jeudi 16 août 2012

Inutile de brandir le torchon du tribalisme : il ne séduira plus personne…



La crise profonde qui accable les populations gabonaises risque de s’aggraver si l’idée d’une conférence nationale souveraine n’est pas rapidement acceptée. Depuis trois ans, de nombreuses alertes et conseils pertinents avaient été prodigués au pouvoir qui a préféré naviguer dans l’entêtement et l’aveuglement. Récemment, des mesures d’urgence avaient été proposées avant le retour d’André Mba Obame pour tenter d’apaiser la crise qui empêche aux Gabonais de vivre dans la quiétude. Une fois de plus, certainement la fois de trop, le  pouvoir a brillé par l’arrogance et le mépris de gens qui voyaient le danger arrivé. Maintenant que nous y sommes, que ce pouvoir accepte désormais qu’il a perdu la face car, aucun pouvoir n’a résisté au soulèvement du peuple.

Mobutu du Zaïre, Pascal Lissouba du Congo voisin, Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire, Ben Ali de Tunisie, Hosni Moubarak d’Egypte, Mouammar Kadhafi de Libye en ont fait les frais et certainement très bientôt Bachar Assad de Syrie.

La situation dramatique qui frappe les populations gabonaises et pourrait mettre hors du pouvoir  ses dirigeants n’est que la conséquence logique du refus d’écouter et du choix de couper la branche politique sur laquelle il était confortablement assis au profit d’une branche inexistante. De ce fait, il est inutile de brandir le pétard définitivement mouillé du tribalisme. Il ne prendra pas comme il n’y a que les chiens boiteux qui font désormais peur aux poules.

André Mba Obame comme n’importe quel leader politique sérieux et modestement intelligent qui veut du pouvoir ne pouvait cracher sur une telle aubaine politique : écouter attentivement les revendications de peuple gabonais et se battre résolument à ses côtés pour l’aider à bénéficier de meilleures conditions de vie.

De cette assertion, le tribalisme n’a pas sa place car il s’agit là de revendications légitimes du peuple qui souffre vraiment pendant que les moyens financiers ne manquent pas mais qu’ils sont mal orientés. Autrement dit, ils sont distillés vers des choix inexplicables et totalement impertinents. Ces choix moult fois dénoncés car aussi bien futiles qu’inutiles.

Omar Bongo Ondimba, le défunt président du Gabon, avait basé son pouvoir sur cinq piliers qui se retrouvent aujourd’hui complètement à terre. Et c’est l’occasion de rappeler aux amnésiques du pouvoir que c’est uniquement sur la base de ces piliers qu’en 2009 le sommet de l’Etat n’avait pas pu échapper aux mains du parti Démocratique Gabonais.

Avec Omar Bongo Ondimba, il s’agissait d’une gestion du pouvoir organisée sous le modèle suivant : d’abord avec sa famille, puis avec son clan, puis avec sa province natale, ensuite avec l’élite gabonaise qui bondait les loges maçonniques quand la masse remplissait les rangs du parti au pouvoir, et enfin avec ses réseaux à l’international.

Aujourd’hui, tous ces piliers qui soutenaient le pouvoir ont bêtement été détruits par une gestion scabreuse de l’Etat où l’humiliation, l’arrogance, l’incompétence et l’entêtement demeurent les seuls maîtres mots. Faut-il encore rappeler que des individus ne défendent un pouvoir que lorsqu’ils y ont des intérêts ? Quel est l’intérêt pour toutes ces personnes qui ont favorisé l’ascension au pouvoir d’Ali Bongo de se battre à ses côtés aux temps froids alors qu’aux temps chauds c’est une petite bande de copains qui faisait la pluie et le beau temps ? Par conséquent, le repli identitaire ou l’argument du tribalisme ne prendra pas bien au contraire, il va être fatal au pouvoir.

