Le
deuxième coup de tonnerre de Jean Eyeghe Ndong
Ce
n’est ni en 1997, lorsqu’il fut nommé secrétaire d’Etat, ni en 2002 lorsqu’il
occupa le poste de ministre délégué aux finances et encore moins en janvier
2006 quand il épousa la fonction de premier ministre que le peuple gabonais
découvrit qui était réellement Jean EYEGHE NDONG. Mais, c’est bel et bien au
moment de la lecture de l’oraison funèbre qu’il rendit à celui qu’un grand
nombre de personnes continue de considérer comme son mentor politique,
« Omar BONGO ONDIMBA ».
Lors
des derniers hommages de la République au deuxième président du Gabon, les
Gabonaises et les Gabonais, ainsi que le monde entier s’invitant n’entendaient
pas le discours de celui qui fut le dernier premier ministre du successeur de
Léon MBA MINKO mais, Jean EYEGHE NDONG, un homme dont la chaleur de l’émotion
avait convoqué dans ses mots, la foi, le courage et une très grande sagesse.
C’est
dans un style chargé de figures de style
comme le Christ Jésus savait aisément le faire que Jean EYEGHE NDONG, comme un
bon disciple discipliné, à la recherche de plus d’humanité et de valeurs
humaines et morales, étala son ancrage dans les convictions qui devraient
s’imposer en tout temps chez les femmes et les hommes qui entendent entrer dans
l’Histoire du Gabon.
C’est
ainsi qu’il gagna le respect et l’estime de nombreuses hautes personnalités venues
des quatre coins du monde. Et de l’appellation Jean EYEGHE NDONG plus
distingué, on passa à « Nsa Fé », ce surnom populaire répété
affectueusement par des milliers de gabonais qui le prirent en sympathie.
Dès
cet instant, Jean EYEGHE NDONG, par son objectivité dans la lecture de la
situation, cette qualité qui donne une représentation fidèle de la chose
observée, se couvrit du manteau de l’homme juste qui voudrait que se soit ce
qui fit conforme à la réalité, sans excès ni défaut qui primât. C’est pourquoi,
sans langue de bois, il servit au peuple gabonais un discours sincère qui
consolida leur complicité sans cesse croissante.
Dans
le contexte actuel, avec les situations politiques et sociales inédites
observées dans notre pays, l’esprit de Roboam semble être au rendez vous. Effectivement,
ce ne sont plus les failles de gestion d’Omar BONGO ONDIMBA que nous décriions
hier, et à juste titre, que nous observons aujourd’hui, mais les cratères
orchestrés par cette poignée d’arrivistes qui empoisonne chaque jour la vie des
Gabonais à un tel point que la majorité des Gabonais préfère se consoler momentanément
avec le proverbe disant : « on
sait qui on perd, mais on ne sait pas qui on gagne ».
Cette
conclusion réaliste et objective semble être partagée par ceux qui, en 2009, au
premier plan, ont contribué peut être pas à la victoire présidentielle au sens
premier du terme mais à l’effet psychologique du chiffre et des mises en scène indispensables
pour justifier l’ascension au pouvoir qui règne dans notre pays.
Si
l’histoire semble avoir donné raison à Jean EYEGHE NDONG d’avoir utilisé
l’image de Roboam pour prédire un futur de plus en plus sombre, il est de plus
en plus évident que l’épisode de l’histoire politique de la France semble
entrer dans le même état de fait.
En
effet, en novembre 1976, comme Jacques Chirac, ancien premier ministre de
Valéry Giscard d’Estaing, et contre toute attente, Jean EYEGHE NDONG décide de
présenter sa candidature à la mairie de la plus grande ville du pays en étant
tête de liste de tous ceux qui entendent mener le même combat.
Si
dans cette comparaison, Jacques CHIRAC semble avoir une « avance superficielle » sur Jean
EYEGHE NDONG, du fait de son OPA réussie sur l’UDR, le parti gaulliste dans
lequel il est considéré comme un traître pour avoir savonné la planche à CHABAN
DELMAS face à Giscard d’Estaing, Jean EYEGHE NDONG lui, membre de l’Union
Nationale, parti dissout, pour des questions de pragmatisme stratégique n’entend
pas rester sans parti. Aussi, le concept rassembleur « Mon parti, c’est Libreville » vient
gommer cet enfermement partisan habituel qui n’aide pas toujours à l’unité, à
la fraternité et à la solidarité envers tous, ce dont les Gabonais dans leur
grande majorité ont pourtant réellement besoin.
