Depuis
de nombreuses semaines voire même de nombreux mois, des débats publics chargés
de passions ne cessaient d’enfler sur la toile entre certains membres de
l’Union Nationale, notamment ses cadres les plus actifs et les plus brillants.
A l’ordre du jour de ces échanges quelques fois robustes, on notait deux
principaux sujets : le processus d’enrôlement d’une part et la course aux
prochaines joutes électorales, d’autre part.
Dans
ce combat violent et virulent mais non sanglant, on pouvait non seulement déceler
les vives tensions et frustrations qui infestaient le parti mais qu’une unité
de façade stratégique semble avoir réussie à étouffer pendant de nombreuses
années. Mais aussi les différents courants qui jonchent ce parti, bien que
dissout et plus que jamais divisé.
D’un
côté, on pouvait voir la frange de ceux qui militaient pour un boycott serré,
fortement composée d’individus AMOïsés avec un versant affectif pour Jean NTOUTOUME
NGOUA. Puis, de l’autre côté, il y avait ceux qui étaient favorable au
processus d’enrôlement et à une participation active aux élections locales de
novembre prochain. Cette tendance ne cachait pas son attachement et sa
proximité à Zacharie MYBOTO, Jean EYEGHE NDONG, Casimir OYE MBA, Paulette
MISSAMBO et Jean Pierre ROUGOU.
Rien
qu’à la vue du dispositif en place, on voyait bien que, par la simple théorie
du nombre et celui de la majorité, la tendance André MBA OBAME (AMO) et Jean
NTOUTOUME NGOUA se trouvait déjà en minorité, quasiment isolée. Et ce
déséquilibre mesuré pouvait se justifier par l’existence de plusieurs crises
internes qui rongeaient très sérieusement le bureau directoire de ce parti et
qui trouvaient leur source dans la trop grande confiance sinon
l’assujettissement injustifiable, selon certains cadres lucides et courageux,
aux « stratégies inadaptées » d’un seul individu, fut-il le meilleur
mobilisateur des militants. Car, à toutes les comptabiliser, ces diverses
stratégies se sont presque toutes soldées par un cuisant échec donnant du grain
à moudre au pouvoir en place et des cuillères à soupe pour ramer aux autres
leaders de l’Union Nationale dans un véritable océan de difficultés.
Les
cas les plus expressifs furent la prestation de serment d’AMO qui a conduit à
une réaction inattendue et disproportionnée du pouvoir en place : la
dissolution du parti qui justifie aujourd’hui les multiples voyages de
négociation entrepris par Zacharie MYBOTO, Casimir OYE MBA et Jean Pierre ROUGOU.
Puis, la menace publique faite à Maixent ACCROMBESSI qui n’a été qu’un pet de
lapin sur toile cirée sinon un véritable pitch à la Jacques CHIRAC.
Cependant,
malgré tous ces échecs accumulés et ces réalités épuisantes pour les autres
membres du parti, c’est encore cette même frange qui avait réussi à mettre
l’Union Nationale à genou qui trouvait encore le moyen de vouloir imposer son
point de vue quant à l’enrôlement et à la problématique d’une éventuelle
participation aux locales prochaines. C’était la goutte d’eau de trop qui ne
pouvait plus du tout être acceptée qu’ite à donner des fous rire au pouvoir en
place bien qu’étant lui aussi ronger par des tensions qui désormais
compteraient aussi leur jour en vue de l’explosion.
A
ce constat avéré parce que vérifiable, on ne peut qu’ajouter l’absence de débats
de fond qui a fortement manqué ou la recherche d’un consensus sur ces
problématiques sus évoquées sensés canaliser les débordements extérieurs qui
ont davantage pollués l’image de ce parti qui prônait l’unité de la nation
quand lui-même il semble être totalement désarticulé.
