mardi 3 septembre 2013

Le deuxième coup de tonnerre de Jean EYEGHE NDONG

Le deuxième coup de tonnerre de Jean Eyeghe Ndong

Ce n’est ni en 1997, lorsqu’il fut nommé secrétaire d’Etat, ni en 2002 lorsqu’il occupa le poste de ministre délégué aux finances et encore moins en janvier 2006 quand il épousa la fonction de premier ministre que le peuple gabonais découvrit qui était réellement Jean EYEGHE NDONG. Mais, c’est bel et bien au moment de la lecture de l’oraison funèbre qu’il rendit à celui qu’un grand nombre de personnes continue de considérer comme son mentor politique, « Omar BONGO ONDIMBA ».

Lors des derniers hommages de la République au deuxième président du Gabon, les Gabonaises et les Gabonais, ainsi que le monde entier s’invitant n’entendaient pas le discours de celui qui fut le dernier premier ministre du successeur de Léon MBA MINKO mais, Jean EYEGHE NDONG, un homme dont la chaleur de l’émotion avait convoqué dans ses mots, la foi, le courage et une très grande sagesse.

C’est dans  un style chargé de figures de style comme le Christ Jésus savait aisément le faire que Jean EYEGHE NDONG, comme un bon disciple discipliné, à la recherche de plus d’humanité et de valeurs humaines et morales, étala son ancrage dans les convictions qui devraient s’imposer en tout temps chez les femmes et les hommes qui entendent entrer dans l’Histoire du Gabon.

C’est ainsi qu’il gagna le respect et l’estime de nombreuses hautes personnalités venues des quatre coins du monde. Et de l’appellation Jean EYEGHE NDONG plus distingué, on passa à « Nsa Fé », ce surnom populaire répété affectueusement par des milliers de gabonais qui le prirent en sympathie.

Dès cet instant, Jean EYEGHE NDONG, par son objectivité dans la lecture de la situation, cette qualité qui donne une représentation fidèle de la chose observée, se couvrit du manteau de l’homme juste qui voudrait que se soit ce qui fit conforme à la réalité, sans excès ni défaut qui primât. C’est pourquoi, sans langue de bois, il servit au peuple gabonais un discours sincère qui consolida leur complicité sans cesse croissante.

Dans le contexte actuel, avec les situations politiques et sociales inédites observées dans notre pays, l’esprit de Roboam semble être au rendez vous. Effectivement, ce ne sont plus les failles de gestion d’Omar BONGO ONDIMBA que nous décriions hier, et à juste titre, que nous observons aujourd’hui, mais les cratères orchestrés par cette poignée d’arrivistes qui empoisonne chaque jour la vie des Gabonais à un tel point que la majorité des Gabonais préfère se consoler momentanément avec le proverbe disant : « on sait qui on perd, mais on ne sait pas qui on gagne ».

Cette conclusion réaliste et objective semble être partagée par ceux qui, en 2009, au premier plan, ont contribué peut être pas à la victoire présidentielle au sens premier du terme mais à l’effet psychologique du chiffre et des mises en scène indispensables pour justifier l’ascension au pouvoir qui règne dans notre pays.

Si l’histoire semble avoir donné raison à Jean EYEGHE NDONG d’avoir utilisé l’image de Roboam pour prédire un futur de plus en plus sombre, il est de plus en plus évident que l’épisode de l’histoire politique de la France semble entrer dans le même état de fait.

En effet, en novembre 1976, comme Jacques Chirac, ancien premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing, et contre toute attente, Jean EYEGHE NDONG décide de présenter sa candidature à la mairie de la plus grande ville du pays en étant tête de liste de tous ceux qui entendent mener le même combat.

Si dans cette comparaison, Jacques CHIRAC semble avoir une « avance superficielle » sur Jean EYEGHE NDONG, du fait de son OPA réussie sur l’UDR, le parti gaulliste dans lequel il est considéré comme un traître pour avoir savonné la planche à CHABAN DELMAS face à Giscard d’Estaing, Jean EYEGHE NDONG lui, membre de l’Union Nationale, parti dissout, pour des questions de pragmatisme stratégique n’entend pas rester sans parti. Aussi, le concept rassembleur « Mon parti, c’est Libreville » vient gommer cet enfermement partisan habituel qui n’aide pas toujours à l’unité, à la fraternité et à la solidarité envers tous, ce dont les Gabonais dans leur grande majorité ont pourtant réellement besoin.

