André
Mba Obame a-t-il finalement opté pour le pire ?
Le
meeting de l’Union Nationale qui s’est déroulé le 10 novembre 2012 au siège de
ce parti, sis à l’Ancien SOBRAGA, a permis de clairement identifier qui en est
le véritable leader, qui en sont les managers et quel est le réel climat politique
qui règne dans le pays.
Durant
cette rencontre populaire où les attentes étaient nombreuses et pressantes, la
tension est sérieusement montée d’un cran du fait de l’absence remarquée
d’André Mba Obame, le principal leader, et du fait que les managers que sont Zacharie Myboto et Jean
Eyeghe Ndong n’ont pas su gommer dans l’esprit des populations venues en masse l’absence
d’André Mba Obame.
A
cet effet, il convient d’expliquer assez clairement les deux concepts, leader
et manager, afin qu’André Mba Obame, Zacharie Myboto et Jean Eyeghe Ndong prennent
conscience que la stratégie pour laquelle ils semblent avoir optés et qui cadre
parfaitement avec la volonté de leurs principaux partenaires de la communauté
internationale ne cadre nullement avec le contexte national en ébullition et
qu’elle pourrait justement faire émerger une stratégie parallèle aux
conséquences incalculables. Ce qu’ils semblent pourtant vouloir éviter mais qui
tend à devenir inévitable si Ali Bongo Ondimba ne revoit pas très rapidement sa
collaboration avec le conglomérat des étrangers étranges et si les leaders de
la société civile ne viennent pas temporiser l’overdose de frustrations et de
courage qui possèdent les corps et les esprits de nombreux gabonais.
Selon
un article devenu célèbre et écrit en 1977 par le professeur de psychologie
sociale à l’université Havard, Abraham Zaleznik, un leader serait un
visionnaire tandis qu’un manager, un dirigeant proche du terrain.
Autrement
dit, un leader sait ce qu’il faut faire quand un manager sait seulement comment
le faire. Un leader est tourné vers l’avenir quand un manager se concentre sur
le présent. Un leader apprécie le changement quand un manager préfère la
stabilité. Un leader privilégie le long terme quand un manager s’oriente vers
le court terme. Un leader est engagé dans une vision tandis qu’un manager,
soucieux des règles et des réglementations, est
concentré sur la procédure. Un leader chercherait à connaître « le
pourquoi » lorsqu’un manager s’attèlera à connaître « le
comment ». Un leader sait déléguer alors que le manager veut tout
contrôler. Un leader simplifie toujours quand le manager court toujours après
la complexité. Un leader se fie à son intuition quand un manager s’appuie sur
le raisonnement logique. Enfin, un leader tient compte de l’environnement
social au sens large quand le manager se limite davantage à ce qui se passe
dans sa sphère d’action.
En
observant le rôle des principaux dirigeants de l’Union Nationale, il est incontestable
qu’André Mba Obame joue le rôle de leader quand Zacharie Myboto et Jean Eyeghe
Ndong occupent hautement le rôle de manager. Et ce que beaucoup considèrent
comme un meeting inhabituel de l’Union Nationale s’explique par le fait que,
dans un contexte aussi ambiant et bouillonnant, Zacharie Myboto et Jean Eyeghe
Ndong n’ont pas su sortir de leur rôle de manager qu’ils ont pleinement joué à
un moment où le leader était vivement réclamé.
En
effet, durant la convalescence longue d’André Mba Obame avec qui nous avons pu
directement échangé, Zacharie Myboto et Jean Eyeghe Ndong pour ne citer que ces
deux hauts cadres de l’Union Nationale ont su tenir la détermination des foules
en haleine. Puis, ils ont également su réaliser un véritable travail de dédiabolisation
de l’opposition en général et de l’Union Nationale en particulier, avant de faire
comprendre à la majorité du peuple gabonais que la situation pathétique et
scandaleuse du Gabon n’était pas une question ethnique mais un problème
d’éthique républicaine, d’autant plus qu’il y a autant de pauvres dans le Sud
que dans le Nord du pays, que les nzébi, les punu ou les obamba vivent les
mêmes difficultés que les fang sinon pire, que les forces de l’ordre
connaissent les mêmes souffrances que le reste du peuple sinon pire, etc.
Ce
travail de démocratie participative qui, d’un œil d’observateur averti, n’est
pas à négliger et d’ailleurs on voit bien qu’il porte bien ses fruits car,
nombreux sont aujourd’hui les citoyens gabonais déterminés et courageux qui seraient
prêts à sacrifier leur vie pour le bien être du plus grand nombre quand
d’autres diraient pour la libération du Gabon des mains du PDG et des étrangers
étranges, arrogants, incompétents et impopulaires.
Réuni
pour la circonstance après que le leader ait moult fois averti que des mots
d’ordre clairs en ce temps de crise seront lancés du fait d’un endurcissement injustifié
du pouvoir, puis après la fin de l’échéance de l’ultimatum prononcé par le
manager Zacharie Myboto, le peuple présent et prêt attendait que le leader
passât à la suite logique d’un processus
de changement face à une gestion du pays digne d’une production artisanale
d’aguidi. Mais hélas, son absence a régné sur l’atmosphère surchauffée et les
managers à travers la teneur de leurs discours respectifs n’ont pas compris que
leur mission dans cette phase du combat était terminée et qu’ils se devaient
désormais d’attendre de poursuivre leur rôle à la prochaine étape. Ce qui a
naturellement suscité de vives réactions qui auraient pu être dramatique pour
leur vie car, quand on décide de poser une marmite sur le feu, il faudrait évidemment
s’attendre à ce qu’elle chauffe au point de brûler l’individu imprudent.
En
d’autres mots, Zacharie Myboto et Jean Eyeghe Ndong doivent très sincèrement remercier
le ciel d’être passé à côté d’un lynchage public. En même temps, il faut dire
qu’André Mba Obame aurait pu subir le même sort s’il avait été là et tenu un
discours digne d’un manager. Peut être que, seul son état de santé encore
frileux l’aurait sauvé d’un lynchage populaire mais pas d’une pluie diluvienne
d’injures bien méritée. Par la même occasion, le peuple en transe lui aurait non
seulement conseillé de passer la main mais surtout aurait pris conscience qu’il
ne pouvait désormais compter que sur lui-même. Ce qui ouvrirait la brèche à une
multitude d’actions individuelles spontanées que le pouvoir en place devrait
vraiment craindre car c’est lui qui aurait tout à perdre.
Par
conséquent, on ne peut que souligner la légitimité des interrogations du peuple
lorsqu’il se demande s’il faille toujours compter sur André Mba Obame dont
l’état de santé continue de demeurer un véritable mystère semblable à la
question de l’œuf et la poule qui serait né avant? Ou, était ce finalement la
stratégie d’André Mba Obame, de Zacharie Myboto et de Jean Eyeghe Ndong qui
visiblement semblent ne pas avoir envie de porter la responsabilité de
l’exacerbation des violences indispensables pour affronter la piteuse gestion
du pouvoir en place depuis 44 ans, de laisser le peuple gabonais engagé des
initiatives personnelles aux conséquences souvent incalculables ?
Autrement
dit, André Mba Obame aurait-il clairement opté pour le pire ?
Sa
parole ou ses explications sont plus que jamais attendues dans les tous
prochains jours avant que le peuple ne décide de le disqualifier et de devenir
son propre leader.
Par
Télesphore OBAME NGOMO
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