C’est
d’ailleurs cette saison d’embrouillamini qui semble le mieux justifier le
comportement des cadres de l’Union Nationale qui n’ont pas hésité à s’offrir le
loisir et le plaisir de se tirer à boulet rouge sur la toile soit à visage
découvert, soit en mercenaire masqué. Pendant que, dans le même temps, d’autres
en faveur du boycott total et serré ou favorable à un comportement citoyen et
républicain responsable, bien que plus subtiles mais tout aussi incisifs,
avaient choisi de descendre sur le terrain en sillonnant les différentes routes
et villages du pays pour demander aux populations de saboter ou de soutenir le
processus de la mise en place de la biométrie et la participation aux élections
municipales à venir.
Dans
ce magma politique problématique et indiscipliné, similaire à la guerre des
éléphants du Parti Socialiste français version tropicale, Jean EYEGHE NDONG, le
candidat tonnerre, décida de mettre fin à ce désordre organisé en annonçant
contre toute attente sa candidature comme tête de liste pour la mairie de
Libreville. C’est dire que, c’est dans ce même type de contexte que Jack LANG, s’était
senti obligé de demander à Martine AUBRY, le premier secrétaire du parti de
jadis, de siffler la fin de la récréation.
Hélas,
certains cadres récalcitrants, usant et abusant de pseudonymes sur la toile
pour verser leurs derniers litres de bile, et en faveur du boycott pour tout,
n’ont pas jugé bon de stopper leurs abus langagiers devenant de plus en plus
indigestes malgré les premières décharges de la foudre troublante que Jean
EYEGHE NDONG avait su faire peser sur leur tête car sa candidature ne cessait
de susciter des adhésions et de l’admiration.
D’ailleurs,
à ce jeu des pseudonymes sur Internet, Luc FERRY ne pensait pas si bien dire
quand il affirmait que « l’anonymat
qui sévit sur Internet permet toutes les horreurs ».
Comme
pour saluer la fin de ce coma politique ou de ce cauchemar qui n’avait que trop
duré, de nombreuses voix n’ont pas hésité à clamer ouf de soulagement en
présentant Jean EYEGHE NDONG comme étant un véritable politicien courageux, un
homme d’Etat, un gabonais sage, un leader politique réaliste, un homme de
convictions qui comprend que le monde politique est un monde d’affrontements et
qu’il ne sert à rien de refaire les mêmes erreurs en appelant au boycott surtout
que celui des législatives de 2011 ne semble émouvoir ni le peuple gabonais et
encore moins la communauté internationale. Une manière de dire, arrêtons de vouloir
sans cesse labourer la mer.
André
MBA OBAME, qui fait partie des personnes les mieux renseignées du pays, a très vite
compris que le silence pesant, ô combien de fois toléré voire supporté par les
siens, qu’il fait régner depuis de nombreuses semaines voire de nombreux mois
au sein du parti ne rassurait plus la majorité des cadres et même le bureau directoire
de l’Union Nationale. Et de ce fait, ces derniers, disposant d’une grande
responsabilité devant le peuple gabonais et devant l’histoire, et ne voulant
plus donner l’impression trompeuse d’être la cinquième roue du carrosse de l’Union
Nationale, ont décidé, légitiment, de stopper cet orphelinat imposé à leurs
militants en poursuivant dignement le combat politique entamé. Surtout que ses différents
sherpas, principaux supporters du boycott serré qui commençait même par les
étrangler, n’ont su convaincre qu’une minuscule poigné de citoyens gabonais.
Puis,
en plus de ce qui précède, il faudrait ajouter la volonté manifestée par Ali
Bongo Ondimba d’échanger avec Jean EYEGHE NDONG. Quoi de plus illustratif en
langage stratégique et diplomatique pour
montrer que le principal centre d’intérêt de l’opposition a changé de visage et
de nom ?
Contre
toute attente et en guise de réponse, André MBA OBAME fait paraître, le 09
septembre, son avis sur les problématiques liées à la biométrie et aux futures
joutes électorales organisées dans notre pays. Sans doute aucun, le buzz est au
rendez vous car ce dernier a su faire sien, mais involontairement du fait de sa
convalescence, le conseil de Jacques PILHAN à François MITTERRAND qui disait :
« La parole d’un chef doit toujours
être rare pour susciter l’attention voire l’adhésion ».
