mercredi 11 septembre 2013

Vers quoi court AMO en sacrifiant publiquement ses principaux lieutenants ?

Depuis de nombreuses semaines voire même de nombreux mois, des débats publics chargés de passions ne cessaient d’enfler sur la toile entre certains membres de l’Union Nationale, notamment ses cadres les plus actifs et les plus brillants. A l’ordre du jour de ces échanges quelques fois robustes, on notait deux principaux sujets : le processus d’enrôlement d’une part et la course aux prochaines joutes électorales, d’autre part.

Dans ce combat violent et virulent mais non sanglant, on pouvait non seulement déceler les vives tensions et frustrations qui infestaient le parti mais qu’une unité de façade stratégique semble avoir réussie à étouffer pendant de nombreuses années. Mais aussi les différents courants qui jonchent ce parti, bien que dissout et plus que jamais divisé.

D’un côté, on pouvait voir la frange de ceux qui militaient pour un boycott serré, fortement composée d’individus AMOïsés avec un versant affectif pour Jean NTOUTOUME NGOUA. Puis, de l’autre côté, il y avait ceux qui étaient favorable au processus d’enrôlement et à une participation active aux élections locales de novembre prochain. Cette tendance ne cachait pas son attachement et sa proximité à Zacharie MYBOTO, Jean EYEGHE NDONG, Casimir OYE MBA, Paulette MISSAMBO et Jean Pierre ROUGOU.

Rien qu’à la vue du dispositif en place, on voyait bien que, par la simple théorie du nombre et celui de la majorité, la tendance André MBA OBAME (AMO) et Jean NTOUTOUME NGOUA se trouvait déjà en minorité, quasiment isolée. Et ce déséquilibre mesuré pouvait se justifier par l’existence de plusieurs crises internes qui rongeaient très sérieusement le bureau directoire de ce parti et qui trouvaient leur source dans la trop grande confiance sinon l’assujettissement injustifiable, selon certains cadres lucides et courageux, aux « stratégies inadaptées » d’un seul individu, fut-il le meilleur mobilisateur des militants. Car, à toutes les comptabiliser, ces diverses stratégies se sont presque toutes soldées par un cuisant échec donnant du grain à moudre au pouvoir en place et des cuillères à soupe pour ramer aux autres leaders de l’Union Nationale dans un véritable océan de difficultés. 

Les cas les plus expressifs furent la prestation de serment d’AMO qui a conduit à une réaction inattendue et disproportionnée du pouvoir en place : la dissolution du parti qui justifie aujourd’hui les multiples voyages de négociation entrepris par Zacharie MYBOTO, Casimir OYE MBA et Jean Pierre ROUGOU. Puis, la menace publique faite à Maixent ACCROMBESSI qui n’a été qu’un pet de lapin sur toile cirée sinon un véritable pitch à la Jacques CHIRAC.

Cependant, malgré tous ces échecs accumulés et ces réalités épuisantes pour les autres membres du parti, c’est encore cette même frange qui avait réussi à mettre l’Union Nationale à genou qui trouvait encore le moyen de vouloir imposer son point de vue quant à l’enrôlement et à la problématique d’une éventuelle participation aux locales prochaines. C’était la goutte d’eau de trop qui ne pouvait plus du tout être acceptée qu’ite à donner des fous rire au pouvoir en place bien qu’étant lui aussi ronger par des tensions qui désormais compteraient aussi leur jour en vue de l’explosion.

A ce constat avéré parce que vérifiable, on ne peut qu’ajouter l’absence de débats de fond qui a fortement manqué ou la recherche d’un consensus sur ces problématiques sus évoquées sensés canaliser les débordements extérieurs qui ont davantage pollués l’image de ce parti qui prônait l’unité de la nation quand lui-même il semble être totalement désarticulé.

