faible mercenaire politique.

Ensuite, le « boycott serré et volontaire » des populations gabonaises fortement prévisibles et également agacées par les méthodes et les théories de gestion de Paul Biyoghe Mba s’est vu accrocher par André Mba Obame et ses anciennes victimes, plus que jamais en quête d’une quelconque gloire.

Nous nous souvenons encore, qu’interrogés sur plusieurs radios et chaînes de télévision juste après que la Cour constitutionnelle ait rendu sa décision quant à la tenue des élections selon le calendrier légal, André Mba Obame et ses nouveaux amis disaient publiquement, fièrement et fermement qu’aucune élection ne se tiendrait au Gabon si la biométrie n’était pas mise en place. N’ayant aucune capacité de pouvoir empêcher la tenue des élections, du fait de leur passif et de leur passé, les leaders de l’opposition se sont tristement rabattus sur « le boycott » ou « le taux d’abstention » prévisibles des populations pour justifier leur incapacité à affronter leurs adversaires ou pour ne pas perdre la face.

Encore une fois de plus, André Mba Obame a réussi à vendre du bluff à ceux qui continuent de croire aveuglément en ses talents de prestidigitateur. C’est pourquoi, nous ne pouvons accepter les conclusions frauduleuses lancées ça et là par les chantres du succès de leur fameux mot d’ordre « restez à la maison le jour du vote ».

Ce nouveau tour de passe-passe discrédite à nouveau les membres de « l’opposition archaïque » et ceux de « l’opposition civile » qui ne sont jamais constants dans leur manière d’agir. C’est d’ailleurs cette réalité qui nous permet d’affirmer que même s’ils avaient été candidats, il n’est pas si certain que les membres de « l’opposition archaïque » et de « l’opposition civile » auraient remporté une quelconque victoire face à la majorité étant donné qu’ils sont faits de la même racine et traînent quasiment les mêmes tares. Le seul avantage qu’on pourrait leurs reconnaître est cette capacité de pouvoir vendre du vent à des gabonais capables de plus de lucidité. Ce que la majorité n’est même pas capable de faire.

Compte tenu de tout ce qui précède, le chef de l’Etat devrait tirer très rapidement des leçons de cette confusion possible et visible entre l’attitude affichée par les populations gabonaises et les « mots » des leaders de l’opposition durant cette élection. En d’autres termes, une certaine symbiose trompeuse semble en effet se lire entre le rejet de la politique de Paul Biyoghe Mba par le peuple gabonais et l’opportunisme acté et démasqué de « l’opposition archaïque » et de « l’opposition civile ».

Cette analyse objective ayant été établie, le président de la République a désormais l’opportunité de réconcilier le peuple gabonais et la politique qu’il souhaite réellement mettre en place en vue du développement de notre pays. La solution immédiate qui viendrait rassurer et protéger  les citoyens gabonais serait l’émergence de premiers signes forts, parmi lesquels, le départ imminent du premier ministre actuel et  des ministres auteurs des casses impréparées ainsi qu’une délocalisation de la primature pour d’autres provinces du Gabon.

Dans la classification de la pertinence de ce changement nécessaire, le Woleu-Ntem sort en tête, suivi du Moyen Ogooué et de l’Ogooué Ivindo et ensuite les différentes provinces dans un ordre à l’appréciation de tout un chacun. Nul doute que cette républicanisation de la fonction de premier ministre, trop souvent restée la chasse gardée de la province de l’Estuaire, sera vivement saluée par le peuple gabonais dans sa grande majorité.

Dans la province du septentrion, René Ndemezo’Obiang d’abord et  François Engongah Owono ensuite semblent présenter les meilleurs profils à même de rehausser la fonction de premier ministre et de matérialiser le projet de société « l’avenir en confiance ». Pour le compte du Moyen Ogooué, Richard Auguste Onouviet et Vincent Mavoungou Bouyou semblent être capables de tourner définitivement la page sombre de Paul Biyoghe Mba à la tête du gouvernement gabonais. Enfin, Rigobert Ickamboyat Ndeka, pioché dans l’Ogooué Ivindo, pourrait conduire efficacement le prochain gouvernement constitué en grande partie de technocrates en vue d’une réelle concrétisation du projet d’Ali Bongo Ondimba, faire du Gabon un pays émergent.

Cet acte fort qu’Ali Bongo est capable de poser très rapidement, bien que ses adversaires en doutent fortement, serait d’ailleurs l’occasion de scier brutalement la branche du Woleu-Ntem sur laquelle André Mba Obame semble confortablement assis grâce au concours de Paul Biyoghe Mba, qui est resté assidu à sa politique politicienne et très attaché à son projet de société qui est de « durer »le plus longtemps à la primature après que son plan pour la présidence de la République ait été mis à découvert.

Avec la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qui pointe à l’horizon et qui a besoin de la participation de tous les citoyens gabonais, le chef de l’Etat ne devrait pas tomber dans le piège de l’opposition qui mise sur le maintien de Paul Biyoghe Mba à la primature pour s’octroyer à nouveau une victoire non méritée à travers un énième appel au boycott pourtant déjà prévisible. De cet enjeu international, il en va de l’image du Gabon tout entier à l’heure d’un bouleversement envisageable de l’échiquier politique français.

Par Télesphore OBAME NGOMO


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