Mais
hélas, cette sortie surprise fut de très courte durée car, le peuple gabonais
démasqua assez rapidement l’escroquerie politique en cherchant la logique ou la
cohérence dans cette attitude qui oppose très clairement la posture publique d’AMO
et celle de ses inconditionnels partisans exprimée en public, et certainement
mandaté par leur principal référent toujours aussi bien informé.
Autrement
dit, le peuple gabonais consciencieux se posa la question de savoir :
« Pourquoi AMO invite-t-il subitement les gens à se faire enrôler et
presque à aller aux élections locales alors que ses plus fidèles lieutenants
qui ne comptent plus leurs milliers de kilomètres de marche n’ont pas hésité à
bourrer les oreilles de tous ceux qu’ils croisaient en leurs proposant le
contraire de l’invitation de leur principale référence? »
Malhabilement
sinon grossièrement, comme pour tenter de ressusciter un homme en état de
décomposition qu’on a jadis violemment poignardé, ses mêmes sherpas d’AMO qui clamaient
quelques fois par l’injure et l’agressivité par les monts, par les plaines et
sur tous les réseaux sociaux disponibles, le NON absolu, se retrouvent aujourd’hui
à soutenir la nécessité d’aller se faire enrôler et l’urgence de se préparer
pour les futures élections locales. Allons y comprendre quelque chose.
Si
un proverbe bien connu nous enseigne qu’il n’y a que les imbéciles qui ne
changent jamais d’avis, il est vivement souhaitable que ce changement de
posture soit fait de manière sincère au risque de pourrir le travail entamé par
ceux qui savent apprécier objectivement les nouvelles donnes politiques en
présence.
Par
ce revirement à très grande vitesse, on peut affirmer sans le moindre risque de
nous tromper qu’André MBA OBAME vient de se sauver d’un isolement politique qui
lui aurait été fatal s’il avait persisté dans la stratégie du boycott étranglé via
le ballon d’essai qui fut lancé par ses inconditionnels thuriféraires.
C’est
pourquoi, comme pour revivre une forme d’appel des braves de Louis AGONDJO
OKAWE, après autant de dégâts causés, une réunion stratégique par le bureau de
l’Union Nationale. Nul doute que les échanges ne tourneront plus autour de la
nécessité d’aller se faire enrôler ou de participer aux prochaines échéances
électorales car cela semble définitivement acquis mais bel et bien autour de la
reconstruction du parti et l’élaboration des stratégies en vue de la victoire
en novembre prochain. A ce stade de la compétition, il est évident que se sont
les vainqueurs, désormais en position de force qui dirigeront les travaux et
donneront le las sur les questions stratégiques qui touchent le parti. Le
rapport de force ayant plus que jamais changé d’épaule.
Si
André MBA OBAME en quête constant voire permanent d’un leadership au sein de
l’Union Nationale et auprès de l’opinion publique nationale a pu se sauver momentanément
d’une fin politique brutale en désavouant publiquement ses lieutenants en
mission commandée pour le boycott étranglé du processus d’enrôlement et de la
participation aux élections locales à venir, il est clair qu’il les a fortement
affaiblis alors que ce sont qu’à même ces derniers qui, du fait de sa
convalescence, maintenaient encore la vivacité de sa flamme politique.
C’est
dire que, si Zacharie MYBOTO et Jean EYEGHE NDONG, continuent de jouer la carte
de l’unité, du rassemblement, de l’apaisement et viennent même à remporter les
élections à venir, on s’acheminera royalement vers la véritable fin politique
d’André MBA OBAME car il aura lui-même sacrifié sa première et principale garde
rapprochée.
En
plus, son absence immédiate sur le terrain
n’est pas en reste dans cette course vers sa déchéance politique. Ce qui
ne serait pas un triste événement pour le pouvoir en place qui ne se priverait
certainement pas de cette aubaine servie sur un plateau en or avec autour des
diamants pour se débarrasser de cette très grosse épine politique qui faisait
pourrir le pied de l’émergence depuis quatre ans maintenant.
Par
Télesphore OBAME NGOMO
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