lundi 25 avril 2011

Au Gabon, le contexte politique actuel inspire notre imagination sur la fin d’un règne


S’il a été difficile d’imaginer le coucher de règne d’Omar Bongo Ondimba, il faut dire que ce n’est quasiment pas le cas pour son successeur.

En effet, avec l’actualité nationale et internationale, les multiples divisions politiques électriques dans le pays, les nombreuses guerres de leadership au sein de la majorité, la pléthore de choix injustifiés et impertinents réalisés par notre pouvoir décisionnel, il va s’en dire  que nos souvenirs nous renvoient à deux supports instructifs : le film « Gladiator » de Ridley Scott et celui de Chaka Zulu réalisé par William C. Faure.

Dans les parallèles possibles que nous pouvons tirer entre le cadre politique du Gabon et le film « Gladiator », il y a d’abord cette espèce d’incompréhension permanente voire volontaire qui s’est installée entre le peuple et la poignée d’individus qui conduisent dangereusement les affaires publiques de notre pays, et plus grave encore, les nombreuses relations hypocrites et pestilentielles qui se sont érigées entre les gouvernants actuels de la majorité. Et pourtant, nous savons que tout royaume divisé ne peut régner.

Pour ce qui est du cas de Commode, le fils de l’Empereur Marc Aurel, c’est son entêtement aveugle et inopportun qui le conduisît à une fin tragique et humiliante. Et pourtant, il avait toujours reçu le privilège de bénéficier des sages conseils provenant de personnages politiques aguerris et dotés d’une finesse avérée dans la conduite des affaires de la Cité.

Actuellement, dans notre pays, nous assistons à un foisonnement de scènes de gestion qui nous invitent à penser que nous sommes en plein pilotage à vue. En d’autres termes, les lignes directrices du Gabon sont de plus en plus floues. Les plans de gouvernance sensés s’appuyer sur le projet de société l’avenir en confiance sont totalement mis de côté. Aussi, nous sommes en droit de nous demander : finalement, où allons nous ? Quel rôle jouent les instances du parti au pouvoir ? Sont elles véritablement à l’origine de ce projet de société qu’elles disent défendre et vendre?

En effet, face au sabotage organisé de ce projet ambitieux, la passivité des responsables du PDG nous impose de croire qu’il a été pensé et rédigé par des forces autres que celles de cette machine politique sérieusement en panne. D’où la négligence insolente affichée par les autorités de ce parti politique.

Puis, dans le film Chaka Zulu, c’est la confiance systématique faite par Chaka Zulu aux mystificateurs européens qui le conduisît à sa perte malgré les conseils prémédités de Citaï, la vieille sorcière. Pour le cas d’Ali Bongo Ondimba, c’est l’ensemble des actions réalisées par sa cohorte de courtisans, de commerçants et de vuvuzéleurs qui nous amène à conclure sans risque de nous tromper qu’il a été fait prisonnier d’un monde étrange dont eux seuls maîtrisent les codes de fabrication. Autrement dit, il nous parait de plus en plus évident que ce n’est pas avec son quorum actuel que le Chef de l’Etat conduira notre pays sur les terres de « l’émergence ».

De plus, la similitude non négligeable qu’on retrouve dans les deux films repose sur le rôle qui a été joué par deux femmes.

Pour le cas du film Gladiator, c’est Lucilla, la sœur de Commode qui dans un style fin constitua le véritable tampon entre les membres du Sénat et son frère, le nouveau responsable de l’Empire dont la légitimité était en fort état de souffrance.
Il en est presque de même dans le film « Chaka Zulu » où Kabaï, la tante de l’acteur principal qui avait toujours eu l’écoute et l’estime du roi, Zen Zana Kona son frère, tenta plus d’une fois de lui construire une forme de légitimité en ramenant sans cesse son neveu à la raison face à des choix importants qui engageaient la destinée du royaume.

Dans ces deux films, il est à souligner que c’est Lucilla et Kabaï qui signèrent les premiers actes de fin de règne de leur propre sang. Dans le film « Gladiator », c’est Lucilla qui demanda que Maximus, l’adversaire de son frère mort au combat, soit honoré comme devait l’être un digne soldat de Rome. Elle laissa dans l’indifférence la plus insultante le corps de son frère de sang être confondu au sable de la Plèbe.

Tandis que dans le film de Chaka Zulu, c’est Kabaï qui demanda que tout ce qui pouvait porter la marque de l’œuvre de son neveu Chaka le tyran, soit détruit afin d’entrer dans une nouvelle ère. Nous remarquerons aussi qu’avant le désaveu public suscité par les nombreuses frustrations emprisonnées, ce sont toujours ces deux femmes précitées qui jonglèrent nuit et jour pour conspirer contre leur propre sang.

 Dans le cadre du Gabon, même s’il est de moins en moins accepté que la gestion des affaires politiques et publiques soit conduite par les seuls membres d’une même famille, c’est l’occasion idoine de rappeler que tout changement se construit et se met en place de manière réfléchi et raisonné. Car, dans la plupart des cas où des changements brusques, pourtant justifiés, ont été opérés, ils se sont très souvent soldés par de cuisants échecs. De ce fait, le démantèlement d’un système aussi corrompu et laxiste que celui que nous avons eu sous les quarante un ans de gestion d’Omar Bongo Ondimba nécessitât un peu plus que la simple volonté du nouveau président de la République. C’est pourquoi, nous percevons d’un œil inquiété l’éviction du directoire décisionnel officiel de Pascaline Bongo Ondimba dont le profil nous rappelle aisément celui de Lucilla et de Kabaï.

A travers ces comparaisons intéressantes, non banales et instructives, nous voulons à nouveau attirer l’attention du Chef de l’Etat afin qu’il redouble davantage de prudence.
En effet, les mêmes causes ayant très souvent produit les mêmes effets, il n’est pas à exclure que les divers scénarii observés dans les deux films cités en référence ci-dessus ne puissent se reproduire dans le cadre de sa présence à la tête de notre pays.

Un bon guide est celui qui sait tout écouter en plus de savoir bien anticiper afin de toujours prendre les meilleures décisions.

Par Télesphore OBAME NGOMO 

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