vendredi 13 septembre 2013

Le requiem de l’Union Nationale chanté à l’Ancienne SOBRAGA

Après une guerre verbale sans précédente sur la toile entre les partisans de l’Union Nationale (UN), dotée au passage d’une virulence à décaler la vue des internautes lecteurs, Zacharie MYBOTO le président de l’Union Nationale décida honorablement de signer l’armistice au siège dudit parti suite au drapeau blanc sorti par André MBA OBAME, le secrétaire exécutif, signe de l’échec de la stratégie du boycott serré psalmodié par ses thuriféraires et marquant ainsi la défaite méritée de ses partisans, faute d’une meilleure appréciation de la situation sociopolitique du pays.

Convenue pour avoir lieu au siège du parti, une réunion ouverte et démocratique a été convoquée par le directoire de l’UN afin de réconcilier les deux camps opposés même si les différents guerriers avaient encore dans leurs bouches et sur leurs phalanges des mots sanglants plein de sang. Sans oublier les plaies bien béantes, conséquences des injures et des agressions sans compassion.

En réalité, cette stratégie habile et efficace après une crise profonde entre partisans du même camp n’est pas sans nous rappeler la déchirure fratricide des membres du Rassemblement Pour la République (RPR) en 1995 entre les Balladuriens avec pour tête de file, Nicolas Sarkozy, et les Chiraquiens, avec pour tête pensante, Dominique de Villepin.

Ne voulant plus subir le martyr et les humiliations de François MITTERRAND comme en 1986 lors de la première cohabitation, Jacques CHIRAC, le chef de file de la droite, envoya son vieil ami Edouard BALLADUR en 1993 aux fourneaux de Matignon, histoire de mieux préparer les élections présidentielles de 2002.

Malheureusement pour cet homme d’expérience pourtant, il semblait oublier qu’après le poste de premier ministre, il n’existe plus d’autres paliers à franchir pour espérer finir président de la République, même si on peut également y accéder via d’autres entrées. Mais là encore, c’est un autre type de combat qui n’est pas des plus aisés. Bref…

Edouard BALLADUR, flatté par de beaux sondages dans lesquels il devancerait Jacques CHIRAC, se laissa pousser une ambition subite et décida de présenter sa candidature à l’élection présidentielle. Malheureusement pour lui, les méthodes du coucou, ce bel oiseau paresseux, n’a jamais pu être à même d’offrir un quelconque ticket gagnant  pour quoi que se soit, même pas en politique. C’est alors qu’un 23 avril 1995, le verdict des urnes du premier tour de l’élection tomba comme un couperet et c’est Jacques CHIRAC qui venait de se qualifier pour le second tour avec 20,84% des suffrages exprimés contre 18,58% pour Edouard BALLADUR. Comme quoi un sondage ne pourra jamais remplacer les électeurs.

Afin de ne pas à avoir porté l’échec de la droite face à la gauche lors de cette élection, en plus d’avoir trahi son vieil ami, Edouard BALLADUR n’hésita pas à mettre de côté sa fierté, son amertume, ses émotions voire même ses ambitions lors du grand meeting du Bourget, cet instant inoubliable pour Nicolas Sarkozy, en appelant à voter pour Jacques CHIRAC face à Lionel JOSPIN. Celui-ci  s’en sortit avec 52,64% au second tour pour la gloire du RPR d’abord.

Dans le cadre politique du Gabon, invités à cette rencontre dite de « réconciliation », les Balladuriens gabonais, entendons par là tous ceux qui appelaient à un boycott serré du processus d’enrôlement et à une quelconque participation aux prochaines élections locales, pris par un orgueil injustifiable, une fierté décalée, une arrogance totalement en transe, décidèrent de briller par une absence étrangement transparente car, il s’est finalement prouvé durant cette rencontre que nul n’avait le monopole des militants de l’Union Nationale. Dit-on, la salle aurait même refusé du monde.

Pensant peut être faire du tort au directoire de l’Union Nationale, les « Balladuriens gabonais » ont semblé oublier que dans certains moments de la vie politique d’un parti ou d’un pays, la politique de la chaise vide est une stratégie suicidaire sinon fatale. De ce fait, leur absence jugée méprisante pour le directoire par les militants venus nombreux pour la circonstance vient d’enterrer la tendance AMO de l’Union Nationale dont ils étaient issus pour la plupart. Sinon, comment comptent-ils ou espèrent ils exister à l’avenir dans ce parti surtout qu’AMO lui-même, leur unique rempart dans cette impasse et excusable pour des raisons de santé, n’a toujours pas encore retrouvé toutes ses capacités?

