dimanche 11 décembre 2011

La République en danger…


Depuis quelques jours, les pouvoirs publics assistent passivement au sabotage public de la Constitution par un groupe de citoyens constitué pour la plupart d’anciens dignitaires et fossoyeurs de la République.

La délégation conduite par Aristide Jules Bourdès Ogoulinguende sillonne actuellement le Gabon en invitant fièrement le peuple gabonais à ne pas accomplir leur devoir civique qui est celui du vote de ses représentants à l’assemblée nationale.

Or, la Constitution en République gabonaise dans son article 4 stipule : « Sont électeurs, dans les conditions prévues par la loi, tous les gabonais des deux sexes, âgés de dix-huit ans révolus, jouissant de leurs droits civils et politiques ».

Autrement dit, la nation confie à certains de ses membres la mission de constituer un électorat. De ce fait, ceux-ci sont investis d’une fonction importante dans l’Etat. Ils doivent obligatoirement remplir cette fonction.

Dans son ouvrage « contribution à la théorie générale de l’Etat », le juriste René Carré de Malberg écrivait : « l’électorat n’est pas l’exercice d’un pouvoir propre du citoyen mais l’exercice d’un pouvoir de la collectivité. N’ayant qu’une compétence constitutionnelle, le citoyen ne peut exercer cette compétence que dans les limites ou sous les conditions que la constitution elle-même a déterminées ».

Aussi, ce grand juriste français posait à juste titre la question de savoir s’il ne fallait pas considérer comme une infraction à la loi constitutionnelle toute abstention non justifiée. Ainsi, il invitait les pouvoirs publics à mettre en place des mesures répressives pour ceux qui refusaient d’exercer leur devoir de citoyen.

Aristide Jules Bourdès Ogoulinguendé et sa suite, à travers l’esprit de leur caravane, ont librement choisi de défier l’Etat, ce qui est tout simplement inacceptable. Le discours qu’ils tiennent « pas de biométrie, pas de transparence, pas d’élections » est tout simplement un faux prétexte pour justifier leur non participation aux prochaines élections législatives.

Plusieurs pays en Afrique et dans le monde parviennent à organiser des élections dans un esprit républicain. L’exemple du Togo est le plus cité en ce moment. Par ailleurs, certains pays où la mise en place des techniques biométriques avait été considérée comme une fin en soi ont malgré tout accentué la faim de leurs populations quand elle n’occasionnait pas leur fin tout simplement. A ce jour, la Côte d’Ivoire est régulièrement citée pour illustrer « les fausses idées » sur les techniques miracles liées à la biométrie.

En suivant ce périple portant en lui les germes du mal de notre pays, tout citoyen gabonais consciencieux ne pouvait qu’être pris entre la colère et l’indignation.

En effet, la colère du peuple gabonais désireux du changement émanait des discours aux allures de pamphlet tenus publiquement par ces anciens du régime d’Omar Bongo qui, dans une amnésie arrogante se permettaient de faire fi de leurs contributions personnelles dans le bilan catastrophique de la gestion du fils de Basile Ondimba. Est-ce cela avoir le sens de la responsabilité ou de la République ?

Bien évidemment, la réponse à cette interrogation se trouve dans le proverbe disant « on ne va pas demander au chat de changer sa manière de s’asseoir ».

Depuis de nombreuses décennies, les hommes constituant cette caravane n’ont nullement fait preuve d’amour pour le Gabon, et ce n’est certainement pas au seuil de leur fin de vie que l’on pourrait attendre d’eux un quelconque changement étant donné qu’ils dénient aux tenants du pouvoir, leurs anciens collaborateurs et complices dans la destruction des potentialités du Gabon, cette même capacité à épouser l’esprit du changement.

Puis, l’indignation des gabonais responsables ne pouvait qu’émerger lorsqu’on observait les mises en scène à des fins opportunistes de ces leaders devant les tombeaux de ceux là dont ils ont été les bourreaux.

En d’autres mots, il était plus que choquant de voir Zacharie Myboto, grand destructeur de la démocratie dans notre pays, consoler le fils d’Andrien Nguema Ondo, certainement ému de voir le tortionnaire de son père devant la tombe de ce dernier. Ou encore le voir se poser devant la tombe de Simon Oyono Aba’a. On peut imaginer que ce digne fils du Gabon qui repose désormais dans la terre de ses ancêtres a dû se retourner plus d’une fois, rien qu’à l’idée de savoir que Zacharie Myboto allait se tenir devant sa dernière demeure.

De même pour ce théâtre opéré devant le tombeau de Pierre Mamboundou Mamboundou.

Cette irresponsabilité affichée par ces anciens à qui nous devons néanmoins du respect, accouplée à ce manque de retenue prouve bien qu’ils ne sont plus qualifiés pour donner des instructions au peuple gabonais ou des leçons de morale à quiconque. Leur passé et leur passif parlent bien plus fort que leurs « bonnes intentions » qui souffrent aussi bien de crédibilité que de sincérité.

Les situations difficiles que connaît le Gabon aujourd’hui ne sont que les conséquences logiques des actes qu’ils posèrent jadis dans le passé. De ce fait, il serait enfin « sage » de leur part qu’ils laissent les nouvelles générations construire l’opposition et la majorité. Faute de quoi, ils mettraient davantage notre pays dans des situations intenables comme ils le font depuis de nombreuses décennies.

Par Télesphore OBAME NGOMO




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