vendredi 28 décembre 2012

Le piège « Bozizé » aux autres chefs d’Etats de la CEMAC




Embrigader dans une situation plus que malheureuse, François Bozizé a tenté de lancer un cri de soutien à ses pairs occidentaux et de la sous région pour tenter de  sauver son pouvoir extrêmement chancelant.

Hélas, une fin de non recevoir lui a été clairement spécifiée par la France de François Hollande qui l’a renvoyé au respect des accords de coopération qui lient les deux pays, la France et la République Centrafricaine. Autrement dit, François Hollande vient de clairement et concrètement exprimer sa volonté de mettre fin à la « francafrique et ses méthodes mafieuses » qui aidaient les régimes corrompus et mafieux à spolier et martyriser leurs peuples.

Du côté des Etats-Unis, le verbe ne s’est pas fait entendre mais les actes ont été beaucoup plus éloquents. En fait, le pays de Barack Obama, en évacuant l’ambassadeur américain, le personnel de l’ambassade et de nombreux ressortissants américains vivant en Centrafrique, il a publiquement fait comprendre à François Bozizé qu’il ne volera pas à son secours. Une attitude similaire a d’ailleurs été adoptée par l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui a également décidé de mettre en lieu sûr tout son personnel pour montrer au monde entier, mais surtout aux pays membres de la CEMAC, le degré d’explosion qui plane en Centrafrique.

De ces trois actes forts posés par des puissances occidentales, il convient de dire que les marges de manœuvres de François Bozizé pour faire face à la rébellion avançant à pas de géant sont désormais d’une maigreur inimaginable. A cet effet, seule une attitude responsable, symbolisée par le dialogue mais surtout la démission, pourrait le sortir du bourbier dans lequel il s’est fourré en côtoyant volontairement et grossièrement la corruption, le népotisme, la violence, l’arrogance et l’incompétence.

Aussi, il faut dire que, le renvoi vers la CEMAC ou à l’Union Africaine formulé par les puissances occidentales dans ce conflit centrafricain est en réalité une parade voire même un piège pour qui oserait tenter de s’approcher du régime corrompu et agonisant de François Bozizé. En d’autres termes, lorsque le lion face à une autruche décide de décliner un tel combat en forêt, il est quand même préférable pour une maigre biche, fut elle prétentieuse et ambitieuse, de ne point s’aventurer d’y fourrer son nez.

Les pays membres de la CEMAC ont tout intérêt à laisser François Bozizé gérer cette vieille crise centro-centrafricaine dont il n’ignorait point les poches de résistance, le niveau d’explosion et qui, du fait de son incompétence comme le rappelle Elisabeth Guigou, ancien premier ministre de la France, a pris un volume plus que considérable.

La solution majeure aux nombreuses revendications légitimes de ces indignés armés centrafricains se trouve sans nul doute dans le dialogue que François Bozizé, désormais président en sursit, semble avoir malheureusement brisé depuis un certain temps. N’est-ce pas là la conséquence logique de la situation dramatique et pathétique qu’il connaît actuellement et qui l’accable grandement?

Pour les chefs d’Etats de la sous région, il convient de très vite adopter l’attitude intelligente de Joseph Désiré Mobutu qui, après avoir vu la fin tragique de son ami Nicolas Ceausescu de Roumanie et la fin de la guerre froide, avait très vite anticipé la crise grandissante dans son pays en lançant un débat national dans le souci d’apaiser les tensions sans cesse galopantes. C’est dire que, au regard de la nouvelle attitude non négligeable des puissances occidentales, jadis considérées à tort ou à raison comme les protectrices de nombreuses dictatures en Afrique, il est vivement recommandé à Ali Bongo Ondimba du Gabon de s’inviter très rapidement dans les enjeux du dialogue nationale souverain sollicité et recommandé à François Bozizé très affaibli.  

En effet, le temps dont jouit encore Ali Bongo Ondimba constitue selon l’état d’esprit actuel de François Bozizé et de Joseph Kabila une véritable mine d’or qu’il devrait exploiter au plus vite avant qu’il ne soit trop tard.

C’est pourquoi, il est quand même important de rappeler qu’au début du mois d’août 2012, avant le retour d’André Mba Obame au Gabon et avant la vulgarisation de l’exigence d’un dialogue national souverain par le peuple gabonais dans sa très grande majorité, cinq propositions d’urgence avaient été faites à Ali Bongo Ondimba afin qu’il puisse continuer de contrôler l’agenda politique du pays. Mais hélas…

De ces propositions, il ressortait qu’Ali Bongo Ondimba devait remanier en profondeur son cabinet infesté par une collection d’étrangers incompétents et arrogants. Remanier également le gouvernement de Raymond Ndong Sima qui est aujourd’hui aussi transparent que l’eau du Ntem. Puis, il était question de faire disparaître les agences nationales malhabilement rattachées à la présidence de la République du fait de leur caractère assassin devant notre administration publique à qui elles dérobent toutes les prérogatives réservées aux différents ministères. Ensuite, il était question de dissoudre l’assemblée nationale monocolore qui venait rajouter à la carence de légitimité présidentielle, une carence de légitimité parlementaire. De plus, il fallait rétablir l’union nationale dont la dissolution ne répondait à aucun argument crédible référencé dans la conception d’un système démocratique. Et enfin, nommer les membres de la Cour Constitutionnelle dans un état d’esprit purement républicain.

Face à ces recommandations responsables et pertinentes, il aurait été très difficile à l’opposition plurielle, la société civile et la diaspora de faire émerger l’idée d’une conférence nationale souveraine car, le peuple gabonais, bien qu’étant agacé par les fausses promesses d’une émergence version Abomey ou Mogadiscio, et l’hégémonie des étrangers étranges, aurait certainement pensé que, la fraîcheur des changements dans les différents organes qui régulent le fonctionnement d’un Etat mériterait qu’on patiente un peu afin de voir ce qui aurait pu sortir de bon. Mais hélas, Ali Bongo Ondimba a préféré suivre les conseils d’un cerveau bourré d’aguidi comme celui de Maixent Accrombessi qui l’a complètement éloigné de sa famille, de ses amis, de ses conseillers, de tous ses soutiens mais surtout des attentes et des priorités du peuple.

Une attitude qui avait été fortement soulignée et déplorée chez François Bozizé clairement abandonné par tous aujourd’hui. Le gouffre dans lequel il s’est plongé est tellement profond qu’il serait tout simplement suicidaire pour un quelconque chef d’Etat de tenter de le sauver.

A cet effet, nous pouvons déjà prédire sans le moindre risque de nous tromper, comme à l’accoutumée d’ailleurs que, le chef d’Etat de la sous région qui prendra le haut risque de jeter un coup d’œil dans le tourbillon qui emporte naturellement François Bozizé assumera l’invitation aux troubles qu’il serait librement allé chercher en Centrafrique. En d’autres mots, ce n’est pas la volonté qui avait manqué à l’Algérie ou au Maroc pour voler au secours de leurs pairs du Maghreb en chute libre. Mais, au regard de la situation, ces deux pays très importants dans cette zone avaient compris qu’il était inutile de s’attirer les foudres des puissants ou des restants.

Comprendrons ceux qui n'ont pas le même cerveau que Liban Souleymane.

Par Télesphore OBAME NGOMO





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