vendredi 3 août 2012

Faut-il toujours soutenir le pouvoir gabonais?

Au moment où le Gabon connaît une forte montée d’adrénaline sur tous les plans, politique, économique et social, une seule et simple question subsiste voire s’impose à tous ceux qui ont aidé Ali Bongo Ondimba à arriver au sommet de l’Etat: Faut-il toujours soutenir Ali Bongo Ondimba, s’il ne rectifie pas le tir ?

Afin d’aider plus d’un à répondre efficacement à cette question cruciale à la veille du 52ème anniversaire de l’indépendance de notre pays, trois éléments de référence peuvent être utilisés. D’abord, il y a le projet de société «l’Avenir en confiance », puis un des meilleurs discours d’Henri Guaino, ancien Conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, « sur l’engagement politique et républicain», et enfin le discours de François Hollande au Bourget intitulé « Présider la République ».

En revisitant le préambule du projet de société porté par le candidat du Parti Démocratique Gabonais (PDG) ainsi que les différents axes y figurant, il est possible d’établir un bilan clair de la gestion depuis trois ans du Gabon par le président de la République, Ali Bongo Ondimba.

Dans le préambule du projet « l’Avenir en confiance», le candidat du PDG disait : «En sollicitant vos suffrages aux plus hautes fonctions de l’Etat, je mesure pleinement la charge qui s’y attache ». Or, tous ceux qui avaient entendu le chef de l’Etat lors d’un de ses déplacements au Mali furent surpris de l’entendre dire : «je ne savais pas que la fonction présidentielle était si difficile ».

Cette première faute de communication d’Ali Bongo Ondimba n’a pas manqué de surprendre un grand nombre de citoyens gabonais en même temps qu’elle a créé un grand doute chez ceux qui avaient cru aux réelles capacités du candidat du PDG.

Cependant, mettant cette erreur gravissime tout de même sur le compte du noviciat, le chef de l’Etat put d’ailleurs bénéficier d’une certaine forme de confiance de la part d’un nombre conséquent de Gabonais, qui ne demandaient que des choses concrètes après 42 ans de laxisme et de gabegie.

Ensuite, le candidat du PDG rajoutait dans son projet ces mots : « je prends d’emblée, l’engagement de vous mobiliser, dans l’unité et la solidarité, pour transformer le Gabon et en faire un pays émergent et prospère, où il fera mieux vivre».

A cette annonce faite, peut-on dire aujourd’hui que le Gabon est un pays où il fait mieux vivre ? Cette interrogation invite chaque Gabonais à faire un bilan de sa propre situation afin de juger de l’utilité de continuer ou pas à soutenir Ali Bongo Ondimba.

Toujours dans le préambule du projet de société « l’Avenir en confiance », on peut également lire « presque au moment où le Gabon accédait à l’indépendance, âgé aujourd’hui de 50 ans, âge tampon entre la jeunesse et la retraite, et donc proche des aspirations de toutes les catégories d’âge du pays, je sais mesurer, avec sérénité, lucidité et clarté, les acquis du Gabon mais aussi ses insuffisances et ses urgences sociales. Au cours de ces dernières semaines, j’ai pris un grand soin, avant toute chose, de consulter et d’écouter, les aînés, les femmes et les jeunes, de tous les milieux et de toutes les sensibilités. Je vous ai entendu et je vous ai compris ».
Dans ce passage, le candidat du PDG partageait au monde entier qu’il avait pris le réel pouls de la situation du Gabon. Ce qui veut dire qu’il s’était bien informé sur les vrais problèmes qui minent le quotidien des populations gabonaises. De ce fait, cet hiérarque du PDG entrait dans la logique du discours du 01 décembre 2007 tenu par Omar Bongo Ondimba. Ce qui imposait désormais l’action.

C’est imprégné de ce diagnostic pourtant clair que nombreux sont les Gabonais qui ont d’ailleurs jugé ridicule l’idée d’une «concertation nationale» initiée par l’actuel premier ministre, Raymond Ndong Sima.

En effet, par cet acte inopportun et impertinent, ce dernier qui semble ne pas connaître la définition d’une concertation démontrait au peuple gabonais qu’il n’avait nullement battu campagne pour Ali Bongo Ondimba en 2009 et de ce fait, il ne pouvait posséder en lui l’esprit du projet «l’Avenir en confiance ». Ce qui est jugé comme une trahison par les cadres du PDG et ceux qui ont accompagné Ali Bongo Ondimba à épouser le sommet de l’Etat.

D’ailleurs, l’organe de propagande de l’homme d’affaire de Cotonou « La Griffe » ne l’a pas raté. En effet, il est trop facile qu’après avoir traversé l’étape la plus difficile qui fut celle de la transition, le président de la République décide d’engager des choix qui ne tiennent pas compte de l’investissement de ceux qu’il nomme à des fonctions prestigieuses. C’est le cas des membres de son cabinet qui s’est doté d’une armée d’individus étrangers, arrogants, incompétents et impopulaires, et c’est aussi le cas de l’actuel Premier ministre. Est- ce dans le but d’humilier les femmes et les hommes qui l’avaient porté à la présidence de la République face aux redoutables Pierre Mamboundou mais surtout Jean Claude André Mba Obame, mais à quelles fins ? Ou alors c’est dans le but de s’affranchir d’une dette morale qu’il refuse ou ne peut pas payer ?

