En
juillet 2012, la Diaspora, la société civile et l’opposition plurielle
gabonaise se sont retrouvées à Paris pour réfléchir sur la crise explosive et
mortelle qui sévit au Gabon depuis plusieurs décennies et vient d’atteindre son
pic le plus élevé depuis 3 ans avec une émergence qui est plus tournée vers
l’enfer que vers le ciel.
Aussitôt
l’idée lancée, les gros mangeurs du pouvoir et du Parti Démocratique Gabonais
(PDG) ont tout de suite vu rouge mais surtout noir car, ils avaient compris
qu’au regard de la situation catastrophique « des mesures et décisions
accromblessantes », ils auront du mal à s’en sortir, tellement le
tableau peint par leurs adversaires politiques est exactement celui
qu’eux-mêmes n’hésitent pas à décrire et à déplorer entre deux couloirs ou deux
restaurants.
Pas
une, pas deux, Raymond Ndong Sima abat la première cartouche. Il sort avec un
véritable pétard mouillé, mal préparé, irréfléchi et suicidaire : l’idée
d’une concertation nationale.
Avec
cette solution incapable d’effacer l’idée de la tenue d’une CNS, mais tuant
froidement l’esprit du projet l’Avenir en confiance d’Ali Bongo Ondimba mais
pas du PDG, Raymond Ndong Sima venait profondément remettre en cause ce qui
était sensé être la base de travail des tenants du pouvoir au Gabon. Car il
faut le dire, une concertation nationale désigne l’action, pour plusieurs personnes,
de s’accorder en vue d’un projet commun. Est-ce en cours de mandat que
les gens s’associent pour pondre un nouveau programme ? D’où tout le
ridicule politique du fameux Plan Stratégique Gabon Emergent qu’on sort après 3
années de fausses promesses et que les étrangers étranges associés à l’ancien
indic d’AMO viennent vanter auprès des Gabonais qui n’ont plus qu’une seule
solution pour sauver le Gabon : la Conférence Nationale Souveraine.
De
ce premier échec, créant une première grande fracture dans le camp du pouvoir,
il s’en est suivi une panique générale et totale inqualifiable. Aussi, les
tenants du pouvoir se sont alors investis dans un concours à qui définirait le
mieux le mot « crise multiforme » pensant que leurs diverses
conceptions du mot crise suffiraient à pâlir toutes les souffrances visibles tant
dénoncées par le peuple gabonais, et ceux qui avaient quitté le pouvoir PDG.
Pour
les corrompus et égoïstes du pouvoir, collabos sur les bords, une crise voulait
dire « guerre civile » ou « troubles permanents armés ».
Hélas pour nos dialogueurs violents qui ne veulent pas dialoguer, la deuxième
cartouche venait de voler en éclat car, une crise a une définition qui ne peut
pas être « PDGisée » juste pour justifier le refus du dialogue
national souverain demandé par les 4/4 de la population souffrante et
appauvrie, et par les 9/10ème de la population totale du Gabon.
Selon
l’académie française et les dictionnaires agrées par celle-ci, une
crise est un évènement social qui se caractérise par un paroxysme des
souffrances, des contradictions ou des incertitudes, pouvant produire des
explosions de violence ou de révolte. Autrement dit, la crise est une rupture
d’équilibre. Puis, on peut préciser qu’une crise peut être d’ordre
économique ou politique.
Une
crise économique se définit comme étant la dégradation brutale de la situation
économique d’un pays, conséquence d’un décalage entre la production et la
consommation. Elle
se traduit très clairement par une forte augmentation du chômage, par une
baisse du Produit Intérieur Brut (PIB) et une baisse du pouvoir d’achat. Puis
quant à elle, la crise politique, elle reflète l’inadéquation manifeste entre
l’organisation d’une institution politique ou publique et la réalité.
Face
à ces définitions, non « PDGisable », du mot « crise »,
les servants et tolérants du pouvoir accromblessant qui pourrissent la vie des
Gabonais peinent désormais à se convaincre eux-mêmes tellement la réalité est
frappante. Et ce ne sont pas les kilos de boules d’aguidi venues d’Abomey qui
pourront faire quelque chose.
Et
d’ailleurs, c’est ce que vient confirmer les nombreuses études internationales
crédibles qui ont analysées froidement le cas politico socioéconomique du
Gabon.
Au
sujet de la crise économique qui crucifie l’économie gabonaise, l’alerte avait
clairement été lancée par l’agence internationale « Standard and Poor’s »,
le 07 septembre 2012. Cette agence de notation plaçait sous perspective
négative la note de la République du Gabon en raison de sa mauvaise gestion
budgétaire accromblessante, de sa dette et de sa forte dépendance aux revenus
pétroliers. Et pour finir avec cette gestion tropicale vaudouïsée, elle
annonçait que « la note du Gabon pourrait voir sa note
dégradée s’il continue à accumuler les retards dans le remboursement de ses
dettes ».