Des radicaux de l’opposition version Union Nationale, pourtant d’une intelligence remarquable, aux mousquetaires de la majorité, la candidature de Jean EYEGHE NDONG semble très sérieusement déranger car elle déstabilise les positions jusqu’auboutistes ou les projections faites dans les différents états major politiques.

Pendant que certains membres de l’Union Nationale se lancent dans une croisade pour le boycott de l’enrôlement puis des élections locales à venir, côté pouvoir, c’est une vieille peau de banane complètement pourrie et noircie, à peine glissante, qui est posée malhabilement sur le passage de « Nsa Fé » dont la candidature est majoritairement applaudie par tous ceux, à l’extérieur comme à l’intérieur du Gabon, avaient déjà cru en ses aptitudes de visionnaire.

Pensant créer une once de doute au sein de l’opinion publique sur une « éventuelle rencontre », aux allures d’arrangement de derrière la cuisine, entre le président de la République et l’ancien premier ministre, le COCOM suivi du porte parole de la présidence de la République, évoquèrent puis confirmèrent qu’il eût un échange entre les deux hommes qui ne s’étaient plus parlés depuis 2009.

Un véritable pétard mouillé qui s’est soldé par un échec monstrueux car, c’est plutôt le COCOM qui s’en est trouvé discréditer. Personne ne comprit comment et pourquoi les services de communication dont l’efficacité a profondément et publiquement été remise en cause  par le chef de l’Etat se soit lancé dans un tel exercice politicien périlleux gagnant au passage le surnom de « distributeur de poison verbal ». Quant à Alain Claude Bilié Bi Nzé, avec son inflation de contre vérités, il confirma son statut de porte flingue du pouvoir et se ramassa le surnom de « Cheval de Troie du bord de mer», en référence à ce virus informatique, teigneux et dangereux.

Quoi de plus normal que les Gabonais puissent se parler au-delà des désaccords politiques profonds ? Pourquoi vouloir utiliser un fait banal dans l’esprit des véritables républicains ou démocrates pour en faire l’œuvre d’une manœuvre politicienne ou l’action d’une quelconque trahison quand la majorité des Gabonais sait parfaitement que si Jean EYEGHE NDONG était un opportuniste, il n’aurait jamais tenu le discours sinon les mots entendus lors de la lecture de son oraison funèbre à Omar BONGO ONDIMBA ?

Faire allégeance aux différents mécanismes du système en place à ce moment précis de l’histoire de notre pays lui aurait certainement garanti son maintien au poste de premier ministre.
Le peuple n’est plus dupe et les mesquineries politiciennes de ce genre qui dénotent du réel niveau des nouveaux stratèges au sommet de l’Etat ne peuvent plus convaincre personne, pas même les auteurs de cette forfaiture, morte née.

En s’aventurant dans une telle stratégie souffrant de petitesse, c’est finalement le candidat Jean EYEGHE NDONG qui s’en sort hautement grandi car aux yeux du peuple, il est ressenti comme une fébrilité voire une fragilité du pouvoir surtout que le concerné, tel un sage averti, devant ce sujet ridicule, prend à chaque fois de la hauteur en y répondant soit par le rire, soit par le silence. Une manière de convoquer les mots de Laurent FABIUS sur l’affaire DSK lorsqu’il disait aux journalistes : « vous ne m’entraînerez pas sur ce terrain ».

Qu’à cela ne tienne, et même si le peuple gabonais venait à épouser l’hypothèse selon laquelle l’ancien premier ministre aurait eu un dialogue avec le président de la République, qui du COCOM ou de Bilié Bi Nzé pourraient nous dire quel pays au monde se serait construit sur les braises de la haine de l’autre?

A cet effet, la candidature de Jean EYEGHE NDONG reste donc à être appréciée à plusieurs niveaux.

Tout d’abord, il y a la paralysie généralisée du pays qui s’est manifestée par le contenu du discours du 16 août 2013 du chef de l’Etat à la Nation, son interview devant la presse nationale le 17 du même mois et « le débat » télévisé regroupant les membres du gouvernement sans le premier ministre et les membres du cabinet présidentiel sans Maixent ACCROMBESSI qui régente pourtant tout dans le pays. La teneur globale de ses sorties médiatiques impréparées a montré que le concept de « l’émergence du Gabon » semblait avoir pris du plomb dans les ailes car le proverbe nous enseigne que « les choses qui se conçoivent bien s’énoncent clairement et les mots pour le dire viennent aisément ». Ce qui ne fut point le cas.