Est-ce un fang qui a parlé d’erreurs de casting en 2010 et qui les a néanmoins encouragé en prônant l’incompétence des étrangers étranges? Est-ce un fang qui a dégagé tous les hauts cadres du Haut-Ogooué finalement accusés injustement de mauvaise gestion, quand on voit que ceux qui les ont remplacé n’ont pas fait mieux ? Est-ce un fang qui a placé une brochette puante d’étrangers étranges, arrogants, incompétents et impopulaires au sommet de l’Etat ? Est-ce un fang qui maintient Maixent Accrombessi à son cabinet alors qu’il ne lui apporte rien sur le plan politique et stratégique en même temps que ce dernier passe son temps à humilier les hauts dignitaires de ce pays ? Est-ce un fang qui accepte qu’un incompétent comme Maixent Accrombessi qui sort de nulle part vienne diriger le Gabon ? Est-ce un fang qui a empêché le pouvoir actuel de se doter d’une nouvelle image que celle de receleur, de détourneur de deniers publics, de dictateur ? Est-ce un fang qui a limogé de nombreux hauts cadres de l’administration du fait de leurs orientations politiques ? Est ce un fang qui ne permet pas aux populations de jouir d’hôpitaux modernes avec un personnel mieux rémunéré ? Est-ce un fang qui a organisé une course nautique alors que les gabonaises et des gabonais manquent d’eau potable et d’électricité ? Est-ce un fang qui a préféré dépenser des centaines de milliards pour des voitures de luxe alors que le Gabon n’a pas de routes, donc d’espaces où elles peuvent circuler ? Est-ce un fang qui a empêché la construction de logements sociaux pendant que des milliards de francs ont été dépensés pour acheter des biens immobiliers à Paris, aux Etats-Unis, au Maroc, en Afrique du Sud… ?

Est-ce encore un fang qui a dépensé des milliers d’euros pour acheter des feux d’artifice pendant que les étudiants revendiquent leurs bourses d’études et qu’ils n’ont même pas une bibliothèque semblable à celles qu’on pourrait retrouver dans la plus petite ville de France? Est-ce un fang qui a préféré surfer sur l’arrogance des communiqués et des caricatures à tout va à l’endroit de chefs d’Etat étrangers ? Est-ce un fang qui a encouragé la censure des médias, les cas des journaux « La Une » et « Ezombolo » ainsi que la destruction de l’émetteur de la chaîne privée TV+ ne sont ils pas suffisamment parlant ? Est-ce un fang qui a autorisé un simulacre de jugement d’un haut gradé de l’armée qui croupit aujourd’hui en prison malgré son état de santé fragile(le général Ntumpa Lébani) ? Est-ce un fang qui a fait venir des stars américaines pendant que les habitants de toutes les provinces du Gabon s’étouffent dans un chômage déshumanisant ? Est-ce un fang qui a refusé de mettre en étude la question de l’amélioration des revenus des citoyens gabonais ? Est-ce encore un fang qui a empêché la construction d’un cadre d’affaires sérieux, crédibles avec des experst gabonais reconnus ? Est-ce encore un fang qui a freiné le projet de la fibre optique au Gabon ? Est-ce un fang qui a oublié que de la même manière que nous l’avons soutenu pour prendre le pouvoir en 2009 pour améliorer le quotidien des populations gabonaises, c’est de cette même manière que nous travaillerons pour reprendre ce pouvoir et l’attribuer à des personnes plus soucieuses du devenir et de l’avenir des gabonaises et des gabonais ?

Certains responsables du pouvoir en place ont-ils oublié qu’ils trainaient les mêmes tares de gestion qu’André Mba Obame mais qu’ils ont aggravé leurs cas en ne faisant pas mieux que ce qui était fait à l’époque où André Mba Obame était aux affaires avec eux ? La gabegie, les détournements de fonds publics, la corruption, le taux de pauvreté, le niveau d’éducation… toutes ces réalités de la mauvaise gouvernance au Gabon, ont-elles disparu ?

Le temps de l’attente de la fin des mandats pour les responsables politiques qui ne veulent pas écouter est bel et bien fini. Ben Ali de Tunisie ainsi que Hosni Moubarak n’ont pas eu droit à la fin de leur mandat car ils refusaient de suivre les pleurs et les plaintes de leurs populations. Si généralement il est dit qu’on ne change pas l’équipe qui gagne alors affirmons qu’on change l’équipe qui ne gagne pas.

La plaisanterie au sommet de l’Etat, la gestion scabreuse de notre pays depuis un certain nombre d’années, les revendications légitimes du peuple, le droit de l’opposition de défendre ses droits, le maintien de Maixent Accrombessi et sa collection d’hommes arrogants, incompétents et impopulaires nous encourage plus que jamais à soutenir le combat du peuple.

Par conséquent, il est vraiment inutile que l’argument du tribalisme, qui est désormais un pet de lapin sur toile cirée, refasse surface car il ne marchera pas une seule seconde mais bien au contraire. Le citoyen gabonais parlant le fang a autant le droit à l’exercice du pouvoir que tout autre gabonais.

Enfin, les problèmes du Gabon il fallait les résoudre quand le temps y était favorable. Maintenant qu’il est midi et que nous avons l’âge, la vague du changement souhaitée par la majorité du peuple  humiliée par Maixent Accrombessi et tous ses soutiens ne reculera pas et elle gagnera comme elle a gagné en Côte d’Ivoire, en Tunisie, en Egypte et en Lybie.

Par Télesphore OBAME NGOMO 

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