Des
radicaux de l’opposition version Union Nationale, pourtant d’une intelligence
remarquable, aux mousquetaires de la majorité, la candidature de Jean EYEGHE
NDONG semble très sérieusement déranger car elle déstabilise les positions jusqu’auboutistes
ou les projections faites dans les différents états major politiques.
Pendant
que certains membres de l’Union Nationale se lancent dans une croisade pour le
boycott de l’enrôlement puis des élections locales à venir, côté pouvoir, c’est
une vieille peau de banane complètement pourrie et noircie, à peine glissante,
qui est posée malhabilement sur le passage de « Nsa Fé » dont la
candidature est majoritairement applaudie par tous ceux, à l’extérieur comme à
l’intérieur du Gabon, avaient déjà cru en ses aptitudes de visionnaire.
Pensant
créer une once de doute au sein de l’opinion publique sur une « éventuelle rencontre », aux allures
d’arrangement de derrière la cuisine, entre le président de la République et
l’ancien premier ministre, le COCOM suivi du porte parole de la présidence de
la République, évoquèrent puis confirmèrent qu’il eût un échange entre les deux
hommes qui ne s’étaient plus parlés depuis 2009.
Un
véritable pétard mouillé qui s’est soldé par un échec monstrueux car, c’est
plutôt le COCOM qui s’en est trouvé discréditer. Personne ne comprit comment et
pourquoi les services de communication dont l’efficacité a profondément et
publiquement été remise en cause par le
chef de l’Etat se soit lancé dans un tel exercice politicien périlleux gagnant
au passage le surnom de « distributeur
de poison verbal ». Quant à Alain Claude Bilié Bi Nzé, avec son
inflation de contre vérités, il confirma son statut de porte flingue du pouvoir
et se ramassa le surnom de « Cheval
de Troie du bord de mer», en
référence à ce virus informatique, teigneux et dangereux.
Quoi
de plus normal que les Gabonais puissent se parler au-delà des désaccords
politiques profonds ? Pourquoi vouloir utiliser un fait banal dans
l’esprit des véritables républicains ou démocrates pour en faire l’œuvre d’une
manœuvre politicienne ou l’action d’une quelconque trahison quand la majorité
des Gabonais sait parfaitement que si Jean EYEGHE NDONG était un opportuniste,
il n’aurait jamais tenu le discours sinon les mots entendus lors de la lecture
de son oraison funèbre à Omar BONGO ONDIMBA ?
Faire
allégeance aux différents mécanismes du système en place à ce moment précis de
l’histoire de notre pays lui aurait certainement garanti son maintien au poste
de premier ministre.
Le
peuple n’est plus dupe et les mesquineries politiciennes de ce genre qui
dénotent du réel niveau des nouveaux stratèges au sommet de l’Etat ne peuvent plus
convaincre personne, pas même les auteurs de cette forfaiture, morte née.
En
s’aventurant dans une telle stratégie souffrant de petitesse, c’est finalement le
candidat Jean EYEGHE NDONG qui s’en sort hautement grandi car aux yeux du
peuple, il est ressenti comme une fébrilité voire une fragilité du pouvoir
surtout que le concerné, tel un sage averti, devant ce sujet ridicule, prend à
chaque fois de la hauteur en y répondant soit par le rire, soit par le silence.
Une manière de convoquer les mots de Laurent FABIUS sur l’affaire DSK lorsqu’il
disait aux journalistes : « vous
ne m’entraînerez pas sur ce terrain ».
Qu’à
cela ne tienne, et même si le peuple gabonais venait à épouser l’hypothèse
selon laquelle l’ancien premier ministre aurait eu un dialogue avec le
président de la République, qui du COCOM ou de Bilié Bi Nzé pourraient nous
dire quel pays au monde se serait construit sur les braises de la haine de
l’autre?
A
cet effet, la candidature de Jean EYEGHE NDONG reste donc à être appréciée à
plusieurs niveaux.
Tout
d’abord, il y a la paralysie généralisée du pays qui s’est manifestée par le
contenu du discours du 16 août 2013 du chef de l’Etat à la Nation, son
interview devant la presse nationale le 17 du même mois et « le
débat » télévisé regroupant les membres du gouvernement sans le premier
ministre et les membres du cabinet présidentiel sans Maixent ACCROMBESSI qui
régente pourtant tout dans le pays. La teneur globale de ses sorties
médiatiques impréparées a montré que le concept de « l’émergence du Gabon » semblait avoir pris du plomb dans les
ailes car le proverbe nous enseigne que « les choses qui se conçoivent bien s’énoncent clairement et les mots
pour le dire viennent aisément ». Ce qui ne fut point le cas.
