lundi 12 novembre 2012

André Mba Obame a-t-il finalement opté pour le pire ?


André Mba Obame a-t-il finalement opté pour le pire ?

Le meeting de l’Union Nationale qui s’est déroulé le 10 novembre 2012 au siège de ce parti, sis à l’Ancien SOBRAGA, a permis de clairement identifier qui en est le véritable leader, qui en sont les managers et quel est le réel climat politique qui règne dans le pays.

Durant cette rencontre populaire où les attentes étaient nombreuses et pressantes, la tension est sérieusement montée d’un cran du fait de l’absence remarquée d’André Mba Obame, le principal leader, et du fait que les  managers que sont Zacharie Myboto et Jean Eyeghe Ndong n’ont pas su gommer dans l’esprit des populations venues en masse l’absence d’André Mba Obame.

A cet effet, il convient d’expliquer assez clairement les deux concepts, leader et manager, afin qu’André Mba Obame, Zacharie Myboto et Jean Eyeghe Ndong prennent conscience que la stratégie pour laquelle ils semblent avoir optés et qui cadre parfaitement avec la volonté de leurs principaux partenaires de la communauté internationale ne cadre nullement avec le contexte national en ébullition et qu’elle pourrait justement faire émerger une stratégie parallèle aux conséquences incalculables. Ce qu’ils semblent pourtant vouloir éviter mais qui tend à devenir inévitable si Ali Bongo Ondimba ne revoit pas très rapidement sa collaboration avec le conglomérat des étrangers étranges et si les leaders de la société civile ne viennent pas temporiser l’overdose de frustrations et de courage qui possèdent les corps et les esprits de nombreux gabonais.

Selon un article devenu célèbre et écrit en 1977 par le professeur de psychologie sociale à l’université Havard, Abraham Zaleznik, un leader serait un visionnaire tandis qu’un manager, un dirigeant proche du terrain.

Autrement dit, un leader sait ce qu’il faut faire quand un manager sait seulement comment le faire. Un leader est tourné vers l’avenir quand un manager se concentre sur le présent. Un leader apprécie le changement quand un manager préfère la stabilité. Un leader privilégie le long terme quand un manager s’oriente vers le court terme. Un leader est engagé dans une vision tandis qu’un manager, soucieux des règles et des réglementations, est  concentré sur la procédure. Un leader chercherait à connaître « le pourquoi » lorsqu’un manager s’attèlera à connaître « le comment ». Un leader sait déléguer alors que le manager veut tout contrôler. Un leader simplifie toujours quand le manager court toujours après la complexité. Un leader se fie à son intuition quand un manager s’appuie sur le raisonnement logique. Enfin, un leader tient compte de l’environnement social au sens large quand le manager se limite davantage à ce qui se passe dans sa sphère d’action.

En observant le rôle des principaux dirigeants de l’Union Nationale, il est incontestable qu’André Mba Obame joue le rôle de leader quand Zacharie Myboto et Jean Eyeghe Ndong occupent hautement le rôle de manager. Et ce que beaucoup considèrent comme un meeting inhabituel de l’Union Nationale s’explique par le fait que, dans un contexte aussi ambiant et bouillonnant, Zacharie Myboto et Jean Eyeghe Ndong n’ont pas su sortir de leur rôle de manager qu’ils ont pleinement joué à un moment où le leader était vivement réclamé.

En effet, durant la convalescence longue d’André Mba Obame avec qui nous avons pu directement échangé, Zacharie Myboto et Jean Eyeghe Ndong pour ne citer que ces deux hauts cadres de l’Union Nationale ont su tenir la détermination des foules en haleine. Puis, ils ont également su réaliser un véritable travail de dédiabolisation de l’opposition en général et de l’Union Nationale en particulier, avant de faire comprendre à la majorité du peuple gabonais que la situation pathétique et scandaleuse du Gabon n’était pas une question ethnique mais un problème d’éthique républicaine, d’autant plus qu’il y a autant de pauvres dans le Sud que dans le Nord du pays, que les nzébi, les punu ou les obamba vivent les mêmes difficultés que les fang sinon pire, que les forces de l’ordre connaissent les mêmes souffrances que le reste du peuple sinon pire, etc.

Ce travail de démocratie participative qui, d’un œil d’observateur averti, n’est pas à négliger et d’ailleurs on voit bien qu’il porte bien ses fruits car, nombreux sont aujourd’hui les citoyens gabonais déterminés et courageux qui seraient prêts à sacrifier leur vie pour le bien être du plus grand nombre quand d’autres diraient pour la libération du Gabon des mains du PDG et des étrangers étranges, arrogants, incompétents et impopulaires.

Réuni pour la circonstance après que le leader ait moult fois averti que des mots d’ordre clairs en ce temps de crise seront lancés du fait d’un endurcissement injustifié du pouvoir, puis après la fin de l’échéance de l’ultimatum prononcé par le manager Zacharie Myboto, le peuple présent et prêt attendait que le leader passât  à la suite logique d’un processus de changement face à une gestion du pays digne d’une production artisanale d’aguidi. Mais hélas, son absence a régné sur l’atmosphère surchauffée et les managers à travers la teneur de leurs discours respectifs n’ont pas compris que leur mission dans cette phase du combat était terminée et qu’ils se devaient désormais d’attendre de poursuivre leur rôle à la prochaine étape. Ce qui a naturellement suscité de vives réactions qui auraient pu être dramatique pour leur vie car, quand on décide de poser une marmite sur le feu, il faudrait évidemment s’attendre à ce qu’elle chauffe au point de brûler l’individu imprudent.

En d’autres mots, Zacharie Myboto et Jean Eyeghe Ndong doivent très sincèrement remercier le ciel d’être passé à côté d’un lynchage public. En même temps, il faut dire qu’André Mba Obame aurait pu subir le même sort s’il avait été là et tenu un discours digne d’un manager. Peut être que, seul son état de santé encore frileux l’aurait sauvé d’un lynchage populaire mais pas d’une pluie diluvienne d’injures bien méritée. Par la même occasion, le peuple en transe lui aurait non seulement conseillé de passer la main mais surtout aurait pris conscience qu’il ne pouvait désormais compter que sur lui-même. Ce qui ouvrirait la brèche à une multitude d’actions individuelles spontanées que le pouvoir en place devrait vraiment craindre car c’est lui qui aurait tout à perdre.

Par conséquent, on ne peut que souligner la légitimité des interrogations du peuple lorsqu’il se demande s’il faille toujours compter sur André Mba Obame dont l’état de santé continue de demeurer un véritable mystère semblable à la question de l’œuf et la poule qui serait né avant? Ou, était ce finalement la stratégie d’André Mba Obame, de Zacharie Myboto et de Jean Eyeghe Ndong qui visiblement semblent ne pas avoir envie de porter la responsabilité de l’exacerbation des violences indispensables pour affronter la piteuse gestion du pouvoir en place depuis 44 ans, de laisser le peuple gabonais engagé des initiatives personnelles aux conséquences souvent incalculables ?  

Autrement dit, André Mba Obame aurait-il clairement opté pour le pire ?

Sa parole ou ses explications sont plus que jamais attendues dans les tous prochains jours avant que le peuple ne décide de le disqualifier et de devenir son propre leader.

Par Télesphore OBAME NGOMO 




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