Puis, on peut ajouter à cette motivation légitime et justifiée, le fait que Libreville soit devenue une poubelle géante à ciel ouvert à un tel point que les poubelles de tel ou tel rond point soient devenues les lieux de référence ou de repère. A cela on peut ajouter la gestion opaque, archaïque et ringarde orchestrée par l’équipe municipale sortante dirigée par Jean François TOUTOUME EMANE qui n’offre aucune marge de manœuvre à la majorité pour défendre son bilan.

Ensuite, il y a cette théorie de Pierre JUILLET et de Marie France GARAUD qui disaient à Jacques CHIRAC : « un leader politique qui ne se présente pas à une élection importante n’en est pas un car il n’existe pas». Et dans le cadre du Gabon, il était fondamental de tirer les conclusions de la stratégie du boycott des élections législatives de 2011 et le refus de donner le mot d’ordre de novembre 2012.

Autrement dit, si les événements de la vie avaient su affranchir Jean EYEGHE NDONG de la tutelle d’Omar BONGO ONDIMBA, les nouvelles donnes du contexte politique nationale et internationale, surtout français, invitaient l’homme politique Jean EYEGHE NDONG à s’éloigner des positions radicales sans lendemain et qui ne reposaient sur aucune stratégie cohérente sinon sur une mystification permanente chargée de la nostalgie des ères de grandes gloires passées.

Enfin, il y a également cette lecture permanente de l’histoire de notre pays que nul ne  peut nier et qui prouve que la France reste un bel outil politique que les Gabonais peuvent aisément utiliser au gré de leurs intérêts. Qui sauva Léon MBA MINKO déchu par les militaires gabonais en 1964? La France de Charles de Gaulle. Qui sauva le fauteuil présidentiel d’Omar BONGO en 1990 quand la rue décida de le déloger du palais présidentiel? La France de François MITTERRAND. Lequel de nos partenaires joua un rôle déterminant dans la transition politique de 2009 que connut notre pays ? La France de Nicolas SARKOZY.

Par conséquent, avec cette élection à venir qui pourrait être un alibi légitime et crédible en cas de mauvais déroulement pour justifier la colère de la rue gabonaise et l’action responsable des chantres de la démocratie dans le monde au Gabon, le pouvoir en place oserait-il prendre le haut risque d’entériner l’une des principales causes de trouble en Afrique : les élections contestées ? D’autant plus qu’il n’est plus un secret pour personne que les déceptions, et dans certains cas le divorce, entre l’exécutif gabonais et les réseaux stratégiques occidentaux sont réelles. Puis, qu’entre le nouveau pouvoir français et les tenants du pouvoir au Gabon, le départ en vacance ensemble n’est pas à prévoir pour demain ? 

Dans cette course électorale, Ali BONGO et la majorité jouent très gros. C’est dire qu’au moindre faux pas, la fatalité s’invitera à la grande réjouissance de tous les déçus et humiliés de l’action du chef de l’Etat depuis 2009. Autrement dit, Jean EYEGHE NDONG, comme de nombreux analystes pointilleux de la vie politique et sociale de notre pays, a bien pris la mesure des enjeux surtout que la crise malienne qui occupait la France et préoccupaient les occidentaux est terminée après l’épisode clair des positions fermes de la France dans le  cas BOZIZE  en Centrafrique et les premières libérations de la crise ivoirienne.

Ce qui reviendra à dire que, la décharge électrique suscitée par la déclaration de candidature de Jean EYEGHE NDONG à la mairie de Libreville a réveillé la nostalgie du premier tonnerre entendu en juin 2009 lors des obsèques d’Omar BONGO ONDIMBA. En d’autres mots, cette annonce de « Nsa Fé », le fils de Libreville, a contribué à braquer de nombreuses attentions médiatiques sur lui. Certaines avec des projecteurs bienveillants et d’autres avec des regards ténébreux de hiboux.  

Par Télesphore OBAME NGOMO



2 commentaires:

  1. papa c'est un blog et adopte cette écriture. Vous tirez en longueur difficile de lire intégralement votre papier sur JEN. L'internaute ne peut pas passer plus de 3 minutes pour lire un article tel qu'il soit bien écrit ou de son importance.

    RépondreSupprimer
  2. Cette analyse arrive à point! Félicitation et bon courage au candidat JEN que nous soutenons vivement!!!

    RépondreSupprimer