C’est d’ailleurs cette saison d’embrouillamini qui semble le mieux justifier le comportement des cadres de l’Union Nationale qui n’ont pas hésité à s’offrir le loisir et le plaisir de se tirer à boulet rouge sur la toile soit à visage découvert, soit en mercenaire masqué. Pendant que, dans le même temps, d’autres en faveur du boycott total et serré ou favorable à un comportement citoyen et républicain responsable, bien que plus subtiles mais tout aussi incisifs, avaient choisi de descendre sur le terrain en sillonnant les différentes routes et villages du pays pour demander aux populations de saboter ou de soutenir le processus de la mise en place de la biométrie et la participation aux élections municipales à venir.

Dans ce magma politique problématique et indiscipliné, similaire à la guerre des éléphants du Parti Socialiste français version tropicale, Jean EYEGHE NDONG, le candidat tonnerre, décida de mettre fin à ce désordre organisé en annonçant contre toute attente sa candidature comme tête de liste pour la mairie de Libreville. C’est dire que, c’est dans ce même type de contexte que Jack LANG, s’était senti obligé de demander à Martine AUBRY, le premier secrétaire du parti de jadis, de siffler la fin de la récréation.

Hélas, certains cadres récalcitrants, usant et abusant de pseudonymes sur la toile pour verser leurs derniers litres de bile, et en faveur du boycott pour tout, n’ont pas jugé bon de stopper leurs abus langagiers devenant de plus en plus indigestes malgré les premières décharges de la foudre troublante que Jean EYEGHE NDONG avait su faire peser sur leur tête car sa candidature ne cessait de susciter des adhésions et de l’admiration.

D’ailleurs, à ce jeu des pseudonymes sur Internet, Luc FERRY ne pensait pas si bien dire quand il affirmait que « l’anonymat qui sévit sur Internet permet toutes les horreurs ».

Comme pour saluer la fin de ce coma politique ou de ce cauchemar qui n’avait que trop duré, de nombreuses voix n’ont pas hésité à clamer ouf de soulagement en présentant Jean EYEGHE NDONG comme étant un véritable politicien courageux, un homme d’Etat, un gabonais sage, un leader politique réaliste, un homme de convictions qui comprend que le monde politique est un monde d’affrontements et qu’il ne sert à rien de refaire les mêmes erreurs en appelant au boycott surtout que celui des législatives de 2011 ne semble émouvoir ni le peuple gabonais et encore moins la communauté internationale. Une manière de dire, arrêtons de vouloir sans cesse labourer la mer.

André MBA OBAME, qui fait partie des personnes les mieux renseignées du pays, a très vite compris que le silence pesant, ô combien de fois toléré voire supporté par les siens, qu’il fait régner depuis de nombreuses semaines voire de nombreux mois au sein du parti ne rassurait plus la majorité des cadres et même le bureau directoire de l’Union Nationale. Et de ce fait, ces derniers, disposant d’une grande responsabilité devant le peuple gabonais et devant l’histoire, et ne voulant plus donner l’impression trompeuse d’être la cinquième roue du carrosse de l’Union Nationale, ont décidé, légitiment, de stopper cet orphelinat imposé à leurs militants en poursuivant dignement le combat politique entamé. Surtout que ses différents sherpas, principaux supporters du boycott serré qui commençait même par les étrangler, n’ont su convaincre qu’une minuscule poigné de citoyens gabonais.

Puis, en plus de ce qui précède, il faudrait ajouter la volonté manifestée par Ali Bongo Ondimba d’échanger avec Jean EYEGHE NDONG. Quoi de plus illustratif en langage stratégique et  diplomatique pour montrer que le principal centre d’intérêt de l’opposition a changé de visage et de nom ?

Contre toute attente et en guise de réponse, André MBA OBAME fait paraître, le 09 septembre, son avis sur les problématiques liées à la biométrie et aux futures joutes électorales organisées dans notre pays. Sans doute aucun, le buzz est au rendez vous car ce dernier a su faire sien, mais involontairement du fait de sa convalescence, le conseil de Jacques PILHAN à François MITTERRAND qui disait : « La parole d’un chef doit toujours être rare pour susciter l’attention voire l’adhésion ». 