Face à cette faiblesse comportementale déplorable et étonnante pour des personnes pourtant capables de très grandes choses, on peut déjà prédire que, si ces derniers n’ont pas su trouver la hauteur nécessaire pour affronter du regard leurs anciens adversaires en prenant part à une réunion de réconciliation, il est plus qu’évident qu’ils resteront « silencieusement ou malicieusement» dans leur volonté de faire régner l’esprit du boycott, aussi bien pour l’enrôlement que pour cette course aux élections locales bien qu’à porter de main au regard des multiples bilans accablants des maires sortants.

De plus, comment ces « Balladuriens gabonais » entendent-ils continuer à exister politiquement dans l’Union Nationale puisqu’ils refusent de se plier aux directives données par le directoire du parti ? N’est ce pas eux finalement qui donneraient du grain à moudre à l’adversaire ? Cette attitude inexplicable, si tant est que c’est l’intérêt des ambitions et des missions parti et non celui d’un individu qui domine et anime leur combat politique, n’inviterait elle pas à penser que les Balladuriens joueraient le jeu du pouvoir ?

C'est-à-dire, d’abord créer la confusion puis introduire la suspicion et enfin chercher la scission du parti et des militants pour affaiblir le pourcentage des candidats issus de l’opposition? Pour quels buts ? Chauffer continuellement la première place pour AMO dont le retour attendu et réclamé sur la scène politique reste quand même très hypothétique ? Aider les candidats adversaires à remporter les élections à venir ? Déstabiliser l’électorat de l’opposition? Jouer les emmerdeurs utiles ? Autant de questions qui trouveront leurs réponses dans le temps.  

Ensuite, comment ces « Balladuriens gabonais » qui ont décidé de s’activer dans le boudin en boycottant une réunion fondamentale pour la vie de leur parti, alors que c’est quand même AMO qui est venu brutalement stopper leur tango du boycott, viendront ils justifier leur soutien aux candidatures de leurs anciens amis du boycott qui ont décidé de se lancer dans la bataille électorale qu’ils appelaient pourtant à boycotter ? Est-ce là des comportements sérieux de gens qui prétendent vouloir diriger la vie de milliers d’individus ?
Le peuple vigilant espère au moins que ces derniers y compris tous ceux qui invitent les gabonais à aller se faire enrôler penseront eux-mêmes à s’adonner à cet exercice républicain au risque de conclure qu’il est vraiment face à des amateurs et à de véritables candidatures épidermiques, même si cela semble déjà être le cas.

Enfin, comment ces « Balladuriens gabonais » entendent-ils préparer les élections présidentielles de 2016 si le boycott permanent reste leur unique stratégie offensive ou défensive, hélas déjà trop connue par leurs principaux adversaires ?

Certainement, l’exhumation de l’idée de la mise en place d’une conférence nationale souveraine serait la parade risible qu’ils pourraient proposer. Ce qui amènerait sans aucun doute l’opinion publique à se demander : comment le feraient ils avec moins de monde dans leur rang et un AMO qu’ils ont volontairement isolé sinon enterré politiquement? 

Devant ce requiem de l’UN, on a envie de rendre hommage aux propos de Roland DUMAS qui disait d’Alain JUPPE, tête pensante de la droite chiraquienne et brillante figure politique de France : « Alain JUPPE est un bouledogue qui réfléchit trop jusqu’à l’erreur ». Autrement dit, AMO et ses thuriféraires sont tellement intelligents et brillants qu’ils ont réfléchi au point de préférer valoriser une erreur politique qui leurs a été fatale. 

C’est dire que, dans ce brouillard politique surréaliste qui a primé, ces « Balladuriens gabonais » ont brillé par une posture court termiste. Par conséquent, ils devront dorénavant prendre conscience que la scène politique n’est pas une cage pour perroquets bien dressés mais un espace de compétition et un lieu de débats. De ce fait, il ne s’agit nullement d’être sympa avec qui que se soit.

Sur ce coup, l’Union Nationale n’a pas eu besoin de l’organiste du pouvoir pour chanter son requiem.


Par Télesphore OBAME NGOMO

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