Ce
constat accablant s’est bel et bien confirmé avec les plaintes de nombreuses
entreprises œuvrant au Gabon, françaises pour la plupart, qui n’ont toujours
pas été réglées pour plusieurs prestations, dont celles de la CAN 2012. Puis, après un « New York Forum Africa »,
organisé en grande pompe en juin 2012 par le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba en
partenariat avec la Fondation Attias, aucun investisseur étranger n’est venu
poser ses valises au Gabon, au point où, les tenants du pouvoir se sont sentis dans
l’obligation d’organiser, 6 mois après seulement, un nouveau « Forum
Grande- Bretagne – Gabon » le 29 novembre 2012. On a bien compris
que ce n’était que de simples opérations de communication qui peinent à séduire
tandis que l’argent du contribuable continue de couler à flot pour des inepties
sus évoquées.
A cet effet, la réponse donnée par les
investisseurs britanniques est sans équivoque et semble avoir été
claire pour qui sait lire le langage diplomatique: « On ne
peut vous donner que des dons ou des subventions… ». Une manière
très claire de dire, Standard and Poor’s qui est une agence de référence nous a
déjà mis en garde, nous ne viendrons pas prendre des risques inutiles et jeter
nos billes chez vous. Continuez avec Olam, cette entreprise engloutie dans la
merde jusqu’au cou.
Faut-il
rajouter à ce tableau noir le dernier rapport de « Transparency International »
qui classe le Gabon comme étant le 153ème pays le plus corrompu au
monde ?
Quelle
fiabilité et quelle crédibilité les tenants du pouvoir peuvent-ils avoir quand
des institutions autorisées qui servent de véritables indicateurs aux
investisseurs sérieux et non véreux comme ceux d’Olam, présentent le Gabon
comme étant une zone continuellement frappée par des séismes économiques et
politiques que seule la CNS peut arrêter ?
C’est
également cet état d’esprit de mauvaise gouvernance que révèle le dossier
instructif réalisé par le service « Finance » de la société internationale
« Yahoo ». Aussi, nombreux sont les Gabonais qui restent surpris
qu’aucun démenti n’ait déjà été fait par la présidence de la République face à
ces affirmations qui pourtant ne diffèrent en rien des petits propos tenus par
Yannick JADOT, un député européen, qui avait par contre bénéficié d’une
plainte. Est-ce parce que « Yahoo » révèle des informations avérées
ou tout simplement parce que le pouvoir Gabonais a peur d’ouvrir la boîte de
Pandore ?
Dans
les révélations du service « Finance » de « Yahoo », il est
clairement dit qu’Ali Bongo Ondimba a eu à prendre 25% du PIB du Gabon, sachant
qu’en 2011, ce PIB était de 16.000 dollars par habitants. Or de nombreuses
institutions internationales révèlent par ailleurs que, les ¾ des Gabonais
vivent avec moins de 2 dollars par jour. Une information qui confirme bien la
source d’enrichissement illicite d’Ali Bongo Ondimba révélée par Yahoo et
confirmée par l’institut de sondage « Gallup » qui affirme que 70%
des Gabonais ne parviennent pas à se nourrir. Quand plus d’1 million sur les
1,5 millions d’habitants peinent à se loger décemment et plus de 38% ne se
sentent pas en sécurité dans leur propre pays.
De
cette assertion, ce ne sont pas les récents coups de fusil qui ont explosés
dans un quartier dit résidentiel qui pourraient
rassurer les investisseurs étrangers et les populations gabonaises qui
affirment qu’il y a bel et bien une crise multiforme au Gabon. Selon de
nombreuses indiscrétions, cet acte devrait doublement faire réfléchir Ali Bongo
Ondimba et les derniers réfractaires à
l’idée de la CNS.
Car,
que peut et que va encore dire de sensé le PDG face à ces faits réels?
Qu’il n’y a pas de crises au Gabon ? Qu’on a déjà eu une conférence
nationale en 1990, et que par conséquent une CNS en 2012 ne se justifie pas, comme
s’il existait une loi qui empêchait la tenue de ces assisses nationales et
républicaines nécessaires en ce temps de crise ô combien identique?
Les
PDGistes, suppo des mesures accromblessantes, vont-ils continuer dans leur
autisme et leur égoïste sans avoir peur de finir comme Affi Nguessan à Abouna? Ou
ne préfèrent-ils pas s’en sortir au moins comme le général Philippe Mangou,
dans un exil doré au Gabon, en qualité d’ambassadeur de Côte d’Ivoire dans
notre pays ?
Allons-y
tranquillement à la Conférence Nationale Souveraine. Le développement du Gabon
tournera toujours et avant tout autour du concept : «Gabon d’abord ».
Par
Télesphore OBAME NGOMO
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