Mais hélas, cette sortie surprise fut de très courte durée car, le peuple gabonais démasqua assez rapidement l’escroquerie politique en cherchant la logique ou la cohérence dans cette attitude qui oppose très clairement la posture publique d’AMO et celle de ses inconditionnels partisans exprimée en public, et certainement mandaté par leur principal référent toujours aussi bien informé.

Autrement dit, le peuple gabonais consciencieux se posa la question de savoir : « Pourquoi AMO invite-t-il subitement les gens à se faire enrôler et presque à aller aux élections locales alors que ses plus fidèles lieutenants qui ne comptent plus leurs milliers de kilomètres de marche n’ont pas hésité à bourrer les oreilles de tous ceux qu’ils croisaient en leurs proposant le contraire de l’invitation de leur principale référence? »

Malhabilement sinon grossièrement, comme pour tenter de ressusciter un homme en état de décomposition qu’on a jadis violemment poignardé, ses mêmes sherpas d’AMO qui clamaient quelques fois par l’injure et l’agressivité par les monts, par les plaines et sur tous les réseaux sociaux disponibles, le NON absolu, se retrouvent aujourd’hui à soutenir la nécessité d’aller se faire enrôler et l’urgence de se préparer pour les futures élections locales. Allons y comprendre quelque chose.

Si un proverbe bien connu nous enseigne qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis, il est vivement souhaitable que ce changement de posture soit fait de manière sincère au risque de pourrir le travail entamé par ceux qui savent apprécier objectivement les nouvelles donnes politiques en présence.

Par ce revirement à très grande vitesse, on peut affirmer sans le moindre risque de nous tromper qu’André MBA OBAME vient de se sauver d’un isolement politique qui lui aurait été fatal s’il avait persisté dans la stratégie du boycott étranglé via le ballon d’essai qui fut lancé par ses inconditionnels thuriféraires.

C’est pourquoi, comme pour revivre une forme d’appel des braves de Louis AGONDJO OKAWE, après autant de dégâts causés, une réunion stratégique par le bureau de l’Union Nationale. Nul doute que les échanges ne tourneront plus autour de la nécessité d’aller se faire enrôler ou de participer aux prochaines échéances électorales car cela semble définitivement acquis mais bel et bien autour de la reconstruction du parti et l’élaboration des stratégies en vue de la victoire en novembre prochain. A ce stade de la compétition, il est évident que se sont les vainqueurs, désormais en position de force qui dirigeront les travaux et donneront le las sur les questions stratégiques qui touchent le parti. Le rapport de force ayant plus que jamais changé d’épaule.

Si André MBA OBAME en quête constant voire permanent d’un leadership au sein de l’Union Nationale et auprès de l’opinion publique nationale a pu se sauver momentanément d’une fin politique brutale en désavouant publiquement ses lieutenants en mission commandée pour le boycott étranglé du processus d’enrôlement et de la participation aux élections locales à venir, il est clair qu’il les a fortement affaiblis alors que ce sont qu’à même ces derniers qui, du fait de sa convalescence, maintenaient encore la vivacité de sa flamme politique.

C’est dire que, si Zacharie MYBOTO et Jean EYEGHE NDONG, continuent de jouer la carte de l’unité, du rassemblement, de l’apaisement et viennent même à remporter les élections à venir, on s’acheminera royalement vers la véritable fin politique d’André MBA OBAME car il aura lui-même sacrifié sa première et principale garde rapprochée.

En plus, son absence immédiate sur le terrain  n’est pas en reste dans cette course vers sa déchéance politique. Ce qui ne serait pas un triste événement pour le pouvoir en place qui ne se priverait certainement pas de cette aubaine servie sur un plateau en or avec autour des diamants pour se débarrasser de cette très grosse épine politique qui faisait pourrir le pied de l’émergence depuis quatre ans maintenant.


Par Télesphore OBAME NGOMO 

 





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