Embrigader
dans une situation plus que malheureuse, François Bozizé a tenté de lancer un
cri de soutien à ses pairs occidentaux et de la sous région pour tenter de sauver son pouvoir extrêmement chancelant.
Hélas,
une fin de non recevoir lui a été clairement spécifiée par la France de
François Hollande qui l’a renvoyé au respect des accords de coopération qui
lient les deux pays, la France et la République Centrafricaine. Autrement dit,
François Hollande vient de clairement et concrètement exprimer sa volonté de
mettre fin à la « francafrique et ses méthodes mafieuses »
qui aidaient les régimes corrompus et mafieux à spolier et martyriser leurs
peuples.
Du
côté des Etats-Unis, le verbe ne s’est pas fait entendre mais les actes ont été
beaucoup plus éloquents. En fait, le pays de Barack Obama, en évacuant
l’ambassadeur américain, le personnel de l’ambassade et de nombreux
ressortissants américains vivant en Centrafrique, il a publiquement fait comprendre
à François Bozizé qu’il ne volera pas à son secours. Une attitude similaire a
d’ailleurs été adoptée par l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui a
également décidé de mettre en lieu sûr tout son personnel pour montrer au monde
entier, mais surtout aux pays membres de la CEMAC, le degré d’explosion qui
plane en Centrafrique.
De
ces trois actes forts posés par des puissances occidentales, il convient de
dire que les marges de manœuvres de François Bozizé pour faire face à la
rébellion avançant à pas de géant sont désormais d’une maigreur inimaginable. A
cet effet, seule une attitude responsable, symbolisée par le dialogue mais
surtout la démission, pourrait le sortir du bourbier dans lequel il s’est
fourré en côtoyant volontairement et grossièrement la corruption, le népotisme,
la violence, l’arrogance et l’incompétence.
Aussi,
il faut dire que, le renvoi vers la CEMAC ou à l’Union Africaine formulé par
les puissances occidentales dans ce conflit centrafricain est en réalité une
parade voire même un piège pour qui oserait tenter de s’approcher du régime
corrompu et agonisant de François Bozizé. En d’autres termes, lorsque le lion face
à une autruche décide de décliner un tel combat en forêt, il est quand même
préférable pour une maigre biche, fut elle prétentieuse et ambitieuse, de ne point
s’aventurer d’y fourrer son nez.
Les
pays membres de la CEMAC ont tout intérêt à laisser François Bozizé gérer cette
vieille crise centro-centrafricaine dont il n’ignorait point les poches de
résistance, le niveau d’explosion et qui, du fait de son incompétence comme le
rappelle Elisabeth Guigou, ancien premier ministre de la France, a pris un
volume plus que considérable.
La
solution majeure aux nombreuses revendications légitimes de ces indignés armés centrafricains
se trouve sans nul doute dans le dialogue que François Bozizé, désormais
président en sursit, semble avoir malheureusement brisé depuis un certain
temps. N’est-ce pas là la conséquence logique de la situation dramatique et
pathétique qu’il connaît actuellement et qui l’accable grandement?
Pour
les chefs d’Etats de la sous région, il convient de très vite adopter
l’attitude intelligente de Joseph Désiré Mobutu qui, après avoir vu la fin
tragique de son ami Nicolas Ceausescu de Roumanie et la fin de la guerre froide,
avait très vite anticipé la crise grandissante dans son pays en lançant un
débat national dans le souci d’apaiser les tensions sans cesse galopantes.
C’est dire que, au regard de la nouvelle attitude non négligeable des
puissances occidentales, jadis considérées à tort ou à raison comme les
protectrices de nombreuses dictatures en Afrique, il est vivement recommandé à
Ali Bongo Ondimba du Gabon de s’inviter très rapidement dans les enjeux du
dialogue nationale souverain sollicité et recommandé à François Bozizé très
affaibli.
En
effet, le temps dont jouit encore Ali Bongo Ondimba constitue selon l’état
d’esprit actuel de François Bozizé et de Joseph Kabila une véritable mine d’or
qu’il devrait exploiter au plus vite avant qu’il ne soit trop tard.
C’est
pourquoi, il est quand même important de rappeler qu’au début du mois d’août
2012, avant le retour d’André Mba Obame au Gabon et avant la vulgarisation de
l’exigence d’un dialogue national souverain par le peuple gabonais dans sa très
grande majorité, cinq propositions d’urgence avaient été faites à Ali Bongo
Ondimba afin qu’il puisse continuer de contrôler l’agenda politique du pays. Mais
hélas…
De
ces propositions, il ressortait qu’Ali Bongo Ondimba devait remanier en
profondeur son cabinet infesté par une collection d’étrangers incompétents et
arrogants. Remanier également le gouvernement de Raymond Ndong Sima qui est
aujourd’hui aussi transparent que l’eau du Ntem. Puis, il était question de
faire disparaître les agences nationales malhabilement rattachées à la
présidence de la République du fait de leur caractère assassin devant notre
administration publique à qui elles dérobent toutes les prérogatives réservées
aux différents ministères. Ensuite, il était question de dissoudre l’assemblée
nationale monocolore qui venait rajouter à la carence de légitimité
présidentielle, une carence de légitimité parlementaire. De plus, il fallait
rétablir l’union nationale dont la dissolution ne répondait à aucun argument crédible
référencé dans la conception d’un système démocratique. Et enfin, nommer les
membres de la Cour Constitutionnelle dans un état d’esprit purement
républicain.
Face
à ces recommandations responsables et pertinentes, il aurait été très difficile
à l’opposition plurielle, la société civile et la diaspora de faire émerger
l’idée d’une conférence nationale souveraine car, le peuple gabonais, bien
qu’étant agacé par les fausses promesses d’une émergence version Abomey ou
Mogadiscio, et l’hégémonie des étrangers étranges, aurait certainement pensé
que, la fraîcheur des changements dans les différents organes qui régulent le
fonctionnement d’un Etat mériterait qu’on patiente un peu afin de voir ce qui
aurait pu sortir de bon. Mais hélas, Ali Bongo Ondimba a préféré suivre les
conseils d’un cerveau bourré d’aguidi comme celui de Maixent Accrombessi qui
l’a complètement éloigné de sa famille, de ses amis, de ses conseillers, de
tous ses soutiens mais surtout des attentes et des priorités du peuple.
Une
attitude qui avait été fortement soulignée et déplorée chez François Bozizé
clairement abandonné par tous aujourd’hui. Le gouffre dans lequel il s’est
plongé est tellement profond qu’il serait tout simplement suicidaire pour un
quelconque chef d’Etat de tenter de le sauver.
A
cet effet, nous pouvons déjà prédire sans le moindre risque de nous tromper,
comme à l’accoutumée d’ailleurs que, le chef d’Etat de la sous région qui
prendra le haut risque de jeter un coup d’œil dans le tourbillon qui emporte
naturellement François Bozizé assumera l’invitation aux troubles qu’il serait
librement allé chercher en Centrafrique. En d’autres mots, ce n’est pas la
volonté qui avait manqué à l’Algérie ou au Maroc pour voler au secours de leurs
pairs du Maghreb en chute libre. Mais, au regard de la situation, ces deux pays
très importants dans cette zone avaient compris qu’il était inutile de
s’attirer les foudres des puissants ou des restants.
Comprendrons
ceux qui n'ont pas le même cerveau que Liban Souleymane.
Par
Télesphore OBAME NGOMO
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