Puis,
on peut ajouter à cette motivation légitime et justifiée, le fait que
Libreville soit devenue une poubelle géante à ciel ouvert à un tel point que les
poubelles de tel ou tel rond point soient devenues les lieux de référence ou de
repère. A cela on peut ajouter la gestion opaque, archaïque et ringarde orchestrée
par l’équipe municipale sortante dirigée par Jean François TOUTOUME EMANE qui
n’offre aucune marge de manœuvre à la majorité pour défendre son bilan.
Ensuite,
il y a cette théorie de Pierre JUILLET et de Marie France GARAUD qui disaient à
Jacques CHIRAC : « un leader
politique qui ne se présente pas à une élection importante n’en est pas un car il n’existe pas». Et dans le cadre
du Gabon, il était fondamental de tirer les conclusions de la stratégie du
boycott des élections législatives de 2011 et le refus de donner le mot d’ordre
de novembre 2012.
Autrement
dit, si les événements de la vie avaient su affranchir Jean EYEGHE NDONG de la
tutelle d’Omar BONGO ONDIMBA, les nouvelles donnes du contexte politique
nationale et internationale, surtout français, invitaient l’homme politique
Jean EYEGHE NDONG à s’éloigner des positions radicales sans lendemain et qui ne
reposaient sur aucune stratégie cohérente sinon sur une mystification
permanente chargée de la nostalgie des ères de grandes gloires passées.
Enfin,
il y a également cette lecture permanente de l’histoire de notre pays que nul
ne peut nier et qui prouve que la France
reste un bel outil politique que les Gabonais peuvent aisément utiliser au gré
de leurs intérêts. Qui sauva Léon MBA MINKO déchu par les militaires
gabonais en 1964? La France de Charles de Gaulle. Qui sauva le fauteuil
présidentiel d’Omar BONGO en 1990 quand la rue décida de le déloger du
palais présidentiel? La France de François MITTERRAND. Lequel de nos
partenaires joua un rôle déterminant dans la transition politique de 2009 que
connut notre pays ? La France de Nicolas SARKOZY.
Par
conséquent, avec cette élection à venir qui pourrait être un alibi légitime et
crédible en cas de mauvais déroulement pour justifier la colère de la rue
gabonaise et l’action responsable des chantres de la démocratie dans le monde
au Gabon, le pouvoir en place oserait-il prendre le haut risque d’entériner
l’une des principales causes de trouble en Afrique : les élections
contestées ? D’autant plus qu’il n’est plus un secret pour personne que
les déceptions, et dans certains cas le divorce, entre l’exécutif gabonais et
les réseaux stratégiques occidentaux sont réelles. Puis, qu’entre le nouveau
pouvoir français et les tenants du pouvoir au Gabon, le départ en vacance
ensemble n’est pas à prévoir pour demain ?
Dans
cette course électorale, Ali BONGO et la majorité jouent très gros. C’est dire
qu’au moindre faux pas, la fatalité s’invitera à la grande réjouissance de tous
les déçus et humiliés de l’action du chef de l’Etat depuis 2009. Autrement dit,
Jean EYEGHE NDONG, comme de nombreux analystes pointilleux de la vie politique
et sociale de notre pays, a bien pris la mesure des enjeux surtout que la crise
malienne qui occupait la France et préoccupaient les occidentaux est terminée
après l’épisode clair des positions fermes de la France dans le cas BOZIZE
en Centrafrique et les premières libérations de la crise ivoirienne.
Ce
qui reviendra à dire que, la décharge électrique suscitée par la déclaration de
candidature de Jean EYEGHE NDONG à la mairie de Libreville a réveillé la
nostalgie du premier tonnerre entendu en juin 2009 lors des obsèques d’Omar
BONGO ONDIMBA. En d’autres mots, cette annonce de « Nsa Fé », le fils
de Libreville, a contribué à braquer de nombreuses attentions médiatiques sur
lui. Certaines avec des projecteurs bienveillants et d’autres avec des regards ténébreux
de hiboux.
Par
Télesphore OBAME NGOMO
papa c'est un blog et adopte cette écriture. Vous tirez en longueur difficile de lire intégralement votre papier sur JEN. L'internaute ne peut pas passer plus de 3 minutes pour lire un article tel qu'il soit bien écrit ou de son importance.
RépondreSupprimerCette analyse arrive à point! Félicitation et bon courage au candidat JEN que nous soutenons vivement!!!
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