Tout compte fait, c’est l’occasion de dire que l’adhésion à la politique de l’émergence de Raymond Ndong Sima semble être le fruit d’un opportunisme sans nom et sans ambitions et non le fruit d’une adhésion par conviction. Tout comme celle du sulfureux Maixent Accrombessi qui n’avait pas hésité à hurler sauvagement son premier intérêt : « à nous les milliards … ».

Désormais chacun devrait prendre sa part de responsabilité pour juger avec lucidité la nécessité de continuer de soutenir la gouvernance orchestrée par Ali Bongo Ondimba qui ne correspond plus en rien aux engagements pris en 2009 devant les populations gabonaises. Il n’est pas inopportun de rappeler qu’on soutient un régime ou une politique que lorsqu’on y a des intérêts ou lorsqu’on est en phase avec ce qui s’y fait.

Dans ce même préambule, il est également possible de lire : «Le Gabon a besoin aujourd’hui d’un traitement d’urgence. Parce qu’il n’est plus tolérable qu’il y ait autant d’emplois précaires, de chômeurs, de pauvres, d’inégalités, d’exclus, de non ou mal logés, de non ou mal enseignés, de non ou mal formés, de non ou mal soignés. Plus que jamais, le partage juste et équitable de nos richesses doit devenir la règle ».

En observant la gestion et la situation actuelle de notre pays, peut-on affirmer que les conditions de vie des populations gabonaises ont changé ? Qu’elles se sont améliorées ? Peut-on nous donner les chiffres exacts sur le nombre d’emplois créés depuis 2009, sur le taux de chômage au Gabon, sur le niveau de pauvreté, d’inégalités, d’exclusion, afin de pouvoir contredire la réalité accablante et honteuse qui parle plus que les montages communicationnelles de tous genres orchestrés par des gens qui ont fait le choix de perdre toute forme de crédibilité voire de dignité et de ne penser « gargantuesquement» qu’à leur ventre? Le corrupteur corrompu Conseiller du chef de l’Etat Raphaël Ntoutoume Nkoghe surnommé « Esserenguila » au Palais en est le parfait exemple.

Peut-on nous dire que les Gabonais sont désormais mieux logés, mieux enseignés, mieux formés et mieux soignés, que désormais le partage de nos richesses est plus équitable et juste ?

A partir des conditions de vie de tout un chacun, il revient à chaque gabonais d’en tirer les conclusions et de prendre ses responsabilités. Car, il serait totalement injustifiable sur le plan de l’ambition pour le Gabon, que l’on puisse continuer à faire le nombre inutilement et à se mobiliser, pour et dans un système qui n’apporte rien de bon au pays, mais qui rassure Maixent Accrombessi et ses soutiens que leur mauvaise gestion jouit toujours et encore d’une barrière de sécurité humaine indispensable pour ne pas se remettre en cause mais surtout pour s’éviter une éventuelle chute du style « printemps arabe ».

Aussi, dans ce même projet porté par le candidat du PDG, il était dit : « Avec vous, je veux un Gabon qui permette la participation de tous, en faisant confiance à nos talents, en responsabilisant davantage ceux qui le méritent, sans distinction d’aucune nature ». En lisant ce passage et en le confrontant à la pathétique réalité qui est totalement insupportable parce que comparable à une haute trahison, on est tenté de penser que certains passages de ce projet sont dignes d’être rangés dans le rayon «conte de fée ».

Quoi de plus humiliant, au regard des cadres compétents qui pullulent dans notre pays, de voir Maixent Accrombessi et sa ribambelle d’étrangers étranges, arrogants, incompétents et impopulaires séjourner au sommet de l’Etat ?

Autrement dit, quoi de plus insupportable que de voir un ancien petit démarcheur immobilier de Paris et sa bande de copains disposant du même gabarit intellectuel, et n’ayant fait preuve d’aucun attachement pour le Gabon, décider de l’avenir des gabonaises et des gabonais quand des dignes fils de ce pays ne manquent pas?

N’est ce pas tout simplement une forme de haute trahison qui mérite d’être sanctionnée? De plus, quoi de plus inacceptable et de plus révoltant que de savoir que Maixent Accrombessi, dont le profil sulfureux encoure des poursuites judiciaires à Paris du fait de sa trop grande implication dans l’affaire des Biens Mal Acquis, figure parmi les membres de la délégation gabonaise qui accompagnait le chef de l’Etat le 05 juillet 2012 à Paris au Palais de l’Elysée pour une séance de travail ?

Quelle crédibilité peut-on accorder au pouvoir gabonais lorsqu’il traîne de tel individu sur la place publique et lors d’importantes séances de travail devant des gens qui disposent de vraies fiches de renseignements sur le Gabon et ses diverses réalités? En opposant la réalité décevante d’aujourd’hui aux belles phrases visibles dans le projet en étude par nos soins, on constate que « l’intelligentsia gabonaise » reconnue dans certains milieux du monde est totalement ignorée, très souvent méprisée et régulièrement humiliée au profit d’un ramassis de nombreux profils déclarés médiocres et dont les insuffisances ne sont plus à démontrer.

Télesphore Obame Ngomo



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